Une étude sur la qualité de vie des professionnels libéraux

Les pharmaciens allemands plutôt heureux

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Publié le 20/03/2017
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S’ils sont majoritairement satisfaits de leur vie, les pharmaciens allemands se gâchent l’existence en pensant à leur avenir à moyen terme, et surtout à celui de leurs successeurs, révèle une étude portant sur les priorités et la qualité de vie des professionnels de santé libéraux d’Outre Rhin.

La Banque allemande des médecins et des pharmaciens, qui, comme son nom l’indique, s’adresse essentiellement à ces professionnels, a interrogé un panel de 500 médecins, pharmaciens et dentistes, qui révèle notamment que 56 % des pharmaciens se considèrent comme très ou plutôt satisfaits de leur vie professionnelle. 29 % des pharmaciens interrogés ne s’estiment ni vraiment satisfaits, ni vraiment mécontents, et 15 % des pharmaciens se déclarent mécontents, voire très mécontents. Le taux d’insatisfaction des pharmaciens augmente aussi avec l’âge. Les médecins sont les plus satisfaits des trois professions étudiées.

Globalement, les professionnels de santé salariés sont plus satisfaits que les libéraux, une situation qui s’explique par le poids croissant des tâches administratives et les difficultés économiques. Les pharmaciens allemands placent, encore plus que les médecins et les dentistes, leur vie familiale au sommet de toutes leurs priorités, et y voient la source principale de leur épanouissement. La sécurité financière, notamment à la retraite, constitue leur autre grande priorité, bien avant la volonté de faire carrière ou de créer une entreprise. En outre, les pharmaciens attachent plus d’importance au fait d’être utile aux autres, ainsi qu’à leur temps libre, que les médecins et les dentistes.

Craintes pour l'avenir

Malgré la bureaucratie et les revenus jugés insuffisants (encore plus par les pharmaciens que par les deux autres professions), les pharmaciens donnent l’image d’un groupe social plutôt heureux… et le seraient encore plus si leur horizon n’était pas assombri par une représentation inquiétante de l’avenir. Ils s’attendent majoritairement à une dégradation de leur vie professionnelle, certes pas dans l’immédiat, mais inéluctable à moyen terme. Symbole de cette crainte, seulement un pharmacien sur trois conseillerait à ses enfants de devenir pharmacien… contre un dentiste sur deux et deux médecins sur trois. Le développement des ventes par correspondance, surtout des prescriptions, et l’ensemble des déréglementations nourrissent les craintes des pharmaciens pour l’avenir.

Publiée par tous les journaux professionnels, cette enquête a fait beaucoup réagir les pharmaciens, notamment sur les forums. L’un d’entre eux a demandé à un professeur de psychologie de commenter ces résultats, et notamment ce paradoxe entre la situation actuelle globalement positive et la peur de l’avenir qui empêche beaucoup de pharmaciens de dormir. Pour ce psychologue, les pharmaciens devraient apprendre à décrocher, à se concentrer sur le présent et à mieux profiter de leur vie. Un point de vue qui a fait bondir nombre d’officinaux, qui ont estimé que si ce psychologue avait une vision tellement apaisée de la situation… c’est bien parce qu’il ne connaissait rien aux problèmes des pharmaciens. En d’autres termes, pour certains pharmaciens, il est impossible de lâcher prise… justement parce que l’avenir est sombre. Un serpent qui se mord la queue mais, observent d’autres pharmaciens, l’avenir semblerait-il moins noir aux plus anxieux s’ils commençaient par cesser d’y penser trop souvent ?

Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3335