Le coup d’éclat de la rentrée a été la parution mondiale, dans 25 pays, de « Millénium 5 - La fille qui rendait coup pour coup » (1). Nul n’ignore que les héros de la trilogie culte de Stieg Larsson, décédé en 2004, continuent de vivre sous la plume d’un autre journaliste suédois, David Lagercrantz. Ce dernier, qui s’est fait un nom avec des biographies, du footballeur Zlatan Ibrahimovic au pionnier de l’informatique britannique Alan Turing, a connu le succès avec une première suite, « Millénium 4 - Ce qui ne me tue pas », autour du scandale des écoutes de la NSA, vendu à plus de 6 millions d’exemplaires.
Dans « la Fille qui rendait coup pour coup », David Lagercrantz s’attaque à la question de l’eugénisme en Suède. On y retrouve évidemment Mikael Blomkvist, le créateur de la revue « Millénium », et Lisbeth Salander, ce petit bout de femme douée d’une intelligence et d’une force physique exceptionnelles, qui s’est promis de combattre l’injustice sous toutes ses formes. Dans ce tome – le prochain est prévu dans deux ans –, le passé douloureux de Lisbeth rejoint sa lutte actuelle.
Un autre duo, Mari et Lia, deux jeunes Finlandaises exilées à Londres et qui font partie d’un groupe clandestin de justiciers, revient sur le devant de la scène. Après « Sans visage », Pekka Hiltunen met les jeunes femmes, dans « Écran noir » (2), sur la piste d’un tueur 2.0 qui submerge les réseaux sociaux de vidéos montrant des personnes qui se font lyncher à coups de pied, avec des mises à mort de plus en plus lentes et des mises en scènes toujours plus sophistiquées. Les corps retrouvés peu après révèlent que la plupart sont des homosexuels, mais la police ne semble pas s’en émouvoir pour autant.
Dans les quartiers nord de Paris, des enfants roms disparaissent et, souvent, leurs cadavres sont retrouvés mutilés. Un ex-médecin légiste égaré dans l’humanitaire et un capitaine de la PJ réchappé d’un univers de violence tentent tant bien que mal de démêler les fils d’une affaire aux ramifications inattendues. Dans son premier roman, « Il ne faut jamais faire le mal à demi » (3), Lionel Fintoni fait se croiser des personnages dont on se demande ce qu’ils ont à faire ensemble – populations venues de Roumanie, nervis issus des pays de l’Est, négociants maghrébins prospères, riches clients de cliniques privées. Mais il ne dévie pas de la ligne fixée par Machiavel, qui donne son titre au livre.
De l'Afrique au cercle polaire
Pour l’Américain Thomas H. Cook, qui a publié une trentaine de romans (« Au lieu-dit Noir-Etang » a reçu un prix Edgar, décerné par l’association des Mystery Writers of America), le meurtre n’est qu’un des aspects de la noirceur de l’âme humaine. Il en est encore ainsi dans « Danser dans la poussière » (4), qui se situe au Lubanda, état imaginaire d’Afrique noire. Ray Campbell était tombé amoureux d’une Belge née dans ce pays alors qu’il y travaillait pour une ONG. Après que les rebelles ont pris le pouvoir, la jeune femme a été victime d’un accident mortel. Vingt ans plus tard, devenu un riche homme d’affaires, Ray tombe sur des documents relatifs à la mort de son amie et revient au Lubanda pour faire justice.
Asa Larsson partage avec l’héroïne de ses romans, Rebecka Martinsson, la profession d’avocate et sa ville natale Kiruna, au-dessus du cercle polaire, où se déroule « En
sacrifice à Moloch » (5), qui a remporté (comme son précédent livre, « le Sang versé »), le prix du meilleur roman policier suédois. La première scène est la traque d’un ours… dans l’estomac duquel on retrouve des restes humains, puis survient le meurtre d’une femme. On découvre que les victimes avaient un lien de parenté et que plusieurs autres membres de la famille ont connu des morts violentes. Le récit alterne présent, avec les rebondissements de l’enquête, et passé, depuis l’année 1914 et l’installation à Kiruna d’une jeune institutrice. Deux voies également passionnantes et pleines d’humanité qui finiront par se rejoindre.
Des animaux, il y en a dans « le Zoo » (6), le premier roman de l’Américaine Gin Phillips traduit en français, mais aussi des bêtes humaines. Ce thriller psychologique se déroule en trois heures, dans le huis-clos d’un parc, où une mère et son fils de 4 ans se promènent volontiers. Sauf que ce soir-là se produit une fusillade sanglante, suivie d’une chasse à l’homme angoissante. L’auteure nous fait partager la fuite éperdue de Joan, ses efforts pour se cacher, l’attente de la police, la peur d’être découverte, avec l’unique obsession de protéger son enfant.
Dans « À l’ombre du pouvoir » (7), Neely Tucker, journaliste et grand reporter depuis bientôt trente ans, dont une quinzaine au « Washington Post », nous fait arpenter la capitale américaine. Le fils d’une influente famille afro-américaine a été retrouvé noyé dans le Potomac, près d’un refuge de drogués. Une mort qui n’intéresse que Sully Carter, un ancien correspondant de guerre revenu brisé de Bosnie, aussi teigneux que sensible et qui finit par dévoiler des secrets jalousement gardés depuis le temps où des fortunes se sont bâties dans le commerce des êtres humains. Un polar d’investigation qui nous entraîne des bas-fonds jusqu’aux hautes sphères de la société.
Frédéric Dard (1921-2000) est le créateur du légendaire commissaire San-Antonio, mis en scène dans pas moins de 174 titres. On oublie qu’en parallèle il a publié, parfois sous d’autres pseudonymes, près de 300 romans de genres différents. Parmi ceux-ci, « les Confessions de l’Ange Noir » (8), paru en 1952 en quatre volumes distincts, réunis pour la première fois en un seul livre, ou les épisodes fantaisistes de la vie d’un gangster américain rusé tout autant qu’athlétique, cruel et cynique, un tombeur à la gâchette facile. Un roman vintage mené à un train d’enfer, qui préfigure par bien des aspects, dont évidemment la langue, l’avènement du truculent San-Antonio.
(1) Actes Sud, 399 p., 23 €
(2) Gallimard, 434 p., 23 €
(3) L’Aube, 333 p., 19,90 €
(4) Seuil, 355 p., 21 €
(5) Albin Michel, 444 p., 21,90 €
(6) Robert Laffont, 292 p., 18,90 €
(7) Gallimard, 353 p., 21 €
(8) Fleuve Noir, 558 p., 20,90 €
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