LE RAPPORT de l’inspection générale des finances (IGF) sur les professions réglementées révélé cet été a provoqué des remous. Chez les pharmaciens d’abord, qui dénoncent un rapport incomplet, entaché d’erreurs et aux conclusions erronées (« le Quotidien » du 1er septembre). Mais aussi au sein des autres professions libérales. Le président de l’Union nationale des professions libérales (UNAPL), le Dr Michel Chassang, est ainsi venu à la rescousse des officinaux, défendant notamment le monopole de dispensation. Invoquant la sécurité du patient, il a rappelé au milieu de l’été sur Europe 1 que le médicament « n’est pas un bien de consommation courante ». « Plus nous allons développer les points de vente, plus les accidents vont arriver », augure-t-il. Selon lui, mettre en place cette mesure pour faire baisser les prix des médicaments n’est pas plus recevable. « On ne peut pas se plaindre que les Français soient les champions d’Europe en terme de consommation de médicaments et, dans le même temps, vouloir développer les points de vente, c’est-à-dire voir les volumes de prescription et de consommation augmenter », estime-t-il. Il ajoute : « Attention à ne pas mélanger un supermarché et une pharmacie ».
Le président de la Chambre nationale des professions libérales (CNPL), Daniel-Julien Noël, craint, lui, qu’une déréglementation de ces professions n’ouvre « la boîte de Pandore ». « Quelle confiance aura le consommateur dans un acte notarié qui n’aura plus force de loi et pourra être contesté, ouvrant la porte à toutes les dérives ? argumente-t-il. Quelle garantie pour sa santé trouvera-t-il dans un supermarché à la place d’une véritable officine pharmaceutique qui offre conseil et rassure ? L’aspirine ou la simple lettre recommandée sont un acte de première intention mais qu’en sera-t-il dès lors qu’ils ne sont pas suffisants ? »
Les médecins à la rescousse.
La Confédération des syndicats médicaux Français (CSMF) s’oppose également à la vente de médicaments hors des pharmacies. « La sécurité de délivrance des médicaments, quelles qu’ils soient, et leurs traçabilités ne peuvent être garanties que dans le cadre de la délivrance officinale, explique le syndicat. Seul le pharmacien, notamment grâce au dossier pharmaceutique, peut éviter des interactions médicamenteuses dangereuses pour les patients. » La CSMF juge également que « ce n’est pas au moment où l’on cherche à maîtriser les dépenses de santé en encourageant les médecins dans l’efficience des prescriptions qu’il serait opportun de pousser les patients vers l’automédication alors que les interactions médicamenteuses représentent un coût élevé pour la société ». Le syndicat médical MG France est sur la même longueur d’onde : « La délivrance des médicaments est et doit rester, sous la responsabilité d’un pharmacien ». « Au moment où la ministre de la Santé s’est engagée à organiser notre système de santé autour de soins primaires assurés en équipe, il est étonnant de voir se manifester une volonté de dérégulation, comme si la santé devait évoluer comme un marché », indique par ailleurs MG France.
Le nouveau ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, rendra sa copie dans quelques semaines et le projet de loi devrait être présenté en Conseil des ministres en octobre. Quoi qu’il en soit, Manuel Valls a déjà prévenu : « Nous devons aller vite et prendre des mesures fortes : ouverture des professions réglementées, fin des monopoles indus et des rentes de situation ».
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