Emmanuel Macron ne pouvait apaiser ses relations avec les corps intermédiaires sans atténuer quelque peu ses nouveaux projets de réforme. Ce n'est pas un hasard si, au détour d'une conversation avec France 2 le 26 août, il s'est déclaré plus intéressé par une réforme des retraites fondée sur la durée des cotisations qu'une réforme bâtie autour de la durée des carrières. Il ne s'agit pas d'un détail : les syndicats étaient vent debout contre lui parce qu'il avait fait des 64 ans l'âge à partir duquel tout retraité toucherait la totalité de sa pension. Son virage à 90 degrés lui a valu un mot de satisfaction de la CFDT dont le chef, Laurent Berger, a vu aussitôt s'ouvrir des perspectives de négociation avec le gouvernement.
Le mécontentement reste très répandu dans le pays, les braises de la crise des gilets jaunes risquent à tout instant de donner lieu à un incendie, la sècheresse soulève la grogne des agriculteurs et les syndicats ont décidé de manifester dans quelques jours. Mais M. Macron n'est plus exactement le même homme. Non seulement il s'est résolu à consulter les partenaires sociaux avant toute décision, mais il a complètement cessé de provoquer les corps dits intermédiaires, élus ou syndicalistes qui devraient tirer avantage de l'aubaine : le président les entend si bien qu'il commence à les écouter.
Nécessité fait loi. L'acte I reposait sur une série de réformes menées comme une guerre éclair. L'acte suivant ne risquait pas de ressembler au précédent, car les syndicats et les oppositions ne pouvaient plus être pris par surprise. Il fallait donc les insérer dans le jeu politique. C'est pourquoi le premier conseil des ministres de la rentrée a adopté la réforme de l'État, avec notamment une réduction des effectifs de l'Assemblée et du Sénat et une dose de 20 % de proportionnelle dans les scrutins nationaux. C'est pourquoi M. Macron a levé un obstacle majeur à la réforme des retraites, même si la concession qu'il a faite réduira les gains de cette réforme. La LFI Clémentine Autain dénonçait la semaine dernière un projet, pour les pensions, fondé par le souci d'économies. Mais si rien n'est fait, les retraites coûteront 10 milliards de plus d'ici à 2022. On ne songe à lancer des réformes que lorsqu'on est obligé de faire des économies budgétaires.
Le beau rôle
On ne saurait nier, par ailleurs, que, si l'été 2019 a été calme par rapport aux étés précédents, marqués par des scandales, la stature personnelle d'Emmanuel Macron a été grandement renforcée par ses initiatives diplomatiques. Il tente de se rapprocher de Moscou en mettant un terme à l'isolement de Vladimir Poutine, geste que celui-ci semble accueillir favorablement ; il a réussi à empêcher Donald Trump de se livrer à ses provocations habituelles lors du G7 ; et, en dénonçant le laxisme du président brésilien, Jair Bolsonaro, face aux incendies de la forêt amazonienne, il s'est certes attiré les commentaires grossiers du personnage, qui a mis en doute la beauté de Brigitte Macron. Mais du coup c'est lui, Macron, qui, en tant que victime d'un président populiste auteur de commentaires désobligeants, a le beau rôle.
Les gilets jaunes, les paysans, les enseignants, les hospitaliers resteront de marbre devant les succès diplomatiques de M. Macron. Il n'empêche que le G7 a montré la multiplicité et l'originalité des idées qu'il exprime et des actions qu'il entreprend. Sa force relative, dans un monde accablé par l'absence de scrupules, la soif de pouvoir et le cynisme des populistes, lui permettra de mieux se battre sur les fronts intérieurs.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion