Pour protester contre la libéralisation des pharmacies, la fédération nationale des pharmaciens italiens, Federfarma avait programmé une journée « officines mortes » le 29 mars dernier. Mais, à quelques heures du coup d’envoi, la fédération a annulé la grève. Une décision inattendue, la présidente de la fédération, Annarosa Racca, ayant mobilisé les titulaires d’officine des vingt régions italiennes à coups de communiqués officiels et de discours dans la presse généraliste et spécialisée depuis le 20 mars. Alors comment s’explique ce revirement ? Craignant de devoir payer une amende à l’autorité de régulation des grèves, le préavis déposé par Federfarma ne respectant pas le délai de dix jours imposés par la loi, plusieurs régions avaient déclaré qu’elles ne fermeraient pas boutique. Certaines estimaient aussi « qu’une journée de grève aurait été contre-productive en terme d’image ». Mieux vaut continuer les actions de lobbying pour obtenir la réouverture du dossier des libéralisations, ont plaidé plusieurs représentants des fédérations locales durant une réunion particulièrement houleuse qui s’est tenue le 28 mars dernier. Du coup, Federfarma a préféré annuler la grève pour éviter de disperser ultérieurement ses troupes.
D’autant que, en rédigeant son décret, l’ancien commissaire européen a pris soin de diviser les pharmaciens, probablement pour les empêcher de combattre en bon ordre. À titre d’exemple, l’alinéa concernant les critères d’attribution de points en vue de l’octroi d’autorisations d’installation de nouvelles pharmacies, qui favorise les titulaires d’officine privées et pénalise ceux du secteur hospitalier.
Afin de dénoncer cette situation, les pharmaciens ont choisi une forme de protestation inusuelle. Pas de piquets de grèves, la chose étant devenue banale en cette période d’intense agitation sociale. Mieux vaut une journée « Viagra mort » courant avril. « L’interruption de la distribution de Viagra ne remet pas en cause la sécurité du patient » ont expliqué les représentants du syndicat de pharmaciens hospitaliers, Sinafo, lors d’une manifestation devant le parlement aux cris de « No Viagra, no party ».
Dans une lettre envoyée en début de semaine au président du Conseil, Mario Monti, et, en copie, au ministre de la Santé, Renato Balduzzi, les pharmaciens hospitaliers plaident pour l’équivalence de titres privé/public. « Les points des titulaires d’officines privées valent 30 % de plus que les nôtres. Nous ne sommes pas une sous-catégorie », se plaignent les représentants de Sinafo. Ils ajoutent que cette disparité les pénalise dans le cadre du concours extraordinaire pour l’ouverture de nouvelles pharmacies qui aura lieu dans toutes les régions d’Italie d’ici à la fin du mois d’août. Reste à savoir si la grève du Viagra aura un impact sur Mario Monti…
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