La mise à disposition de cannabis thérapeutique continue à gagner du terrain. En Europe, les députés allemands ont autorisé, le 19 janvier dernier, sa prescription médicale, sa délivrance en pharmacie et son remboursement par les caisses d’assurance maladie. Depuis le 1er janvier, les officines italiennes sont autorisées à dispenser du cannabis thérapeutique cultivé par l’Armée italienne. En Autriche, les pharmaciens peuvent délivrer du cannabidiol (CBD) depuis le 1er octobre. Et en France ? Le cadre légal ne permet qu’à quelques patients d’accéder à l’autorisation temporaire d’utilisation nominative (ATUn) pour obtenir du Marinol (dronabinol). Sans ce sésame, les Français peuvent se faire prescrire et délivrer du cannabis dans un pays qui le permet, puis le ramener chez eux.
Gardien des drogues
Alors que les législations s’assouplissent un peu partout dans le monde, notamment dans de nombreux États américains, le sujet revient sur le devant de la scène en France à l'occasion de la campagne pour l’élection présidentielle. Qu’en pensent les pharmaciens, premiers concernés en cas d’autorisation à dispenser du cannabis thérapeutique ? Selon une étude mise en ligne le 27 janvier dernier sur le site du « Quotidien du pharmacien », 61,8 % des répondants sont prêts à en dispenser. Pascal M. ne voit pas « où pourrait être le problème » puisque les pharmaciens dispensent « déjà de la morphine ». Guy B. non plus. Il rappelle que le pharmacien est le « gardien des drogues » et assène : « Bien sûr que je dispenserai ». Tout comme Thierry, qui désigne les pharmaciens comme « les seuls » capables de délivrer du cannabis thérapeutique « de manière professionnelle, dans l’intérêt de nos patients ». À ses yeux, « il est grand temps de faire le travail qu’attend de nous la société » et « d’aller de l’avant » car « le monde bouge ». De son côté Vincent G. est convaincu que la solution n’est pas la dépénalisation mais la légalisation. Il reviendra alors « au gouvernement de trouver le réseau de distribution le plus sûr et le plus intéressant (pharmacie ou autre) ».
Prescription limitée
Néanmoins, 21,5 % des officinaux disent ne pas être prêts à cette dispensation et 17,3 % répondent que « c’est plus compliqué que cela ». Des tendances qui se retrouvent dans les commentaires. Ainsi, Thilo D. pose une condition à la délivrance de cannabis thérapeutique : que la prescription soit « réservée aux spécialistes de la douleur, aux neurologues, etc. ». Il voit en effet d’un mauvais œil une prescription par tout médecin généraliste « sans la moindre contrainte », éprouvant déjà des difficultés avec « les ordonnances de complaisance pour la buprénorphine ». De même, Pharma Grognon exige que le cannabis thérapeutique réponde au régime des stupéfiants et que le produit délivré soit « non transformable pour ne pas aller dans les dérives du Subutex ». Quand au Dr Gnon, il s’inquiète de l’encadrement de cette pratique et de la « colossale responsabilité de ceux qui vont organiser ça ».
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