MÊME LA PRESSE de gauche s’y met, comme « le Nouvel Observateur » dont le titre de couverture demande : « Sont-ils si nuls ? », avec l’idée, cependant, de répondre par la négative. Pour l’ensemble des médias, la première motivation de ces jugements quelque peu intempestifs, c’est le désir de se démarquer du pouvoir qui, naguère, était trop encensé. La presse de droite joue l’air de « On vous l’avait bien dit ! » et celle de gauche cherche à s’affranchir des nouveaux dirigeants pour garder ses lecteurs. Bien entendu, les articles surmontés de titres d’une simplicité qui confine au simplisme, sont infiniments plus argumentés et méritent d’être lus. En outre, dans la chute de popularité de M. Hollande et de son Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, il y a deux éléments : il y a d’abord les déçus du socialisme qui réclament des mesures plus radicales, mais donc dangereuses pour les équilibres économiques et financiers, et il y a ensuite les défenseurs de la droite pure et dure qui ne voient jamais rien de bon dans ce que fait un gouvernement socialiste.
Confronté aux difficultés, ô combien immenses, de la gestion, le gouvernement prête le flanc à ces deux sortes de critiques diamétralement opposées. Il commence à revenir sur ses promesses électorales, par exemple sur le nucléaire, ce qui, forcément, enrage les écologistes. Ou sur la taxation des super riches à 75 %, ce qui fait rugir la gauche extrême. Ses décisions trouvent-elles pour autant un accueil plus favorable à droite ? Non. Celle-ci continue de penser que le plan fiscal du chef de l’État matraque les gens et l’économie. En conséquence, il ne gagne sur aucun tableau. Il n’a pas non plus le désir de gouverner pour le compte de l’opinion de droite. Il ne va pas changer de majorité. Quand des élus socialistes menacent de ne pas voter le traité européen, M. Ayrault leur rappelle sèchement leurs devoirs, il ne demande pas à la droite de rejoindre la majorité dans un vote consensuel.
Basculement de l’opinion.
Le chef de l’État n’ignorait rien de la dimension de la tâche qui l’attendait. Il est plutôt surpris par la rapidité du basculement de l’opinion, qui ne lui a accordé pratiquement aucun état de grâce et s’en est pris à lui parce qu’il n’a pas réglé le problème du chômage d’un coup de baguette magique. Mais il ne suffisait pas de connaître la gravité de la crise, il fallait savoir qu’elle ne lui laisserait aucun répit. Tout à coup, quelle surprise, il se voit aussi impopulaire qu’a pu l’être Nicolas Sarkozy, qu’il croyait affaibli par des traits de caractère insupportables pour la plupart des Français. Soyons sérieux : « It’s the economy, stupid », comme Bill Clinton pouvait le dire à George Bush père pendant la campagne électorale de 1992. Les belles envolées lyriques sur le retour en force de la gauche au pouvoir ont masqué une réalité infiniment plus simple, qui n’a rien à voir avec l’idéologie : la crise condamne les gouvernements en place et quand les institutions ne sont pas aussi solides que chez nous, elle fait une incroyable consommation de dirigeants de tout bord. En France, elle n’a fait qu’une bouchée de la « normalité » du président.
Grâce à la Constitution, rien ne menace M. Hollande, qui fera ses cinq ans de mandat quoi qu’il arrive, ce qui relativise les « Réveillez-vous! » ou les « Et si Sarkozy avait raison ? ». Le chef de l’État, s’il veut gouverner efficacement et, surtout, raisonnablement, devrait négliger les sarcasmes qu’il inspire. Il devrait aussi admettre que, à force de s’abriter derrière les erreurs monumentales qu’il attribue sans réserves à Nicolas Sarkozy, il applique une politique qui s’éloigne du fond et se rapproche du superficiel. Et reconnaître, au nom de l’équité, que son adversaire historique n’a pas toujours eu tort. Ce qui était formidable, c’est le parcours de cet homme qui, parti seul et de très bas, a conquis l’Élysée. Ce qui est moins drôle, c’est qu’aucun des gages oraux ou sociaux qu’il a déjà donnés ne satisfait les masses. Puissance d’une crise exceptionnelle : elle fabrique des idoles, puis les consume.
LA CONSTITUTION PROTÈGE HOLLANDE CONTRE LES EFFETS DE L’IMPOPULARITÉ
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