COMME SOUVENT ailleurs en France, la pénurie croissante de médecins dans le département du Finistère représente une menace pour la santé publique… et celle des pharmaciens. Leur disparition progressive, dans les milieux ruraux, entraînera progressivement celle des officines. « La démographie médicale est mauvaise dans le Finistère, fait remarquer Stéphane Ruyssen, coprésident de la chambre syndicale des pharmaciens du département. 45 % des médecins bretons ont plus de 55 ans et partiront à retraite dans les dix prochaines années. » Ajoutons à cela la faible attraction de la médecine libérale - moins de 10 % des diplômés s’installent en libéral aujourd’hui selon Stéphane Ruyssen - les communes rurales risquent d’être assez rapidement déficitaires en médecins… et en pharmaciens. La chambre syndicale a décidé de prendre le problème à bras-le-corps et a interpellé les élus du département afin de les sensibiliser à la question. Elle souhaite l’intégrer au débat public qui va s’instaurer avec la campagne pour la prochaine élection présidentielle. Seules des réponses nationales peuvent permettre de résoudre ce problème, certes local, mais fort répandu en France.
Modifier la répartition géographique.
Car des réponses locales, il en existe, à commencer par la création de maisons médicales. L’une d’entre elles s’est créée cette année à La Guerche de Bretagne, et une autre devrait ouvrir ses portes l’année prochaine à Lanmeur. Mais si ces maisons évitent une désertification médicale globale en centralisant l’exercice de la médecine au niveau d’un canton, ils ont un effet collatéral pas forcément positif pour les pharmaciens, dont le maillage est réglementé de manière beaucoup plus fine que celui des médecins (qui ne l’est tout simplement pas). Cela signifie que certaines communes se retrouveront sans médecins, lesquels préfèrent, non sans raison, travailler dans une structure commune au niveau d’un canton. À l’échelle de la pharmacie, cette réponse, « légitime » selon Stéphane Ruyssen, n’en représente pas moins un problème. Pour le résoudre, il existe deux solutions possibles. La première serait de prendre des « mesures coercitives d’installation, évoque Stéphane Ruyssen, les mesures incitatives étant très insuffisantes ». Une telle décision demande « du courage politique » tant elle est impopulaire auprès des médecins. Et la tendance est actuellement plutôt à l’apaisement entre le gouvernement et les médecins, avec la loi Fourcade qui abroge les mesures contraignantes pour lutter contre les déserts médicaux prévues dans la loi HPST.
La seconde solution proposée par Stéphane Ruyssen serait de modifier le maillage des pharmacies. « Nous devons réfléchir à une répartition pharmaceutique dont l’unité territoriale ne serait plus la commune mais le canton », estime Stéphane Ruyssen. Aujourd’hui, on est en moyenne à six minutes d’une pharmacie, si l’on passe par exemple à douze minutes, toujours en moyenne, cela ne représentera pas un gros effort pour les patients. Modifier la loi de répartition géographique pour les pharmaciens permettrait alors de préserver une présence forte des officines tout en en les protégeant un peu mieux contre l’évolution de la démographie médicale. La chambre syndicale des pharmaciens du Finistère espère que ses arguments porteront auprès des élus, mais les deux solutions proposées risquent de se heurter à une forte opposition.
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