UNE QUINZAINE de groupements avaient rendez-vous, il y a quelques jours, au conseil national de l’Ordre des pharmaciens. Des représentants du CNGPO*, de l’UDGPO**, de l’enseigne Alphéga, ainsi que des groupes Népenthès et PHR, se sont donc rendus au siège de l’instance, avenue Ruysdaël, à Paris. Au programme des discussions : le délicat dossier de la communication des pharmaciens auprès du public.
La rencontre promettait d’être tendue, car certains d’entre eux sont actuellement mis en cause par l’Ordre pour des campagnes suspectées d’être contraires à la déontologie (voir encadré). Des procédures judiciaires sont même en cours. Pourtant, à en croire les participants, l’atmosphère est restée cordiale. L’offensive de Michel-Edouard Leclerc, lancée quelques jours plus tôt, aura certainement conduit la profession à se serrer les coudes.
« C’était une première prise de contact, mais elle a montré une volonté d’avancer de la part de l’Ordre », se félicite Pascal Louis, président du CNGPO. « C’était une première réunion d’échanges. On savait bien qu’on ne pouvait pas en sortir avec une solution », ajoute Brigitte Bouzige, présidente du Giphar, qui salue la volonté ordinale de se saisir de cette question. Celle-ci plaide pour davantage de libertés en matière de communication sur l’enseigne, tout en souhaitant conserver un cadre, des limites à ne pas franchir.
Les points d’accord.
À la tête du groupe PHR, Lucien Bennatan figure aujourd’hui parmi les plus audacieux. Son credo : communiquer sur la loi HPST** et les nouvelles missions du pharmacien dans les domaines de l’éducation thérapeutique, de la prévention, de l’autodiagnostic et des soins de premier recours. « Si on me laisse libre sur cette communication-là, cela me suffit », affirme Lucien Bennatan.
En attendant, les participants semblent s’être déjà mis d’accord sur quelques points. D’abord, si l’on veut réussir l’évolution du métier permise par la loi HPST, il faudra pouvoir communiquer auprès des pharmaciens pour les impliquer, mais aussi des patients pour leur faire connaître les possibilités offertes par le réseau. Ensuite, il devient nécessaire de mener des campagnes institutionnelles. « Nous sommes l’une des seules professions à ne pas le faire », souligne Pascal Louis.
Mais, pour l’heure, la question qui fâche, c’est-à-dire celle de la possibilité de communiquer individuellement pour les officinaux ou pour les groupements, a tout juste été effleurée. Ce n’est que partie remise. L’Ordre a en effet décidé de mettre en place au cours du premier semestre 2010, un groupe de travail pour y réfléchir.
Et l’instance ne semble pas arc boutée sur ses positions. Le président du Conseil central A (titulaires), Jean-Charles Tellier, estime ainsi qu’il y a aujourd’hui un besoin de communication dans la profession. Pour lui, la réglementation en la matière doit évoluer. « Certains articles du code de déontologie font preuve d’obsolescence et pourraient être revus », indique-t-il.
Des pistes de réflexion.
En fait, le président du Conseil central A attend le jugement des procédures engagées contre certains groupements. Soit l’Ordre est débouté, et l’article interdisant la communication des groupements doit être supprimé ; ou bien l’Ordre est conforté, et les groupements devront remballer définitivement leurs campagnes. « L’une ou l’autre des deux solutions ne peut pas être satisfaisante », affirme Jean-Charles Tellier. D’un côté, il y a le risque d’une déréglementation à tous crins, et, de l’autre, d’un blocage non conforme à l’époque dans laquelle nous vivons. D’où l’intérêt de la concertation lancée par l’Ordre. « L’ensemble de la profession doit notamment réfléchir à la légitimité pour un groupement de communiquer au nom de tous ses adhérents », estime l’ordinal. « Afin de préserver son indépendance au sein d’un groupement, il ne doit pas y avoir d’obligation pour un pharmacien de participer à une campagne, poursuit-il. On peut ainsi imaginer qu’il y ait un espace de liberté pour des confrères adhérents à une structure et qui ne souhaitent pas pour autant être associés à une campagne de leur groupement, comme cela existe dans la GMS. » Toutefois, il est des questions sur lesquelles l’Ordre ne transigera pas. Jean-Charles Tellier reste ainsi farouchement opposé aux opérations s’apparentant à des sollicitations de clientèle, telle les communications sur les promotions, ou qui contribueraient à une consommation excessive de médicaments. Le débat est ouvert et les pistes nombreuses.
** Union des groupements de pharmaciens d’officine qui regroupe une dizaine de groupements, dont Univers Pharmacie, DirectLabo, l’Association des grandes pharmacies de France (AGPF), PharmaGroupSanté.
*** Hôpital, patients, santé et territoires.
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