DOMINIQUE BUSSEREAU, président du conseil général de Charente-Maritime, s’est certes efforcé de rassurer les habitants des régions sinistrées. Il confirme néanmoins que, dans ce qu’il est convenu d’appeler la « zone noire », il n’y aura pas de recours possible pour 1 500 propriétaires, notamment à la Faute-sur-Mer et à l’Aiguillon-sur-Mer. De sorte que les habitants déjà traumatisés par les dégâts et par les décès, sont maintenant jetés à la rue. En effet, les terrains ne sont jamais assurés. L’indemnisation des logements ne permet pas donc pas de reconstruire ailleurs, d’autant que le bord de mer est plus cher que les terrains plus reculés. L’État est prêt toutefois à accorder une indemnisation à ceux qui seront expropriés. Si les habitants résistent au projet, c’est parce qu’ils savent bien qu’on leur demande de se refaire une vie, différente de la précédente, du point de vue financier, social et humain : il faut du temps pour construire une maison, du temps pour la rendre habitable, du temps pour se créer un réseau social dans un autre endroit.
Dans la tragédie du 28 février, la recherche des responsabilités était illusoire. Tout le monde admet aujourd’hui que la conjonction d’une tempête et d’une marée particulièrement haute est extrêmement rare. Le risque d’une nouvelle inondation comparable est donc à peu près nul pour les années qui viennent. Bien que l’État s’en défende, c’est cependant le principe de précaution qui a conduit l’État à adopter la solution la plus radicale. Le même principe qui lui a fait dépenser des centaines de millions dans un vaccin contre la grippe A(H1N1) peut-être pas pas indispensable. Que le gouvernement ne veuille prendre aucun risque avec la sécurité de la population, on n’a pas de mal à le comprendre ; en revanche, on ne voit pas pourquoi il fait payer sa prudence par les victimes elles-mêmes. Nous ne sommes nullement surpris par la réaction générale des habitants des zones sinistrées : dans leur majorité, ils veulent y rester. Ceux dont la maison est déjà détruite ou qui ont perdu des proches dans le désastre n’opposeront pas de résistance à la décision de raser, dans la mesure où ils seront indemnisés correctement ; d’autres, qui ont échappé à l’inondation, ne comprennent pas du tout pourquoi ils doivent partir, laisser sur place le produit d’une vie et attendre pendant des mois, ou des années, le retour à une existence paisible.
Éviter la double peine.
Car c’est la faute des pouvoirs publics si ont été fournies des autorisations de construire qui n’auraient jamais dû être délivrées ; c’est la faute des pouvoirs publics si les digues étaient trop fragiles ou trop basses. Que l’État souverain annule d’un mot ce qui avait été fait par des mairies ou des départements souligne seulement la fracture entre les pouvoirs central et régional. Et quoi qu’aient fait les maires, il nous semble évident que l’État doit assumer leurs actes. En dehors de la destruction des maisons, n’y a-t-il pas des mesures intermédiaires ? Le renforcement des digues ne serait-il pas moins cher que le prix de 1 500 habitations ? Un système d’alerte plus sophistiqué et plus efficace ne pourraît-il pas être mis en place ? Le tropisme naturel du genre humain, c’est d’aller où bon nous semble. La côte sera toujours plus prisée que l’arrière-pays. Les gens ne s’abstiendront de revenir que si l’État, dans sa détermination à en finir avec le risque des zones inondables, les transformera en terres agricoles, comme cela semble être son projet.
Nul doute que le gouvernement aurait été très vivement critiqué s’il avait traité le problème par la passivité absolue, ou s’il s’était contenté de renforcer les digues. Mais entre zéro maison détruite et 1 500, il existe peut-être un nombre intermédiaire à trouver. Par exemple, on pourrait raser les maisons les plus endommagées et où les habitants eux-mêmes ne veulent pas revenir, mais garder intactes celles qui ont échappé à l’inondation et que l’on peut protéger davantage par le renforcement des digues. Bref, on pourrait éviter la double peine à un certain nombre de victimes.
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