LA BATAILLE de Syrte, extrêmement violente, s’est traduite par des centaines de morts et des destructions considérables. On discutera à l’infini sur les conditions de la mort de Kadhafi, mais il était temps, pour la Libye, de s’en débarrasser. Tant qu’il se battait, en effet, beaucoup de Libyens redoutaient son retour au pouvoir. Ce pays, dont l’on ne cesse de souligner les fractures en clans et tribus, a maintenant une excellente raison de se rassembler. Kadhafi faisait peur, il n’est plus. Ce qui veut dire que la totalité de la population peut maintenant rejoindre la révolution.
On ne saurait passer sous silence le rôle diplomatique et militaire de premier plan que la France, avec la Grande-Bretagne, a joué pour faire triompher le CNT. L’intervention de l’OTAN, sous la caution de l’ONU, a été déclenchée par la nécessité de protéger d’un bain de sang les habitants de Benghazi. Aucune argutie juridique sur le contenu du mandat accordé par les Nations unies n’ôtera des esprits l’idée que la bataille ainsi commencée devait aller jusqu’à son terme. Aucun point de droit, aucune considération sur le coût de l’opération, sur les dégâts qu’elle a fatalement causés, sur le recours à la force ne privera Nicolas Sarkozy de la constance dont il a fait preuve, à un moment où rien ne lui prouvait que le vent ne tournerait pas. C’est en Libye que le président a consacré son leadership, obtenu ses galons d’homme d’État. Il a pris un risque sérieux parce que, dans le cas de la Libye, il n’y avait, comme souvent, que le choix entre le courage et la lâcheté. Que, par bonheur, les révolutionnaires aient triomphé d’un tyran particulièrement cynique et cruel, montre que, face au dilemme libyen, la pusillanimité (celles des Allemands par exemple, et à un moindre degré, celle des Américains), eût été désastreuse. Nous ne pouvons pas nous situer dans le bon camp dans tous les cas de figure. Nous ne pouvons pas faire toutes les guerres. Mais M. Sarkozy, contraint, comme n’importe qui, de peser le pour et le contre en toute circonstance, a fort bien vu que, s’agissant de la Libye, il pouvait et devait agir. La défaite et la mort de Kadhafi apportent à son jugement la note d’excellence qu’il a eu la patience d’attendre.
Les pièges de la révolution.
Il appartient maintenant aux Libyens d’éviter tous les pièges tendus par une révolution accompagnée de destructions, de règlements de comptes et de chaos. De procéder (dans huit mois, dit le CNT) à des élections. De trouver une majorité parlementaire qui dira le droit. De reconstruire le pays avec les moyens dont il dispose : réserves de liquidités et richesses naturelles. Ce sera très difficile. La Tunisie et l’Égypte ne sont pas passées par une phase violente comparable à celle de la Libye et, pourtant, leur avenir politique est confus. Les élections à l’Assemblée constituante donnent aujourd’hui de la Tunisie l’image éclatée que laissait présager la présence de plus de cent partis, avec des Islamistes puissants et des centristes pour le moment incapables de s’unir. En Égypte, l’armée maintient son emprise au nom de l’ordre, ce qui retarde l’avènement de la démocratie. Or la Libye est encore moins unie que l’Egypte et que la Tunisie. Son seul atout, c’est sa richesse pétrolière.
Les autres aspects négatifs de la révolution libyenne sont le danger que représente Al Qaïda Maghreb islamique (AQMI), implantée dans l’immense désert et détentrice d’otages français. AQMI pourrait tirer parti de la confusion libyenne et de la dispersion des armes que Khadafi possédait en quantités impressionnantes.
Quant à ce que la France et ses alliés pourront faire sur le plan économique, il nous semble logique que le CNT ou les futurs dirigeants de Tripoli se tournent vers les États qui les ont aidés à vaincre Kadhafi. Là encore, on accuse M. Sarkozy de n’avoir pensé qu’au pétrole libyen dès le début de l’aventure, mais la France a toujours diversifié ses sources d’importation d’or noir et ne dépendait pas de la Libye. Qu’en bon représentant de commerce, le chef de l’État tente d’acquérir des parts de marché dans un pays qui a besoin de tout et qui, de surcroît, est solvable, nous semble judicieux quand on sait que 2011 a été l’année la plus mauvaise pour le déficit du commerce extérieur français. M. Sarkozy a bien fait de déclencher et de contribuer à l’intervention militaire, il a bien fait de reconnaître le CNT très tôt et même le premier, l’OTAN a réussi sa lourde opération sans subir de pertes et maintenant nous n’allons pas bouder la coopération économique avec la nouvelle Libye au nom d’une vertu qui aurait prolongé la dictature.
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