LA CURE d’austérité décidée par le très libéral président du Conseil italien, Mario Monti, n’épargne pas la pharmacie d’officine. Trois mesures la concernant ont été adoptées : la libéralisation de la vente des médicaments non remboursés par la Sécurité sociale, le remodelage des règles sur l’ouverture de nouvelles officines et la libéralisation des horaires.
La libéralisation de la vente des médicaments concerne 3 800 produits prescriptibles mais non remboursés, comme les anxiolytiques et les pilules contraceptives. Il représente un tiers du marché et un chiffre d’affaires annuel de 3,1 milliards d’euros. Une véritable poule aux œufs d’or pour les parapharmacies et les grandes surfaces. Selon les calculs du ministère de la Santé, les OTC déjà vendus en grande surface et dans les parapharmacies depuis la libéralisation introduite par le gouvernement de Romano Prodi, en 2006, représentent un chiffre d’affaires annuel de 2,2 milliards d’euros. Avec le nouveau dispositif Monti, le marché des produits vendus en dehors du circuit officinal est estimé à 5,3 milliards d’euros, soit 27,8 % du marché pharmaceutique. Pour éviter les dérapages, l’exécutif prévoit l’application de sanctions contre les laboratoires pharmaceutiques et les distributeurs qui adopteraient des pratiques commerciales pouvant pénaliser les parapharmacies et les grandes surfaces.
En ce qui concerne l’ouverture des nouvelles pharmacies, le dispositif du gouvernement Monti cible la relance de l’emploi. Le numerus clausus passe à une pharmacie pour 4 000 habitants et non plus une pour 5 000.
L’officine menacée.
Du côté des parapharmacies, la décision de l’exécutif, composé d’économistes et de techniciens nommés en remplacement de Silvio Berlusconi le 13 novembre dernier, suscite l’enthousiasme. « Les Italiens auront désormais le choix au niveau des points de vente : nous sommes à un tournant historique », s’enthousiasme Giuseppe Scioscia, président du Forum national des parapharmacies. Tout en s’attendant à des pressions de la part des pharmaciens du circuit officinal « pour bloquer le dispositif et conserver ses privilèges », ajoute-t-il.
Les représentants des pharmaciens accusent le coup. « Cette mesure n’a rien à voir avec la relance de la croissance, elle va tuer les pharmacies », s’alarme Anna Rosa Racca, présidente de Federfarma, la fédération nationale des pharmaciens. « Nous sommes comme les pandas, une espèce vouée à la disparition », s’écrie pour sa part Venanzio Gizzi, président de Assofarm, l’association des pharmacies communales. Des réactions « inacceptables » pour Massimo Brunetti, secrétaire national de ANPI, l’association des parapharmacies italiennes, qui estime que le dispositif devrait favoriser l’ouverture de 3 500 nouveaux points de vente d’ici à la fin 2012, permettre de créer 8 000 emplois et de réaliser 600 millions d’investissements et une économie de quelque 200 millions d’euros par an pour les Italiens, en vertu du principe de la concurrence.
Ce que Mario Monti, ancien Commissaire européen, n’a pas pu imposer aux États de l’Union, il le réalise dans son pays, l’Italie.
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