Le gouvernement de Pedro Sanchez (socialiste) a donc exécuté une décision prise par le Parlement espagnol en 2017 mais que Mariano Rajoy, alors au pouvoir, avait laissée lettre morte. Le Premier ministre actuel, M. Sanchez, a déclaré qu'il s'agit d'une « grande victoire de la dignité, de la mémoire, de la justice et de la réparation et donc de la démocratie espagnole ». Cela revient à décrire la puissance des symboles.
Si l'on croit à la démocratie parlementaire, on ne peut qu'approuver le jugement et la démarche de M. Sanchez. Le plus curieux, ce sont les honneurs somptueux que le peuple espagnol a rendus à Franco après sa mort, comme s'il ne représentait pas la phase la plus sinistre de l'histoire du pays. Dans les années soixante-dix, la santé de Franco était de plus en plus fragile et il a fallu toute l'ingéniosité de ses médecins pour ne pas l'abandonner à un décès naturel, le résultat pratique étant qu'il s'était transformé en zombie qui n'avait plus la capacité de gouverner. On s'étonnait donc, de ce côté-ci des Pyrénées, de l'acharnement de son entourage à le maintenir dans un état parfaitement indigne. C'est la force des dictateurs non seulement de vivre plus longtemps que le commun des mortels mais d'inspirer à une fraction de leur peuple un tel amour que rien de ce que feront leurs successeurs ne lui conviendra.
On nous répondra, non sans malice, que d'autres potentats très actuels continuent, au mépris de la morale, à être vénérés par leurs sujets. Il suffit de citer Vladimir Poutine, Bachar Al Assad ou Recep Tayyip Erdogan. Il y aura toujours assez de Russes, de Syriens ou de Turcs pour leur rendre le moment venu (et lointain) un hommage éblouissant. Il vaut mieux observer le phénomène que s'en indigner. Tout le monde ne respecte pas les valeurs démocratiques et les plus républicains d'entre nous devront se familiariser avec l'adoration que l'idole inspire au peuple sans qu'il se soucie des règles du suffrage universel.
Bonnes et mauvaises expériences
Il est quand même surprenant que Franco soit encore adulé (ses admirateurs ont crié « Vive Franco ! », sans se rappeler qu'il est mort il y a 44 ans) alors qu'il a fait de son pays le théâtre dévasté d'une répétition de la Seconde Guerre mondiale. C'est un peu comme si nous, Français, vénérions le souvenir de Philippe Pétain, ce qui est d'ailleurs le cas de nombre de nos concitoyens. Il est bon qu'un gouvernement ait le courage de briser une tradition ahurissante, celle qui fait d'un dictateur dont la mort a enfin libéré son pays, une exceptionnelle icône de l'histoire. Des Espagnols ont la nostalgie de Franco, sans doute parce qu'ils n'aiment pas l'Espagne d'aujourd'hui, avec sa movida et sa libération des mœurs. Les passionnés de l'ordre à tout prix ne craignent pas qu'il soit injuste.
Ce qui signifie qu'il ne faut pas négliger les signes ou symptômes qui renvoient un peuple à un passé épouvantable. On observe ce pays si proche de nous comme un laboratoire des expériences les plus affreuses et les plus réconfortantes. M. Sanchez est aussi ce Premier ministre qui réprime avec vigueur les émeutes catalanes. Celles-ci traduisent une prédilection pour le désordre assimilable au gauchisme ou aux black blocs. C'est de l'anti-franquisme à la puissance dix. M. Sanchez dit, à ses risques et périls, qu'il ne veut ni de l'ombre de Franco ni de la lumière aveuglante d'une fausse liberté tout juste bonne à dépecer l'Espagne. Oui, M. Sanchez est un nationaliste qui croit ou tente de croire qu'une démocratie est le plus court chemin vers l'unité. Et pas le contraire.
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