PRENEZ l’affaire portugaise : un pays dont les déboires financiers s’ajoutent à eux de la Grèce, de l’Espagne et de l’Irlande ; une question, la capacité d’une nation à se serrer la ceinture, qui a failli inciter les Allemands à claquer la porte ; une crise financière européenne pour laquelle des décisions draconiennes ont déjà été prises et des financements, à hauteur de 750 milliards d’euros, déjà engagés. Les menaces de faillite nationales sont si fréquentes que la mention « L’euro menacé » qui barrait les écrans de télévision jeudi dernier relevait du plus haut comique. On se souvenait, bien sûr, du refus de Berlin de payer pour des gouvernements ou des peuples irresponsables aussitôt après l’effondrement financier de la Grèce, et l’on craignait une nouvelle querelle franco-allemande à Bruxelles. On se demandait si Angela Merkel, soucieuse de maintenir sa coalition avec les libéraux (plus difficile à gérer que l’ancienne coalition avec les sociaux-démocrates) avait encore assez d’influence pour mater son ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwelle ; comble du paradoxe, les Européens devaient négocier avec un Premier ministre portugais, José Socrates, qui venait de démissionner parce que les Portugais refusaient le nouveau plan d’austérité qu’il leur proposait et qui, en conséquence, n’était même pas demandeur d’un soutien financier.
Nous n’en sommes pas moins pêts à lui accorder une aide de 75 milliards d’euros, ont répondu ses partenaires, pour qui la stabilité et le retour au calme des marchés financiers sont en définitive plus importants que les méthodes utilisées par les Portugais pour résorber les déficits et la dette. Depuis que Nicolas Sarkozy et Mme Merkel ont pris en main les destinées de l’Union, on ne peut pas dire que celle-ci brille par ses initiatives audacieuses ni que son leadership soit assuré de manière convaincante. La chancelière et le président n’ont accepté la désignation du président européen, Herman Von Rompuy, et de la ministre des Affaires étrangères, Catherine Ashton, deux personnages plutôt ternes, que pour mieux surveiller conjointement l’évolution de l’Union. Beaucoup ont regretté l’absence d’un leader européen à part entière. Ce qui ne signifie pas pour autant que l’Europe ne bouge pas.
L’art du compromis.
C’est ainsi que l’on a pu voir qu’un dossier hautement inflammable, celui de la Libye, a été traité avec brio. Toute la question portait sur la responsabilité de l’intervention militaire occidentale : était-ce l’action d’une coalition improvisée, dirigée par un collectif empiriquement désigné, ou fallait-il affecter cette action à l’OTAN ? Les États-Unis souhaitaient principalement se cacher derrière le paravent atlantique. La Turquie, membre éminent de l’Organisation, mais pas vraiment favorable à l’intervention, voulait surtout que l’échelon atlantique atténue la fréquence et la violence des frappes et réduise leur objectif politique. Le résultat est favorable à la Frane, qui a été chargée de la zone d’exclusion des vols (no fly zone). « Toute la résolution (1973), mais rien que la résolution de l’ONU », a précisé Nicolas Sarkozy, qui parle, non sans optimisme, de traîner Kadhafi devant la Cour pénale internationale. Assurément, l’Europe va cahin-caha, passe des compromis, concilie souvent des positions très éloignées. Mais, de sa manière quelque peu brouillonne, elle fait son travail. Par exemple, quand il a été décidé, après avoir annoncé la fin prochaine des bombardements, de les intensifier, parce que les insurgés libyens étaient menacés d’extermination.
En d’autres termes, le pire, avc l’Union, n’est jamais sûr.
D’autant que les problèmes financiers ne sont pas réglés. Ce qui menace les plans de stabilisation financière, c’est le refus croissant des peuples européens de se soumettre aux plans d’austérité, souvent répétitifs, comme au Portugal. M. Socrates a cédé au ras-le-bol des élus et des électeurs frappés par une rigueur sans précédent. Dans les conversations discrètes des dirigeants de l’Union, pas d’emphase, pas d’effet de manche. Mais Bruxelles, jeudi dernier, était envahie par des manifestants qui exigent une autre politique économique et ont cassé pas mal de vitrines.
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