À GAUCHE, la primaire autorise naturellement la manifestation des ambitions, sinon elle n’aurait pas de raison d’être. On ne doit donc ni s’en étonner ni s’en désoler : le processus démocratique, si toutefois il est conduit honnêtement, se chargera de désigner le vainqueur, doté alors d’une forte légitimité. Mais, comme chacun l’a compris, la primaire complique le jeu. Elle pose un calendrier qui ne convient pas à tout le monde ; elle risque de déchaîner des attaques et des contre-attaques qui empoisonneront le PS pour la suite, c’est-à-dire ce qui compte (machine à perdre, disent-ils) ; elle contient le danger de ne pas désigner le candidat le plus à même de battre M. Sarkozy.
On n’est encore ni en juillet (dépôt des candidatures) ni à l’automne (déroulement des élections primaires), mais le terrain bouge déjà. Dominique Strauss-Kahn n’a déjà plus la cote de popularité stratosphérique du début de l’année, alors qu’il n’a rien fait pour perdre des suffrages, son silence apparaissant comme la meilleure des tactiques ; François Hollande devient son premier challenger, selon un sondage Opinion Way-Le Figaro-LCI, qui le place, quoi qu’il arrive, devant Martine Aubry ; et si DSK ne se présentait pas, M. Hollande emporterait la primaire socialiste. Le fameux « pacte » en vertu duquel Mme Aubry et M. Strauss-Kahn s’arrangeraient pour décider ensemble qui, de l’une ou de l’autre, deviendrait candidat semble se diluer sous l’effet de la campagne de M. Hollande. DSK en est assez conscient pour avoir demandé à M. Hollande de se retirer de la course.
Europe Écologie-Les Verts (EELV) avait désigné Éva Joly, dont on pourrait, sans lui faire injure, contester les compétences si, depuis longtemps, les plus compétents d’entre nous ne nous avaient conduits à la ruine. Voilà que Nicolas Hulot, que l’on croyait à droite et qui peut-être y est encore, propose sa propre candidature, ce qui complique objectivement une démarche de EELV déjà naturellement embrouillée. M. Hulot ne saurait nourrir l’espoir d’amener à sa propre neutralité un mouvement qui s’inscrit très à gauche. Changera-t-il de convictions pour obtenir le soutien d’EELV ?
Certes, M. Sarkozy, si l’on en croit les sondages, serait battu par M. Hollande. Peu lui chaut que le candidat de la gauche s’appelle Hollande, DSK ou Aubry. Ce ne sont donc pas les complexités métaphysiques ou les rivalités internes du PS qui lui fournissent un atout, mais les incertitudes de son propre camp, où des candidatures s’expriment avec fougue, même si elles ne sont pas déclarées, mais soulèvent la perplexité. Par exemple, celle de Jean-Louis Borloo, qui se livre à de grandes manifestations médiatiques, annonce qu’il quitte l’UMP, mais ne se déclare pas encore. Et pour cause. Ses amis centristes l’ont applaudi à tout rompre, mais en définitive, ils sont peu nombreux à souhaiter qu’il se lance dans la course. Nicolas Sarkozy qui, très curieusement, dit qu’il « sen(t) bien cette élection », a su faire valoir aux élus et ministres centristes que la division conduit à la défaite. C’est le syndrome actuel de la droite : tout le monde veut se démarquer de Sarkozy, notamment en opposant l’humanisme à sa politique sociale et morale, mais personne ne voit comment un Borloo ou un autre pourrait l’emporter contre la gauche. Ni comment M. Borloo, en dépit de sa popularité personnelle, pourrait expliquer dans une campagne électorale comment il se distingue de la droite après l’avoir servie à des postes élevés pendant au moins dix ans.
Le retour du social.
De la même manière, Dominique de Villepin annonce son programme, sinon sa candidature, avec le panache qu’on lui connaît, propose de donner 850 euros par mois à tous ses concitoyens et entraîne du même coup un malaise au sein de son propre mouvement, à tel point que son porte-parole, Daniel Garrigue, démissionne. Ce ne serait q’un accident de parcours si auparavant sa précédente porte-parole, Marie-Anne Montchamp, nommée secrétaire d’État à la Cohésion sociale le 14 novembre dernier, n’avait quitté M. de Villepin dans des conditions comparables. Tous ceux qui, à droite, veulent s’opposer à M. Sarkozy devraient rejoindre François Bayrou, le seul qui ait inventé l’opposition de droite à la majorité avec le succès que l’on sait. Bien entendu, le sort de M. de Villepin n’est pas lié à une ou deux défections. Mais il existe une difficulté réelle, de nature à la fois pratique et conceptuelle, à dénoncer M. Sarkozy quand, peu ou prou, on appartient à son camp. Parce que, justement, il n’est pas que le président confus, vulgaire, instable, prêt à s’emparer de n’importe quel préjugé pour faire progresser sa popularité. C’est aussi l’homme qui a accompli ou engagé les réformes que personne en France n’osait faire.
À quoi, bien entendu, on peut ajouter le fait que des sondages réalisés un an avant l’élection ne signifient rien, qu’il peut se produire des événements qui changeront complètement la donne ; et que M. Sarkozy, après nous avoir assommés avec ses débats sur la laïcité et les religions et ses mesures contre les immigrés, commence enfin à s’occuper des problèmes plus urgents, l’emploi, le pouvoir d’achat, les salaires. Tiens, il vient de demander aux entreprises capables de verser des dividendes à leurs actionnaires,de donner au préalable 1 000 euros aux salariés. Les patrons ne sont pas contents. Ils préfèrent la gauche ?
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