APRÈS PLUSIEURS absences remarquées à de grands rendez-vous professionnels, Marisol Touraine s’est enfin adressée directement aux pharmaciens lundi dernier, dans le cadre de la 25e Journée de l’Ordre. La ministre de la Santé a profité de l’occasion pour réaffirmer, pour la première fois en public, sa volonté de voir évoluer la rémunération des officinaux vers la mise en œuvre d’un honoraire de dispensation. « Je sais que la crise économique n’épargne pas vos pharmacies », explique la ministre de la Santé. Certes, la nouvelle convention devrait permettre de transformer le modèle économique, mais, en attendant, la période de transition est difficile, reconnaît-elle. Elle ajoute : « Les marges que vous connaissiez il y a encore quelques années, ne sont plus celles d’aujourd’hui (…). Il est important que les règles d’un nouveau contrat avec la profession puissent être définies. » « Je partage l’idée selon laquelle il faut donner de la lisibilité, que les règles du jeu soient clairement fixées pour les années à venir », poursuit-elle. Des mots qui devraient retenir l’attention de l’USPO, qui demande depuis plusieurs mois la signature d’un contrat avec l’État, prévoyant notamment le maintien de la marge actuelle du réseau pour au moins les trois prochaines années. Pas sûr toutefois que, dans l’esprit de la ministre, le mot « contrat » soit synonyme « d’enveloppe pour mettre en place l’honoraire », comme le réclame l’USPO. Quoi qu’il en soit, Marisol Touraine et les syndicats semblent parfaitement d’accord sur un point : la nécessité de revaloriser l’acte de dispensation. « Il n’est plus souhaitable que les pharmaciens soient rémunérés en fonction de la seule marge réalisée sur la vente des boîtes de médicaments », affirme ainsi la ministre de la Santé.
Encadrer la vente sur Internet.
Autre sujet sur lequel la profession attendait des précisions de la ministre : la vente de médicaments sur Internet. Mais Marisol Touraine ne semble pas encore avoir définitivement tranché la question. Même si elle explique que le commerce en ligne de spécialités est « au cœur de (ses) préoccupations », elle indique seulement qu’il « nous faut examiner rapidement les enjeux liés à cette question et réfléchir à ce qui doit être encadré, en complément du droit européen, afin que ne soit pas remis en cause le rôle de conseil essentiel des pharmaciens ». Mais l’on comprend à ces propos que la partie sera serrée, car beaucoup de nos voisins européens ont déjà levé l’interdiction. « C’est un sujet très difficile, souligne la ministre. Tout en tenant compte de la législation européenne, nous ne pouvons pas pour autant accepter l’idée d’un accès libre à des médicaments sur Internet, car nous savons que cela favorise les médicaments falsifiés et les trafics en tout genre. » Alors, que faire ? « Le gouvernement est engagé dans la recherche de garde-fous qui permettront de garantir la sécurité des patients et le rôle des pharmaciens », répond-elle.
Une déception toutefois : certains dossiers chauds n’ont pas été évoqués, tels la parution du décret sur les sociétés holdings ou celui sur la préparation des doses à administrer (PDA), deux points pourtant soulevés par la présidente de l’Ordre des pharmaciens, Isabelle Adenot (voir ci-dessous).
Restaurer la confiance.
En ce qui concerne la substitution, la ministre a rappelé qu’un nouvel élan avait été donné l’été dernier avec la généralisation de l’accord tiers payant contre génériques. « Cet élan était nécessaire, explique-t-elle. Faut-il rappeler que, en France, 25 % des médicaments remboursables sont des génériques, alors que ce chiffre atteint 68 % en Allemagne ? » Elle ajoute : « Il existe une spécificité française sur leur qualité, car dans les autres pays, on ne se pose pas cette question. »
Au-delà des génériques, Marisol Touraine « veut renouer la confiance entre les Français et leurs médicaments ». Des ouvrages « qui ne sont pas de qualité », et qui viennent entretenir le doute sur l’efficacité des produits de santé, et des scandales comme le Mediator et les prothèses PIP, ont pu entamer la confiance de nos concitoyens vis-à-vis des médicaments et des dispositifs médicaux qu’ils utilisent. « Ma conviction est qu’il faut sortir de l’ère du soupçon », insiste-t-elle. Et pour cela, elle mise notamment sur la création d’un portail sur les produits de santé, apportant des informations de qualité, objectives et transparentes.
Préserver le maillage.
Enfin, concernant le réseau officinal, la ministre de la Santé prône la préservation d’un maillage territorial dense. « Vous restez un acteur de proximité essentiel, mais avec des missions qui doivent être renouvelées », estime-t-elle. Marisol Touraine pointe les risques des pénuries de médecins pour la survie de pharmacies dans certaines zones. « La lutte contre les déserts médicaux, que j’ai engagée, concerne évidemment les médecins. Mais pas seulement. Elle vous concerne directement : un territoire sans officine, c’est un territoire fragilisé », affirme-t-elle. Quoi qu’il en soit, la ministre juge nécessaire de « travailler ensemble pour rationaliser ce maillage. Sur ce sujet, le gouvernement soutient pleinement la définition d’objectifs partagés sur l’évolution du réseau officinal, qui devra faire l’objet d’une négociation avec l’assurance-maladie ».
« Nous avons besoin de vous, conclut la ministre de la Santé. Le gouvernement sait pouvoir compter sur vous. Ce que vous représentez est une force sur laquelle je compte m’appuyer. » Message bien reçu.
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