UNE LIBÉRATION d’otages est par nature œcuménique : il convient que tout le monde, dans la majorité et dans l’opposition, s’en réjouisse. Le retour en France de Stéphane Taponier et d’Hervé Ghesquière, les deux journalistes de France 3 retenus par les Taliban pendant 18 mois, a été célébré dans la liesse nationale. Le gouvernement tire de leur libération un bénéfice direct que personne ne peut contester, ne serait-ce que parce que la relance des polémiques serait du plus mauvais goût. Car il y a eu, au lendemain de la disparition des deux journalistes, des commentaires fort mal inspirés du gouvernement et de l’armée sur les risques qu’ils auraient pris en tant qu’« amateurs désireux de faire un scoop » et sur les dépenses élevées (dix millions d’euros, avait affirmé le général Jean-Louis Georgelin, chef d’état-major) causées par la prise des deux otages. Sur ce point, Hervé Guesquière, dès jeudi à sa descente d’avion, a fait une mise au point plutôt vigoureuse.
Il n’empêche. Si lee pouvoir a fini par abandonner son analyse désobligeante pour le professionnalisme des deux otages, il n’a pas choisi ce moment particulier pour accélérer la négociation. La libération de MM. Taponier et Ghesquière, souhaitée par tous dans l’absolu, arrive à point nommé pour renforcer la crédibilité du gouvernement : même s’il n’a pas eu pour eux toute la sollicitude du monde, il a obtenu leur libération. Sarkozy grogne, se trompe de jugement, mais il agit et, parfois, réussit. La stratégie de l’opposition, qui continue à miser sur l’idée, vaste et générale, que le président a toujours tout faux, n’est pas défendable. Systématiques, ses critiques perdent de leur force. Prenez le cas de Christine Lagarde : il fallait oser. Après le scandale provoqué par le comportement, vrai ou faux, prêté à DSK, il fallait énormément d’audace pour proposer une candidate française ; il en fallait autant pour suggérer le nom d’une femme qui n’est pas une économiste ; il en fallait encore pour ignorer l’affaire Tapie qui risque de conduire la Cour de Justice de la république à poursuivre la nouvelle directrice du FMI. Cette série de lourdes préventions n’a pas empêché Mme Lagarde d’accomplir une brève mais très intense campagne pour obtenir des soutiens qu’elles a eus à foison : non seulement les Européens et les Chinois l’ont plébiscitée, non seulement son rival mexicain n’a jamais fait le poids, mais les Américains eux-mêmes ont paru subjugués par la candidature de Mme Lagarde, ce qui a amené le porte-parole du FMI à annoncer en français sa désignation. Personne ne lui a résisté, ni les Brésiliens ni les Russes. Dans ces conditions, suggérer à Christine Lagarde qu’elle mette dans le vin de son libéralisme un peu de l’eau keynésienne de son prédécesseur, comme l’a fait Martine Aubry, n’est pas l’hommage normal qu’une femme au sommet de la gauche devrait faire à une autre femme parvenue, par son seul talent, au sommet d’une institution internationale.
Un remaniement à usage électoral.
On ne peut pas priver Nicolas Sarkozy de ce succès diplomatique. De même qu’on ne peut pas lui reprocher, à lui et à François Fillon, d’avoir procédé au remaniement gouvernemental dans un désordre excessif. Il est vrai que, toute la semaine dernière, la redistribution des maroquins a donné lieu à une foire d’empoigne ; que les chiraquiens qui semblaient s’entendre parfaitement, François Baroin, Bruno Le Maire et Valérie Pécresse, se sont querellés comme des palefreniers au sujet de la succession de Mme Lagarde ; que M. Baroin a menacé de partir si le poste allait à M. Le Maire, déjà chargé d’une lourde tâche, celle d’organiser la campagne de M. Sarkozy. Néanmoins, M. Baroin a fait ses preuves au Budget, ce qui veut dire qu’il a appris à serrer les cordons de la bourse, enjeu vital pour le pays ; que ce qui aurait dû être un simple remaniement technique s’est transformé en chamboulement politique, et même électoral, avec l’entrée de quelques centristes au gouvernement, y compris François Sauvadet, nommé ministre de la Fonction publique (en remplacement de Georges Tron). Ce député Nouveau Centre de la Côte d’Or, a émis récemment des critiques contre le gouvernement, celui-là même où il n’a pas hésité à entrer. Qu’en pense Jean-Louis Borloo ? Combien de centristes associés étroitement au pouvoir pourront faire campagne en sa faveur ?
Ces quelques atouts, glanés par M. Sarkozy, comme les cailloux du Petit Poucet, ne suffiront pas à le faire réélire. La remontée du taux de chômage, le gonflement obsédant de la dette, la morosité des consommateurs, l’inquiétude générale des Français obscurcissent son horizon. Mais bon, il se bat, et pas toujours mal.
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