Patrick Jacquemin a été un jeune loup des affaires, cofondateur et P-dg de RueDuCommerce pendant dix ans, avant de se consacrer à l'écriture et à la protection de la nature. Il a créé et doté un fonds qui s’appelle Animaux Sauvages et il a choisi l’autoédition en numérique pour son premier roman, « l’Odeur de l’herbe après la pluie » (1).
Dans ce roman aujourd’hui édité en version papier, l’héroïne est une quadra divorcée et mère à mi-temps qui a misé, comme ses parents l’y avaient incitée, sur la réussite professionnelle, au détriment de la vie personnelle. À la limite du burn-out, elle fuit Paris, tombe en panne sur une route de campagne, frappe à la porte d’un vieux paysan qui n’utilise ni tracteur ni téléphone. Ce dernier va lui faire découvrir les secrets extraordinaires de la nature : les odeurs, les formes, les bruits et, pourquoi pas, les leçons de vie des fleurs. Un conte initiatique et poétique tout simple, qui met le lecteur face à ses choix et à ses contradictions.
Autre feel good book, « Un arbre, un jour » (2), le troisième roman de la Belge Karine Lambert (« l’Immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes » et « Eh bien dansons maintenant ! »). Imaginez un platane centenaire qui, du haut de ses 32 mètres, est depuis 103 ans le témoin des jours et des nuits des habitants d’un village provençal. Quand la mairie décide de l’abattre, sept d’entre eux adhèrent au mouvement Touche pas à mon platane lancé par un gamin de 10 ans. Ce sont leurs voix de colère et d’indignation que l’on entend, ce sont surtout des personnes qui se découvrent dans leur quotidien pas toujours facile, leur solitude ou leurs rancœurs. Alors même que le sage centenaire mêle ses souvenirs, ses sentiments et ses réflexions à ce chant choral. Qui l’emportera : le pouvoir ou la solidarité ?
Bien qu’il ait connu un grand succès aux États-Unis lors de sa parution en 1996, puis dans le monde entier, le premier roman de Jean Heglan, « Dans la forêt » (3), n’a été traduit que l’année dernière en France. On le retrouve aujourd’hui avec bonheur en collection de poche. Deux sœurs à peine majeures sont isolées dans la maison familiale au cœur de la forêt. Les parents sont morts et, après on ne sait quel événement, le pays s’est délabré – il n’y a plus ni électricité, ni essence ni eau – et la société s’est désagrégée, avec des violences en tout genre. Loin des drames dont elles ne perçoivent que de vagues rumeurs, les jeunes filles attendent d’abord que cela s’arrange, rêvent toujours d’entrer à Harvard pour l’une et de devenir danseuse pour l’autre, puis elles s’organisent pour survivre. À la fois apocalyptique et intimiste, poétique et haletant, le récit montre comment la pensée et l’imagination sauvent des pires horreurs. Et que la forêt n’est pas seulement un lieu hostile mais une source d’espérance pour calmer la faim, soigner les maux, se chauffer ou s’abriter.
Un besoin vital
C’est aux éditions Poesis, qui « se consacrent à la relation poétique avec le monde », que Marco Martella, historien des jardins et jardinier, propose, avec « Un petit monde, un monde parfait » (4), une réflexion sur le besoin primordial, sinon vital, qui pousse les habitants des pays dits développés à cultiver des parcelles de terre et à retrouver le chemin des jardins. Il nous mène dans des jardins célèbres (Bomarzo et Ninfa en Italie, Versailles et la Vallée-aux-Loups en France) et d’autres plus secrets, ainsi qu’à la rencontre de poètes qui ont exploré la question du paysage, tels Philippe Jaccottet, Chateaubriand, Hermann Hesse ou Vita Sackville-West. La poétesse qui, depuis le jardin du château de Sissinghurst qu’elle a créé et alors que l’Angleterre est sous les bombes, voit dans le jardin « un monde dans un monde perdu ».
« Infatigables voyageurs, les contes butinent les rêves de l’humanité. Comme l’abeille, ils transmettent et gardent nos plus belles mémoires… » : le conteur Pierre-Olivier Bannwarth a glané sur tous les continents une trentaine de récits au cœur des traditions les plus anciennes et les présente dans « la Confrérie des abeilles - Les contes de la ruche » (5). Les spiritualités premières ont toutes trouvé un symbole en cette besogneuse, l’abeille figurant l’âme qui récolte le pollen de la connaissance pour sécréter le miel de l’immortalité.
On ne présente plus Mike Horn, qui depuis vingt ans multiplie les expéditions et les exploits à travers le monde, qu’il raconte dans des ouvrages. Le dernier en date, « l’Antarctique, le rêve d’une vie » (6), est le récit d’une traversée de 5 100 km à travers les champs de crevasses et les tempêtes de neige, la solitude et les températures glaciales. Une aventure menée seul et sans assistance, vécue comme une course contre la mort pour ne pas être englouti par l’hiver, 57 jours à progresser dans des conditions extrêmes sur des skis, un traîneau de 256 kg fixé aux épaules. Des photographies en couleurs en témoignent.
(1) Robert Laffont, 202 p., 17 €
(2) Calmann-Lévy, 259 p., 17,50 €
(3) Gallmeister, 309 p., 9,90 €
(4) Poesis, 135 p., 18 €
(5) Albin Michel, 218 p., 15 €
(6) XO Éditions, 278 p., 19,90 €
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