CETTE RÉÉVALUATION devient indispensable à la lumière d’un événement où le système de prévention mis en place à Fukushima sur la base des pires prévisions. Malheureusement, la réalité a dépassé la fiction : un séisme d’une violence telle qu’on n’en connaît que deux aussi puissants depuis qu’a été établie l’échelle de Richter ; un tsunami, dont la vague s’élevait à 17 m alors que les ingénieurs avaient prévu 15 m ; et une inondation des réseaux électriques et des générateurs de secours qui a privé d’eau les réacteurs en train de chauffer.
On peut toujours avancer l’argument que la France n’est pas une zone sismique comparable au Japon ; que de Three Miles Island (1979) à Fukushima, en passant par Tchernobyl (1986), les catastrophes liées au nucléaire civil se produisent ailleurs qu’en France ; que nos centrales nous ont donné une forme de souveraineté énergétique et ont empêché une dégradation plus prononcée de notre tissu industriel. Il n’empêche que l’opinion ne comprendra pourquoi nous sommes prêts à faire des sacrifices presque inhumains pour avoir de l’électricité à un meilleur prix. Même si Tchernobyl a été une catastrophe encore plus grande que celle de Fukushima, nous sommes appartenons au même système que le Japon : nos deux pays sont des démocraties parlementaires et industrialisés L’éloignement géographique est largement compensé par la proximité éonomique et politique. Le Japon n’est pas l’ex-Union soviétique ; on y a, à l’égard du nucléaire, de saines appréhensions nées des bombardements historiques de Hiroshima et de Nagazaki ; on y prend d’énormes précautions.
En d’autre termes, le nucléaire civil est disqualifié non pas par la nonchalance des États ou par l’absence de responsabilité de ses dirigeants (comme à l’époque de l’URSS), mais, bien au contraire, parce qu’il est difficile, voire impossible, de faire mieux en France que les Japonais. Et pourtant, ils n’ont pas pu éviter le désastre.
Tout dépend de l’émotion populaire.
Le gouvernement et Nicolas Sarkozy refusent de céder à la peur, rejettent la « sortie du nucléaire » et veulent poursuivre notre programme de construction de centrales, tout en demandant une évaluation du bilan de fonctionnement de chacun de nos réacteurs ; pendant ce temps, les écologistes et le PS se querellent sur l’attitude à prendre. Lancée par Daniel Cohn-Bendit, l’idée d’un référendum est la pire qui soit parce que l’opinion n’a pas les compétences scientifiques pour porter un jugement et ne peut se prononcer sur les conséquences apocalyptiques de la surchauffe d’un réacteur ; et aussi parce que la réponse correspondra à la question, qui peut être posée de cent façons différentes. Le risque d’un abandon progressif de la filière nucléaire dépendra de l’intensité de l’émotion populaire : d’autres incidents peuvent se produire et, de toute façon, l’affaire de Fukushima ne disparaîtra pas de sitôt des mémoires. Rien ne sera plus comme avant.
Néanmoins, il ne faut pas se leurrer : nous ne disposons pas vraiment d’énergies alternatives. Il faudrait couvrir toute l’Europe de panneaux photovoltaïques pour alimenter la France seulement en énergie. Il faudrait un nombre invraisemble d’éoliennes pour remplacer l’énergie atomique que nous consommons. On se rue sur la construction de voitures électriques sans même se demander combien d’électricité il faudra pour les faire à des millions d’exemplaires. Les Verts nous expliquent qu’il faudra consommer moins, vivre d’une autre manière. Bref, ils ont la recette d’un serrage de ceinture sans précédent alors même que notre mode de vie actuel ne suffit pas pour recréer le plein emploi.
Les élections de 2012 ne changeront rien car, si la gauche l’emporte, le PS au pouvoir n’aura pas l’intention d’abandonner l’énergie atomique. En réalité, nous sommes dans une impasse. Il nous faudra quarante ans pour savoir si la fusion nucléaire (par opposition à la fission) est possible. C’est à quoi s’emploiera le site d’ITER, en cours de construction sur le territoire français. Le pétrole, en tout cas, a de beaux jours devant lui et le cœur du peuple continuera à balancer entre un plaisir et une peur : celui de consommer et celle de subir les ravages insensés d’un désastre environnnemental.
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