LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. – Pourquoi le conseil et l’utilisation des huiles essentielles nécessitent de solides connaissances ?
NICOLE ARNAUD. – Parce que ces substances sont très actives. Elles contiennent de nombreux composés terpéniques - des centaines de molécules actives - dont certains (phénols, cétones…) peuvent avoir des effets indésirables ou même être toxiques pour l’organisme. Le romarin officinal, par exemple, peut fournir trois huiles essentielles : l’huile essentielle à camphre (une cétone) est décontracturante mais neurotoxique, celle à verbénone (une autre cétone) est mucolytique, cicatrisante et moins toxique ; l’huile essentielle à cinéole présente un intérêt pour le traitement des pathologies hivernales. Une même espèce végétale peut donc produire des huiles essentielles dont les effets sont très différents. L’exemple du thym est encore plus frappant car il peut produire pas moins de sept huiles essentielles. L’une d’elles renferme du thymol, une substance de la famille des phénols qui sont dermocaustiques, hépatotoxiques et hypertenseurs. On peut cependant l’utiliser sous forme diluée car c’est un anti-infectieux majeur. Les autres huiles essentielles tirées du thym ont des propriétés anti-infectieuses tout aussi intéressantes mais sont dénuées d’effets indésirables, donc plus faciles à conseiller. Toutes ces connaissances sont indispensables si l’on veut assurer à la clientèle un conseil solide et sérieux.
Quelle attitude adopter au comptoir ?
La population, sous l’influence des informations qui circulent sur Internet, s’imagine souvent, et à tort, connaître l’aromathérapie. C’est au pharmacien de rectifier les idées reçues et d’orienter le choix de la clientèle parmi les produits disponibles. Les questions à poser porteront sur le type de produit que la personne recherche, le motif de sa demande, à qui il se destine. Il faudra bien sûr s’assurer de l’absence des contre-indications de certaines huiles essentielles.
À quoi le pharmacien doit-il veiller quand il se fournit en huiles essentielles ?
À ce qu’elles soient contrôlées afin que l’on connaisse leur chémotype, leur carte d’identité chimique.
Quelles sont les grandes contre-indications pour ces substances ?
En principe, on n’administre jamais une huile essentielle, ou un produit en contenant, par voie orale aux enfants en dessous de 7 ans car certains composants favorisent les convulsions. Les formules à base d’huiles essentielles sont également déconseillées aux femmes enceintes car, à ma connaissance, aucune étude clinique n’a été réalisée sur cette population pour étudier leur degré de tolérance face à ces substances.
Comment organiser le rayon "aromathérapie" à l’officine ?
Le rayon doit être facilement identifiable pour indiquer à la clientèle l’existence d’une offre en aromathérapie. Jouez donc sur l’effet de masse pour lui offrir une bonne visibilité. Selon la saison ou le calendrier des mises en avant, il peut être intéressant de rappeler la présence des formules à base d’huiles essentielles en les associant à un produit de conseil classique dans le rayon concerné : voies respiratoires, pathologies de la peau, douleurs musculaires…
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