Le prix Médicis a été attribué au premier tour à Marie Darrieusecq, 44 ans, pour son 15e roman, « Il faut beaucoup aimer les hommes » (P.O.L.). Un récit sur la passion, qui, pour elle, est une maladie, une forme d’amour pathologique.
On retrouve dans le roman Solange, l’héroïne basque (son pays natal) de son précédent ouvrage, « Clèves », devenue l’actrice frenchie à la mode à Hollywood. Elle côtoie les plus grandes stars mais tombe amoureuse d’un second rôle, un Noir d’origine camerounaise, qui rêve d’adapter un récit de Conrad en Afrique. Il finira par en trouver les moyens et partira, elle l’accompagnera mais sans trouver sa place. Sur fond de racisme ambiant et de difficulté à retrouver ses racines, Marie Darrieussecq montre que la passion est un sentiment à sens unique et invivable : lui est amoureux mais habité par son film plus que par cette femme, tandis qu’elle ne fait que l’attendre. Une attente douloureuse, qui empêche de vivre. Une belle étude, remise au goût du jour, sur cet état intemporel qu’est la passion.
Le prix Médicis étranger est revenu au journaliste néerlandais Toine Heijmans, pour son premier roman après trois essais (sur un nouveau quartier résidentiel d’Amsterdam, sur le milieu du rap en Europe et sur les demandeurs d’asile aux Pays-Bas). « En mer » (Bourgois) est un thriller psychologique qui met en scène la dérive d’un homme. Lassé de son quotidien, Donald a tout quitté pour vivre trois mois en solitaire sur son voilier. Sa fille de 7 ans le rejoint pour la fin du voyage, un moment de complicité qui doit augurer d’un nouveau départ en famille. Mais, bientôt, l’atmosphère se gâte : la confusion et l’anxiété de Donald s’accentuent en même temps que l’orage menace. Et lorsqu’il descend dans la cabine où dort l’enfant, elle a disparu. Un récit sur la filiation et la famille tout en finesse et sur le mal du père.
Le prix Médicis essai est allé à Svetlana Alexievitch, journaliste et écrivain biélorusse, pour « la Fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement » (Actes Sud), qui s’inscrit dans ses « romans de voix », où elle consigne les paroles des témoins – de la guerre entre l’Union soviétique et l’Allemagne nazie, des soldats envoyés en Afghanistan et leurs familles, des victimes de Tchernobyl.
Elle fait entendre ici les voix de l’Homo Sovieticus, qui est passé sans transition du totalitarisme à une nouvelle forme de nihilisme : les anciens, les sexagénaires élevés dans le culte de Lénine et de Staline et la crainte du NKVD et du goulag, ainsi que leurs enfants, qui ont 20 ou 30 ans, plongés dans un chaos économique, spirituel et moral peut-être encore pire.
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