Kjersti A. Skomsvold n’avait que 30 ans lorsque son premier roman, qui vient d’être traduit sous le titre « la Vie au ralenti » (1), a été primé en Norvège. Écrit à la première personne, le récit déroule les efforts héroïques et pathétiques d’une très vieille femme, qui, après avoir vécu dans l’ombre de son mari maintenant décédé, décide de montrer aux autres et à elle-même qu’elle a bel et bien existé.
Quitter son petit appartement, se rendre à la supérette du quartier, saluer des voisins, adresser la parole à des inconnus : autant de petits riens et parfois ridicules, qui ont pour cette vieille veuve esseulée valeur d’exploits. Qu’elle mesure sans cesse à l’aune de ses souvenirs, qui, tous, sont liés à son défunt époux, son seul amour et sa seule raison d’exister. L’émouvant portrait d’une vie qui s’enfuit, entre sénilité et lucidité : « Je n’ai plus peur de mourir, j’ai uniquement peur de mourir seule, mais ça, je l’ai déjà fait. »
Après que deux de ses romans, « Deux jours à tuer » et « les Papas du dimanche », ont été portés à l’écran, François d’Épenoux met au contact trois générations dans « le Réveil du cœur » (2). Il y a le Vieux, un grand-père acariâtre et passéiste, son fils Jean, un quadra un peu bobo et divorcé de Leïla, une photographe d’origine marocaine, et Malo, leur rejeton de 6 ans. Le récit est centré sur le grand-père et son petit-fils, contraints de cohabiter une partie de l’été dans la maison familiale des Landes, où le temps semble s’être arrêté au mitan du siècle passé. L’affrontement prévu va tourner à l’entente cordiale et féconde, le vieil homme ouvrant les yeux du gosse sur ce que les enfants, tout à leurs écrans, ne voient plus, à commencer par la nature, tandis que le gamin amène son grand-père à s’intéresser aux évolutions du monde. La thèse de l’auteur est simple mais son propos assez nuancé pour susciter la réflexion.
Un parti-pris d’humour.
Les mamies ne sont plus ce qu’elles étaient ! C’est du moins ce que découvre une jeune journaliste venue à la résidence du « Patio secret » pour enquêter sur le phénomène des seniors en colocation. Elles n’ont pas moins de 75 ans et sont veuves ou divorcées. Mais pas tristes pour autant. Ce sont « les Pétillantes » (3), mises en scène par Didier Fourmy, d’ineffables dames qui ne sont pas vieilles, simplement un peu âgées et donc en droit de dire et de faire ce qu’elles veulent. Ainsi, lorsque la famille d’une pensionnaire débarque pour régler un problème d’héritage, chacune en vient à dévoiler les secrets les plus croustillants de sa vie, d’hier et d’aujourd’hui. Moralité : « C’est simple, pour bien vieillir, il faut être entouré et parler, parler, parler… sans oublier d’en rire. »
Lire Philippe Bouvard est une cure de jouvence. Le troisième volet de sa trithérapie contre l’angoisse du trépas, après « Je suis mort, et alors ? » et « Ma vie d’avant, ma vie d’après », est tout autant revigorant que les précédents. « Les morts seraient moins tristes s’ils savaient qu’ils pourront encore se tenir les côtes en regardant les vivants » (4) : le titre en dit déjà long et le contenu est à l’avenant. À 84 ans, le maître d’œuvre des « Grosses Têtes » offre un vagabondage funèbre et funéraire de première classe sous le signe de la bonne humeur, regorgeant d’anecdotes sur l’avant et l’après, entre imagination et réflexions. On en retient son immense satisfaction de pouvoir gloser sur la mort, signe que l’on est toujours vivant.
Janine Boissard est une auteure septuagénaire très populaire – plus de 35 romans, dont « L’esprit de famille » ou « Une vie en plus ». Vingt ans après avoir écrit « Belle Grand-mère », elle publie le cinquième tome de la saga des Rougemont, centrée sur Babou, qui devient enfin, à 70 ans passés, « Belle arrière-grand-mère » (5). Un bonheur perturbé par le fait que l’adorable Adella est le fruit des amours inattendues de l’un de ses petits-fils âgé de 18 ans et d’une belle Nigériane de 17 ans, laquelle est poursuivie par la fureur de son père. Mais ce n’est là qu’une des péripéties de ce roman enlevé, qui, tout en défendant les valeurs de la famille, prône l’ouverture.
Une mémé à bigoudis qui ricane méchamment et nous vise avec un fusil annonce la couleur de « les Vieilles sont des emmerdeuses. Et alors ? » (6). Un livre-pamphlet signé Roselyne Madelenat et Magali Aimé, qui prend le contre-pied des lieux communs sur la vieillesse et les détourne avec humour. Dans l’ouvrage, l’emmerdeuse universelle s’appelle Josette et, pour ne pas devenir transparente, voire inexistante, passe son temps à régler ses comptes, à exercer sa langue de vipère et à faire preuve d’une mauvaise foi incomparable en même temps que d’un ego boursouflé. Un petit guide décalé rempli de conseils pour pourrir au mieux la vie des autres !
(2) Anne Carrière, 254 p., 18 euros.
(3) Hugo & Cie, 287 p., 16,95 euros.
(4) Flammarion, 284 p., 19 euros.
(5) Fayard, 349 euros, 20 euros.
(6) Hugo & Cie, 154 p., 6,95 euros.
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