LE SOIN par l’arôme, traduction trop littérale du terme aromathérapie, est une notion plus que restrictive pour évoquer l’étendue du champ d’action des huiles essentielles. À utiliser avec certaines précautions et jamais sans connaissances appropriées, ces substances odorantes volatiles relèvent d’une discipline complexe. Elles peuvent provenir de toutes les parties des plantes aromatiques, feuille, fleur, fruit, graine, écorce ou racine. Leur méthode d’extraction, par distillation à la vapeur d’eau ou par expression à froid dans le cas des agrumes, permet d’en faire des huiles essentielles de qualité. Mais elles doivent également répondre à certains critères - origine géographique, espèce botanique, partie utilisée, profil chromatographique… - soumis à contrôle. Cet encadrement permet de garantir leur caractère pur et naturel (non déterpénées, non coupées, non rectifiées) et les autorise à afficher le label HEBBD, pour huiles essentielles botaniquement et biochimiquement définies. Très concentrées, ces essences ne s’utilisent pas pures et peuvent s’administrer de trois façons différentes : par le biais d’un diffuseur, elles sont vaporisées dans l’atmosphère ; par voie topique après les avoir diluées au préalable dans une base (huile végétale, beurre de karité, gel) ; par voie orale à raison de quelques gouttes mélangées à un support (huile végétale comestible, sucre, miel, comprimé neutre…).
Puissance d’action, précautions d’utilisation, effets indésirables… Une telle panoplie pourrait faire de l’huile essentielle un composé quelque peu inquiétant. Et pourtant, ces substances nous sont de plus en plus familières. Non qu’elles fassent partie de nos ingrédients de base, mais elles figurent dans la composition de nombreux produits courants. Leurs domaines d’application ? Ils sont très variés : défenses contre les affections hivernales, bien être respiratoire, stress, sommeil, maux de tête, mal des transports, douleurs musculaires et articulaires, digestion, circulation sanguine, parasites, piqûres d’insectes, soin et réparation de la peau… L’assainissement de l’atmosphère (cannelle de Ceylan, citron, eucalyptus, lavandin…), la relaxation (cèdre, mandarinier, lavande, ravintsara, encens…) et la sphère ORL (eucalyptus, cyprès, romarin, niaouli, arbre à thé, thym, menthe bergamote, menthe poivrée…) concentrent, cependant, une grande part des complexes à base d’huiles essentielles. Là, toutes les formes galéniques sont à l’œuvre. Spray atmosphérique à usage local, gélules, baume (Baume chinois), inhalateur décongestionnant, s’additionnent pour favoriser le bien-être respiratoire dans la gamme Arkoessentiel (Arkopharma) qui coexiste avec une trentaine d’huiles essentielles unitaires.
Progression à deux chiffres.
Naturactive cible également les affections hivernales avec une gamme de complexes Phytaroma qui regroupe deux médicaments (Gouttes aux essences, Aromasol), un complément alimentaire (GAE capsules), un purificateur d’atmosphère (Brume aromatique) et deux sprays (gorge, nasal). « Les complexes à base d’huiles essentielles s’adressent à toute personne qui recherche avant tout une formule efficace pour le traitement des voies respiratoires », explique Barbara Blanc, chef de produit de la gamme aromathérapie chez Naturactive. Ces mélanges prêts à l’emploi ne s’adressent pas à la même clientèle que celle des utilisateurs d’huiles essentielles unitaires, même si chacune des offres constitue environ la moitié du marché. Plus difficile à appréhender, l’offre unitaire intéresse une clientèle d’adeptes des formules naturelles qui savent comment manipuler et exploiter au mieux les huiles essentielles. « Sont-elles perçues comme moins onéreuses qu’un produit prêt à l’emploi ? Le fait est qu’il existe une demande spontanée pour les présentations unitaires dont le dynamisme repose aussi sur les connaissances et le conseil mis en œuvre par l’équipe officinale. »
Dans son ensemble, le rayon de l’aromathérapie a vu ses ventes en volume progresser de 13 % en un an. Une ascension qui ne fait que confirmer une tendance installée depuis plusieurs années, elle-même nourrie par la volonté d’un certain retour au naturel. « Depuis trois ans, les ventes en produits à base d’huiles essentielles connaissent une évolution à deux chiffres. C’est une pente ascendante favorisée par l’arrivée de nouveaux acteurs, signe que le marché est porteur. L’aromathérapie s’inscrit dans la tendance d’un retour au soin traditionnel mais traduit aussi un art de vivre selon lequel on s’accorde le temps de prendre soin de soi. » Dans cette logique, Naturactive a lancé une gamme d’huiles essentielles unitaires composée de trente références bio, un critère de choix important pour une cible d’adeptes des produits naturels qui y voient le synonyme d’une sécurité supplémentaire.
Si tous les acteurs du marché référencent une gamme d’huiles essentielles, accompagnée de bases neutres et diffuseurs, certains ont également fait le choix du bio pour tout ou partie de leur offre. C’est le cas de Phytosun arôms qui, en outre, propose une large offre de "prêts-à-l’emploi " articulée autour de trois problématiques : la respiration, la désinfection de l’habitat et les maux quotidiens. Un choix de compléments alimentaires (Aromadoses, Aroma-ampoules) et une ligne de soins visage et corps (sérums, bains aromatiques, gels douche, huiles de massage Kiné+) viennent la compléter. Tout aussi prolixe, le Laboratoire Puressentiel seconde sa gamme d’huiles essentielles unitaires de complexes aux multiples applications (assainissant, respiratoires, sommeil-détente, maux quotidiens, minceur, articulations, vacances, bain, antipoux). Pranarôm, pour sa part, répartit son offre entre les pôles "science" (Aromaforce, Aromalgic, PranaBB, Oléocaps…), "cosmétique" (Adaptarôm, Pranalixir) et "nature" (Helpspray, Massage Sélection, Huiles de bain…). D’autres fabricants comme Techni-Pharma avec le médicament Calyptol Inhalant à visée décongestionnante et antiseptique, le Comptoir Aroma et Sanoflore avec leur gamme d’huiles essentielles unitaires bio, composent également le rayon de l’aromathérapie en pharmacie.
Au service de la peau.
La puissance des huiles essentielles n’a pas échappé au versant cosmétique de l’offre officinale. Certaines marques, comme Delarom et ses soins aromatiques équilibrants, ont même fait de ces essences si particulières la base de leurs formules. C’est aussi le cas de René Furterer qui les utilise depuis ses débuts en 1957. Deux propriétés, que présentent une grande partie des huiles essentielles, intéressent particulièrement le laboratoire : le rôle assainissant très utile pour le traitement du cuir chevelu et l’effet vasodilatateur qui, au niveau du bulbe pileux, améliore l’afflux sanguin et permet de véhiculer les actifs efficacement. Fréquemment utilisées, les huiles essentielles de lavande et d’orange sont tonifiantes et figurent par exemple dans la composition du fameux Complexe 5.
Les huiles essentielles de menthe et d’eucalyptus, en revanche, sont utilisées pour leurs propriétés apaisantes et rafraîchissantes (gamme Astéra dédiée au cuir chevelu sensible). Quant à l’huile essentielle de melaleuca, au pouvoir antifongique, elle a baptisé une ligne entière (antipelliculaire) de la marque. « On travaille en permanence les huiles essentielles pour percer leur secret », dit-on chez René Furterer. Autre exemple du genre, Darphin, pour qui les huiles essentielles sont des ingrédients clés qui entrent dans la composition des Soins d’Arôme. Ici encore, c’est la puissance des essences autant que leurs diverses propriétés qui intéressent la marque : « Pendant la nuit, les processus de réparation de la peau débutent et les divisions cellulaires se font très intenses. C’est une période où les molécules d’huiles essentielles stimulent le métabolisme cellulaire en fonction des besoins de la peau, mettant à l’œuvre chaque spécificité des Soins d’arôme » : niaouli pour purifier les peaux grasses, myrrhe pour nourrir les peaux inconfortables, mandarine pour énergiser les peaux dévitalisées, camomille pour apaiser les peaux sensibles, jasmin pour les peaux dévitalisées…
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