CHACUN D’ENTRE NOUS aura exprimé sa tristesse, sa douleur et sa colère quand un attentat suicide a fait six morts chez nos soldats dans la région de Kapisa les 13 et 14 juillet. L’émotion nationale risque d’empoter la construction intellectuelle fragile qui justifie notre présence en Afghanistan. Nicolas Sarkozy, à n’en pas douter, a voulu faire la démonstration de son soutien à la politique des États-Unis : il a augmenté nos effectifs en Afghanistan quand George W. Bush le lui a demandé, il s’est hâté d’annoncer le commencement du retrait (1 000 soldats français seront rapatriés d’ici à la fin de l’année) quand Barack Obama, sans doute pour les mêmes raisons électorales, a donné le signal du départ de ses propres troupes. Les objectifs de l’OTAN en Afghanistan ont-ils été atteints ? On a d’excellentes raisons d’en douter, si l’on en juge par le chaos qui règne en Afghanistan, pays de la duplicité où l’ami se transforme en ennemi pendant la nuit.
Contrairement à la guerre d’Irak, qui a isolé les États-Unis, celle d’Afghanistan est juste. Ou tout au moins l’était-elle au début. L’Amérique, blessée par les attentats du 11 septembre, organisés par Al Qaïda avec le soutien du mollah Omar, ne pouvait pas ne pas riposter. L’erreur a consisté probablement à transformer une bataille gagnée en un effort surhumain de nation building que la mixité ethnique et idéologique des Afghans rendait impossible. La vérité est que l’OTAN cherche aujourd’hui à sortir du guêpier sans avoir l’air d’avoir perdu la guerre. « Avoir l’air » coûte de précieuses vies humaines. Les civils, français, américains ou autres n’approuvent donc plus notre présence militaire en Afghanistan.
Mais, de même que les gouvernements changent d’avis quand les résultats de leur politique se font attendre, de même les opinions sont d’une extrême versatilité. On en veut pour preuve le soutien presque consensuel à notre engagement en Libye qui risque pourtant, avec le temps et la résistance du colonel Kadhafi, de se transformer en nouveau piège pour nos forces. Là, contrairement à ce qui se passe en Afghanistan, M. Obama se montre très prudent et laisse la France, associée à la Grande-Bretagne, porter le fardeau. On pourrait lui reprocher d’abandonner ses alliés au mépris des efforts qu’ils ont fournis en Afghanistan si, désormais, il n’avait pas cessé de réclamer leur présence.
En tout cas, nous sommes encore (pour combien de temps ?) en faveur d’une aide aux rebelles libyens et nous sommes scandalisés par la répression en Syrie. Ce sont les mêmes dirigeants de tout bord qui dénoncent la sauvagerie de Bachar Al-Assad et qui critiquent M. Sarkozy avec virulence parce qu’il se conforme aux exigences et louvoiements de M. Obama. Comme d’habitude, l’émotion soulevée par la barbarie des régimes syrien et libyen nous incite à demander à nos dirigeants qu’ils leur infligent une râclée, comme si les talibans, qui véhiculent l’une des idéologies les plus obscurantistes, celle qui fait de la femme un animal ou un objet et nie le droit de penser à tous les hommes, ne représentaient pas deux aspects du même courant rétrograde.
La bourde d’Eva Joly.
Sur ce débat profond, qui nous conduit en premier lieu à remercier nos soldats, à les soutenir de toutes nos forces et à les aimer pour ce qu’ils sont, le rempart de nos libertés, vient se greffer l’éternelle querelle politicienne, avec, cette fois, une particularité déplaisante : au moment où nous enterrons nos morts, Eva Joly, fraîchement désignée par les écologistes comme candidate à la présidence de la République au détriment de Nicolas Hulot, annonce que, lorsqu’elle aura le pouvoir, elle supprimera le défilé du 14 juillet. À première vue, la démarche n’est pas imbécile. Aux États-Unis les défilés sont rares, jamais liés en tout cas à la fête nationale du 4 juillet, le jour de l’indépendance. En Israël, il n’y a jamais de parade militaire.Pourtant, ce pays a été sauvé de l’annihilation par son armée au moins une demi-douzaine de fois. Mais le moment choisi par Eva Joly est affreusement malencontreux. Cette année, le 14 juillet a été dédié aux Français morts en Afghanistan (70 en dix ans). En France, le 14 juillet est le jour de la prise de la Bastille. Ignorer le lien entre le défilé et l’avènement de nos libertés n’est pas qu’une faute formelle, c’est la preuve d’une inadéquation totale entre l’état d’esprit de Mme Joly et les traditions les plus ancrées en France. Ce n’est pas seulement du mauvais goût, c’est la manière punitive de la candidate de gérer la politique, à la façon de la juge redoutable qu’elle a été. Si elle entrait à l’Élysée, elle nous traiterait tous comme des enfants turbulents qu’il est temps de corriger.
› RICHARD LISCIA
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion