AU MÊME TITRE que l’Ordre des pharmaciens et les syndicats, les représentants des groupements veulent devenir des interlocuteurs représentant les pharmaciens auprès des pouvoirs publics. Ainsi, l’Union des groupements des pharmaciens d’officine (UDGPO) a-t-elle été reçue par les conseillers de Marisol Touraine il y a trois semaines. « Nous avons été interrogés en tant que groupement et représentant des pharmaciens, comme le CNGPO est régulièrement interrogé aussi », précise Lucien Bennatan, vice-président de l’UDGPO et président du groupe PHR. Il n’est pas question, aux yeux des responsables des groupements, de remplacer les syndicats dans leur rôle d’interlocuteur politique, mais d’intervenir en tant qu’expert économique. Ce que confirme Pascal Louis, président du Collectif des groupements de pharmaciens d’officine (CNGPO), qui regrette l’absence des groupements lors des négociations avec les pouvoirs publics. « Comment peut-on concevoir qu’une profession travaille sur son évolution sans faire siéger l’acteur économique autour d’une table ? Chacun son rôle : l’Ordre a le sien, les syndicats ont le leur et nous avons aussi toute légitimité. Les groupements sont et seront le moteur de l’évolution du métier. »
Or l’enjeu est de taille dans un monde qui change vite. Les pharmaciens doivent s’y adapter et faire face aux questionnements des autorités de tutelle, notamment sur le maintien du monopole et les moyens d’augmenter la concurrence en pharmacie, et donc de faire baisser les prix des médicaments.
Professionnalisme et qualité.
« Il est à craindre que notre monopole en prenne un coup dans les années à venir », prévient Franck Vanneste, P-DG de Giropharm. Un sentiment unanimement partagé par les autres groupements, dont Népenthès. « La menace est claire et il y aura à terme une décision politique. C’est pourquoi nous devons nous concentrer sur la modernisation de l’officine et l’approche consommateur. Nous devons nous différencier de la GMS par l’offre et nous professionnaliser encore plus », indique Alexandre Aunis, directeur des opérations marketing et enseigne chez Népenthès. Le rôle des groupements est donc d’être des relais de croissance pour les confrères, en passant par le professionnalisme et la qualité.
Inéluctablement, le métier de pharmacien est en train de changer ; les groupements s’adaptent pour accompagner leurs adhérents vers la réussite, mais certains regrettent que les règles de communication empêchent de s’adresser directement au grand public en dehors du lieu de vente. Si Népenthès rappelle son attachement à rester dans les clous imposés par le Code de la santé publique, PHR et Giphar ont déjà démontré leur profond désaccord par le biais de campagnes grand public. Depuis, les procès se multiplient. « Aucun circuit de distribution n’a fait évoluer son modèle en proposant un accompagnement et des services, sans communiquer vers son public. Résultat, les Français ne sont pas au courant », regrette Pascal Louis. Lucien Bennatan estime « rétrograde et butée » la position de l’Ordre des pharmaciens sur ce point. Or l’un des objectifs de l’enseigne est de pouvoir communiquer, puisque c’est le seul moyen de se faire connaître et de se différencier.
Un monde en mouvement.
« Comme celui des taxis, le monopole officinal va être écorné d’ici à trois ou quatre ans, mais les pharmaciens ne feront pas d’opérations de blocage. Et si le monopole est écorné, nous aurons alors le droit de communiquer. Regardez bien l’évolution du métier, de la rémunération, l’évolution sociétale, technologique, du réseau… Il y a des gens aujourd’hui qui s’impliquent dans la distribution pharmaceutique en France et ils ne viennent pas ici pour enfiler des perles. Ils possèdent des pharmacies partout dans le monde, ils savent parfaitement monter des réseaux. Donc, nous groupements qui montons des enseignes, il va falloir qu’on apprenne à faire, et très rapidement », lance Lucien Bennatan. Autrement dit, une fois le médicament en GMS, il n’y a qu’un pas pour autoriser les chaînes de pharmacies. « Il y aura toujours des pharmaciens groupés et des pharmaciens sous enseigne, mais il y aura 25 % de pharmacies en chaîne. Je peux me tromper, alors rendez-vous dans cinq ans », ajoute le président du groupe PHR.
Seule certitude : la profession doit s’adapter à un monde en mouvement, un patient de plus en plus exigeant et pressé, un contexte économique contraint… « Il ne faut pas rester dans nos petites habitudes, donc je conseille à tout pharmacien de ne pas rester seul, conclut Franck Vanneste. Peu importe le groupement choisi, chacun a sa philosophie et l’important est de trouver celui dans lequel il se sentira bien. Mais il faut se donner les moyens d’accélérer la modernisation de l’officine parce que le monde autour de nous ne s’arrêtera pas de bouger. »
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