S’il est un érudit et amoureux des livres qui aime partager sa passion en toute simplicité (« Je remballe ma bibliothèque »), c’est bien l’écrivain, traducteur, éditeur… et lecteur Alberto Manguel, lauréat de nombreux prix dans le monde. Dans « Monstres fabuleux » (1), il évoque des personnages emblématiques de la littérature, du Petit Chaperon rouge au monstre du Dr Frankenstein, de Phoebé de « l’Attrape-cœurs » à Jim de « Huckleberry Finn », de Job et Jonas de la Bible au capitaine Nemo…, et fait entrer leur parcours en résonance avec les enjeux du monde actuel. Trente-huit courts portraits illustrés au trait par l’auteur pour nous aider à mieux appréhender notre réalité.
Plasticienne et auteure de « Cent titres », où elle détournait des couvertures de grands classiques de la littérature, Clémentine Mélois offre, avec « Dehors, la tempête » (2) un livre idéal en cette période de confinement, puisqu’il est une ode à la lecture. Par des allers-retours entre la vie des personnages de ses auteurs préférés – Simenon, Perec, Tolkien… – et la sienne, elle montre comment les souvenirs et les sensations des fictions deviennent les nôtres. Pour elle, la vie dans les livres est la plus savoureuse de toutes.
Pierre Assouline, auteur de onze romans et d’au moins autant de biographies, s’est penché sur la vie de l’écrivain britannique Rudyard Kipling, prix Nobel de Littérature à 42 ans, en 1907. Le romancier du « Livre de la jungle », l’auteur du poème « If », traduit en français par « Tu seras un homme, mon fils » (3), titre retenu par l’académicien Goncourt pour son nouvel opus. Car s’il plonge dans la vie intime de Kipling – à travers les souvenirs d’un professeur de lettres parisien qui l’a rencontré à la veille de la Première Guerre mondiale et est devenu son ami –, c’est d’abord par rapport à John, le fils de l’écrivain, le dédicataire de « If » quand il était adolescent. Ce fils que Kipling a refusé de faire réformer en dépit d’une forte myopie, qu’il a fait engager dans les Irish Guards et qui a été tué au combat en 1915, à l’âge de 19 ans. Jusqu’où un père est-il responsable du destin de son fils ?
« Crève, Ducon ! » (4) est bien un titre à la Cavanna, à Monsieur François Cavanna, dont paraît, six ans après sa mort l’ultime partie de sa fresque autobiographique, inaugurée par « les Ritals » en 1977 et poursuivie avec « les Russkoffs », puis « les Yeux plus grands que le ventre ». Ni fond de tiroir, ni recueil de notes éparses, le livre, écrit envers et contre la maladie de Parkinson qui le minait, regroupe en courts chapitres des souvenirs et anecdotes qui évoquent son passé de petits métiers avant de devenir dessinateur, journaliste et écrivain à succès, mais aussi le racisme, la guerre, « Hara-Kiri » et « Charlie Hebdo », les amours et les amis, la littérature.
Mystère et suspense
Le personnage imaginé par l’auteur irlandais John Boyne (« le Garçon en pyjama rayé ») dans « l’Audacieux Monsieur Swift » (5), une sorte d’antihéros aussi fascinant que détestable, prêt à sacrifier son âme pour satisfaire ses ambitions, peut sévir dans n’importe quel milieu. Pour devenir écrivain alors qu’il manque d’imagination, Maurice Swift a décidé de s’emparer des histoires des autres. Peu importe s’il faut supplier, emprunter, voler, mentir ou pire. Une descente aux enfers pour lui et ses victimes. Un portrait sans concession du monde littéraire et une réflexion sur le processus créatif de l’écrivain, construite de manière particulièrement ingénieuse et haletante.
Premier roman, salué par la critique, de Gunnar Kaiser, qui enseigne la littérature allemande et la philosophie à Cologne, « Dans la peau » (6) traite d’une obsession mortelle. Jonathan, qui est étudiant, s’ouvre au monde de l’art et de l’esprit, à la littérature et à la séduction en fréquentant un certain Joseph Eisenstein, un dandy bibliophile. Ensemble, ils parcourent les rues de New York à la recherche de femmes, le jeune homme pour leur faire l’amour, son mentor pour regarder. Un apprentissage qui finit par l’inquiéter.
Destiné aux deux millions de Français qui rêvent d’être publiés et aux 500 000 dont le manuscrit a été refusé, selon les chiffres de l’auteur, « le Service des manuscrits » (7), d’Antoine Laurain, est un roman à suspense en même temps qu’une introduction dans les coulisses d’une maison d’édition. Alors qu’un manuscrit envoyé anonymement accède en sélection finale du prix Goncourt et que son auteur demeure introuvable, plusieurs crimes similaires à ceux du livre se produisent dans la réalité. L’éditrice qui l’a reçu est au cœur d’une affaire criminelle.
Le suspense est aussi la pierre angulaire du douzième roman de Tatiana de Rosnay depuis son best-seller « Elle s’appelait Sarah » en 2007. Dans « les Fleurs de l’ombre » (8), l’héroïne est une romancière qui emménage, après s’être séparée de son mari, dans un appartement hyperconnecté d’une résidence flambant neuve pour artistes. Du haut de son 8e étage, elle a une vue sur tout Paris et sur ses voisins, avant d’avoir bientôt le sentiment d’être elle aussi observée. Réalité ou paranoïa ?
(1) Actes Sud, 276 p., 22,50 €.
(2) Grasset, 189 p., 17 €.
(3) Gallimard, 294 p., 20 €.
(4) Gallimard, 232 p., 18,50 €.
(5) JC Lattès, 408 p., 22,90 €.
(6) Fayard, 507 p., 24 €.
(7) Flammarion, 215 p., 18 €.
(8) Robert Laffont/Héloïse d’Ormesson, 330 p., 21,50 €.
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