Fallait-il exprimer un tel pessimisme dans une conjoncture dont à peu près tous les aspects, économie et finances, sécurité, immigration, Brexit, sont assez sombres pour augmenter l'euroscepticisme, même parmi les peuples les plus europhiles ? Mme Merkel et M. Hollande voulaient d'abord montrer leur réalisme et, ensuite, indiquer leur détermination à prendre les problèmes européens à bras-le-corps. L'ont-ils fait ? Pas vraiment dans la mesure où l'état déplorable des dossiers, à commencer par l'absence totale de solidarité des pays de l'Est européen, les a conduits à limiter les discussions aux questions de défense et de sécurité.
En fait, l'Union a perdu son dynamisme et son inventivité au moment précis où elle a besoin d'une relance politique. Du temps de la guerre froide, on appelait cela une « révision déchirante ». Elle implique un rejet de la prudence, une sorte de volte-face des attitudes empesées auxquelles les principaux pays européens, Allemagne comprise, n'ont pas renoncé, et des réformes.
L'Union a besoin de plus d'Europe, et peut-être d'une chef pourvu de pouvoirs suffisants pour imposer son point de vue. Le redressement européen passe par une minute de vérité, celle pendant laquelle il devrait être demandé à chacune des 27 nations si elles tiennent vraiment à rester dans l'UE. Si une politique commune d'immigration impliquant des sacrifices répartis entre tous peut être élaborée. S'il n'est pas temps de mettre un terme aux politiques d'austérité qui, quelle que soit leur efficacité, ne sont sans doute plus adaptées.
S'il n'est pas nécessaire de stimuler les économies par différents moyens à mettre au point, étant entendu que l'action de la Banque centrale européenne, qui joue la baisse des taux à grands coups de rachats de crédits, doit être complétée par des investissements susceptibles de relancer la croissance et de créer des emplois.
L'Europe n'est pas faible
C'est l'apathie, l'absence de leadership, l'impuissance des dirigeants qui sont en cause, comme s'ils avaient été tétanisés par le Brexit, la crise grecque et le terrorisme. Ils ont oublié le poids économique et politique que la concentration de moyens de tous ordres donne à l'Union. L'Europe n'est pas faible, elle est désorientée parce que ses principaux dirigeants ont peur d'une accumulation sans précédent des difficultés.
Bien entendu, les rendez-vous électoraux en France, en Allemagne, en Italie l'année prochaine ne poussent pas ces trois grands pays à clarifier leurs positions. Ils craignent d'accorder, par leurs décisions, des avantages à l'opposition populiste ou d'extrême droite. Et alors que la langueur européenne exige un traitement puissant, ils sont tentés d'attendre que les élections aient eu lieu avant de se retrouver avec un nouveau mandat.
Mais l'Union peut-elle s'offrir le luxe de différer d'un an (les élections allemandes ont lieu en septembre prochain) quelques urgentes décisions ? Le risque existe que les équipes actuellement au pouvoir soient remplacées par des exécutifs beaucoup moins favorables à l'intégration européenne. D'autres sommets sont prévus, bien sûr, notamment un « Bratislava 2 » qui aura lieu à Malte au début de l'année prochaine et un autre en mars. D'une part, il n'aurait pas dû être impossible de prévoir une réunion moins lointaine. D'autre part, on n'a toujours pas établi le lien qui unit la politique européenne et les programmes nationaux.
On n'a pas su prouver que l'Europe, loin d'être un fardeau, peut contribuer à la résolution d'un certain nombre de crises. Le sentiment se répand au contraire que les problèmes spécifiques de l'Europe s'ajoutent aux crises nationales, ce qui agace profondément les peuples de l'Union. Il s'agit donc de démontrer le contraire : immigration, sécurité, monnaie, échanges, emploi, tous ces problèmes ont une dimension européenne et ne peuvent être résolus que par le concours de tous au sein de la même structure.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion