« NOUS SOMMES devenus le distributeur automatique de billets préféré du gouvernement Monti ! », tonnent les pharmaciens et les représentants des différentes fédérations de pharmaciens. À l’origine de cette grogne, les mesures d’austérité et les nouvelles taxes introduites par l’exécutif de technocrates dans ses deux derniers plans de réduction des dépenses publiques. « En juillet dernier, le gouvernement a approuvé une diminution de 2.25 % du taux de remboursement des médicaments sous prescription. Une décision adoptée pour redresser les comptes de la Sécurité sociale en pleine déliquescence », explique Vittorio Cantarina. Pour ce pharmacien, membre du conseil d’administration de Sinfarma, la coopérative de pharmacies du Latium qui compte 335 adhérents, les décisions du gouvernement sont purement politiques. « Frappée de plein fouet par la crise économique, l’opinion publique réclame l’abolition des catégories dites privilégiées. C’est ridicule. La reconstruction de la région des Abruzzes, détruite en 2009 par un terrible séisme, s’est faite grâce à l’apport économique des pharmaciens. Mais cela, personne ne le sait ! » s’énerve Vittorio Cantarina. Pendant un an et demi, les pharmaciens ont dû souscrire une diminution de 1,4 % du taux de remboursements des médicaments sous prescription pour financer la reconstruction. « La multiplication des taxes fait chuter nos chiffres d’affaires », ajoute ce syndicaliste. Avec la taxe sur les Abruzzes et celle sur le redressement de la Sécurité sociale, il explique que son chiffre d’affaires sur les médicaments remboursés aura diminué cette année de 40 %, malgré une augmentation de 10 % du nombre d’ordonnances.
Le cahier de doléances des pharmaciens et de leurs représentants est épais comme l’Ancien Testament. En tête de liste, la lenteur de l’administration publique pour le règlement des factures, le problème des retraites des pharmaciens, la déréglementation pour l’installation des officines, la libéralisation des horaires et des jours de fermeture, l’autorisation accordée aux parapharmacies de faire des préparations, la libéralisation de la vente des OTC et des produits vétérinaires sous prescription et, enfin, l’ouverture de 5 000 nouvelles officines. « L’Italie compte 17 000 pharmacies. À Rome, il y en a 713 et le décret Monti prévoit l’ouverture de 120 nouvelles officines. C’est de la folie ! », s’insurge Franco Caprino, président de Federfarma Lazio, la fédération des pharmaciens. Il ajoute que cette mesure multiplie les risques de fermeture pour les officines en crise, les régions traînant les pieds lorsqu’il s’agit de payer les factures sur les médicaments remboursés. « Une pharmacie sur quatre est en crise, des centaines de procédures de mises en faillite sont en cours et les banques multiplient les pressions sur les officines qui ne peuvent pas respecter leurs engagements. Les agences régionales de santé règlent les factures au bout de six à sept mois et non pas soixante jours selon les normes en vigueur », souligne Franco Caprino. En revanche, les pharmaciens doivent régler leurs propres fournisseurs rubis sur l’ongle. « Nous sommes obligés de passer des accords avec les banques et l’État ne tient pas compte des intérêts appliqués par les instituts de crédit qui pénalisent l’économie des pharmaciens », détaille le président de Federfarma Lazio, qui est aussi titulaire d’une officine.
Alors que faire ? « D’abord, modifier l’organigramme de Federfarma en élisant des représentants capables de défendre nos intérêts auprès de la classe politique. Puis, mettre en place un système de communication adéquat pour faire comprendre à l’opinion publique que les pharmaciens sont aussi frappés par la crise économique et que, en se défendant, ils défendent la qualité du service public », analyse Luca Barberini, membre de Federfarma. Il ajoute que pour survivre, les pharmaciens sont désormais obligés de transformer leurs officines en supermarchés. « Bientôt nous vendrons des produits de nettoyage pour compenser les baisses de revenus. Le gouvernement parle de relancer l’économie et d’endiguer le chômage et ne se rend pas compte que, en nous étranglant, il nous pousse doucement vers la porte de sortie. »
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