De notre envoyé spécial à Berlin
À L'IMAGE de leurs confrères français, les pharmaciens d'Outre-Rhin attendent avec impatience le jugement de la Cour européenne de Justice sur la propriété du capital, qui, le 19 mai prochain, aura une influence majeure sur leur avenir. Mais d'autres défis se profilent pour eux, avec, en premier lieu, en septembre, les prochaines élections législatives. Les pharmaciens s'attendent déjà, quel que soit le vainqueur, à un nouveau plan d'économies drastiques d'ici à début 2010. Comme chaque année, le Forum économique des pharmaciens, qui vient de se tenir à Berlin, a fait le point sur les développements récents de la profession et sur la situation des officines du pays. Celles-ci, désormais au nombre de 21 602, soit une pharmacie pour 3 810 habitants, n'ont jamais été aussi nombreuses, mais on observe aussi une forte augmentation des filiales d'officines, autorisées depuis 2004 : on en compte désormais 2 851, soit 500 de plus que l'an dernier. Deux tiers de ces nouvelles filiales ont remplacé des pharmacies indépendantes, fermées ou vendues, si bien que le nombre de titulaires d'au moins une officine est à la baisse, avec 18 751 pharmaciens contre 19 214 l'an dernier. Actuellement, 1 812 pharmaciens possèdent une filiale en plus de leur officine principale, 374 en ont deux et 97 trois.
L’OTC en baisse.
En matière d'activité, les ventes de prescriptions continuent de croître, malgré les efforts du gouvernement pour les réduire. À l’inverse, les ventes d'OTC continuent régulièrement de baisser, au profit notamment, selon les pharmaciens, des ventes par correspondance. Elles ont diminué de 4 % en 2008 par rapport à 2007, une tendance lourde qui devrait se poursuivre dans l'avenir, redoutent-ils. Le chiffre d'affaires global des pharmacies s'est établi à 37,9 milliards d'euros hors TVA en 2008, contre 36,7 en 2007. Mais la part des prescriptions est passée de 76,8 % à 77,8 % l'an dernier.
Si l'activité a légèrement progressé, les pharmaciens voient aussi leur charge de travail augmenter, notamment à cause des fameux « rabais » que doivent consentir les industriels aux caisses. Les médecins prescrivant majoritairement les génériques en DCI, ce sont en effet les pharmaciens qui doivent définir quel est le médicament le moins cher – celui ou le rabais du moment est le plus élevé - et délivrer ce dernier. Cette opération entraîne pour eux d’importantes surcharges de travail administratif, d'autant moins rémunérateur que les pharmaciens doivent, eux, consentir aux caisses une « remise » sur ces médicaments. Actuellement, ont calculé les responsables économiques du principal syndicat des pharmaciens allemand, le DAV, le chiffre d'affaires moyen d’une l'officine se situe à 1,24 million d’euros hors taxes. La marge brute atteint 26 % et le bénéfice net, pour le pharmacien, s'établit à 77 000 euros soit, note le DAV, à peine 15 000 euros de plus que le revenu d'un assistant… mais avec tous les risques économiques en plus.
Moment magique.
Selon les experts du DAV et de différents organismes pharmaceutiques, les perspectives immédiates de la pharmacie peuvent paraître sombres, mais il ne faut pas pour autant baisser les bras. Comme le rappelait d'abord le président du syndicat, Fritz Becker, les contraintes liées aux substitutions et aux rabais sont certes lourdes, mais cela a permis de renforcer le rôle du pharmacien en tant qu'acteur du système de santé. Les pharmaciens participent à un nombre toujours croissant de programmes de suivi et de bon usage des médicaments, de même qu'à des actions de dépistage ou de prévention, qui renforcent là aussi leur professionnalisme. Toutefois, le repositionnement sur la compétence scientifique ne suffira pas à lui seul à assurer l'avenir de toutes les officines.
Plusieurs spécialistes en marketing et en gestion sont venus expliquer aux officinaux comment mieux aborder l'avenir. Ils s'accordent tous pour exhorter les pharmaciens à ne pas « suivre le courant » de la morosité actuelle, mais plutôt à sortir de l'eau en mettant en avant leurs spécificités individuelles. De même que certains restaurants ont su vaincre la crise en proposant des prestations sortant de l'ordinaire à leurs clients, qu'ils ont ainsi fidélisé, les pharmaciens doivent faire de la visite d'un client un « moment magique » qui lui donnera envie d'acheter et de revenir. C'est avec ces stratégies, associant marketing et psychologie, que les pharmacies survivront, ont rappelé les orateurs, non sans exhorter les pharmaciens à tenter aussi de « rendre leurs clients heureux, parce que les gens aiment être bien traités et devenir heureux ».
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