Ce n'est pas facile d'être généreux. Si vous croyez qu'il est facile de refiler cent euros par mois aux smicards du privé, vous vous trompez. Les fonctionnaires payés au salaire minimum peuvent toujours bénéficier d'une ligne supplémentaire leur accordant cent euros exonérés des prélèvements sociaux et exclus du calcul de l'impôt. Mais, dans le secteur privé, l'Etat ne peut pas demander aux entreprises de lui avancer l'argent et, sauf à envoyer un virement à des millions de travailleurs, il n'y a pas de solution. La mise au point de cet impôt qui va en sens inverse (de l'Etat aux salariés) torturera les méninges des fonctionnaires du ministère de l'Economie. Il est vraisemblable, d'ailleurs, que les paiements interviendront avec un retard d'un mois, quitte, pour les pouvoirs publics, à payer la prime en février, mais doublée. Le pouvoir souhaite verser les cent euros en passant par la prime d'activité, ce qui compliquera la tâche de l'Etat. Enfin, il y aura encore des mécontents, puisqu'un salarié qui toucherait dix euros de plus que le smic serait, ou devrait être, rayé de la liste.
La crédibilité des mesures annoncées par le chef de l'Etat est en jeu. Un léger retard ou un paiement incomplet seraient accueillis par un déluge de sarcasmes. Il faut impérativement que le gouvernement tienne parole, d'abord par décence et ensuite parce que les gilets jaunes ont déjà réagi négativement à l'annonce des mesures. Il appartient donc à l'exécutif de les convaincre le plus vite possible. Peut-être commenceront-ils à se calmer quand ils auront cent euros par mois nets d'impôts. Les autres mesures, notamment la baisse des taxes sur les carburants, sont infiniment plus faciles à mettre en place, mais elles n'ont pas le même pouvoir de persuasion.
Le prix du désordre
Où en sera le pouvoir une fois que les mesures seront appliquées ? Jeudi à Bruxelles, Emmanuel Macron a présenté ses « cadeaux » comme la rétribution d'une colère justifiée. Pourtant, même ses amis les plus sûrs sont prêts à reconnaître qu'il a été obligé par la puissance de la crise de lâcher du lest. Le financement de ses largesses, s'il n'est pas compensé par des économies sur la dépense publique, porterait le déficit budgétaire de la France à 3,4 % du produit intérieur brut, au lieu des 2,8 % annoncés à la Commisison de Bruxelles. Là encore, le parcours du père Noël est dangereux. M. Macron a répété que les mesures ne changeraient rien à sa politique de réduction du déficit en 2019, on veut voir comment il va faire. D'autant que les prévisions de croissance pour l'an prochain sont modestes et que les manifestations des gilets jaunes nous ont déjà fait perdre 0,1 % de croissance cette année, plus de deux milliards. Et ce n'est pas fini. Personne n'a écouté les chefs d'entreprise quand ils ont démontré que le désordre en France aurait un prix et se traduirait par un surcroît de chômage.
L'autre dossier, parmi d'autres, qui attend le président, est celui des retraites dont il veut changer les règles mais sans repousser d'un an ou deux l'âge de la retraite. Les Français, c'est clair, sont hostiles à l'idée de travailler davantage et M. Macron a préféré contourner l'obstacle. Mais il sera très difficile (et encore moins populaire) de trouver des succédanés à la prolongation des carrières.
Le regard qu'il faut porter sur cette terrible séquence de fin d'année, doit être purement politique. Il est possible que le président de la République parvienne à sauver sa peau, mais aura-t-il la force de poursuivre ses réformes qui, toutes, ont le malheur de déplaire à l'électorat ? A l'entendre, il ne cèdera pas d'un pouce. Les derniers sondages donnent une avance de six points au Rassemblement national sur la République en marche (24 % contre 18 %) pour les élections européennes l'an prochain. Une pause dans les réformes et quelques autres moyens d'apaiser la colère populaire pourraient remettre à flot le bateau de la REM.
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