Dans le département des Deux-Sèvres, les pharmaciens mettent leur expertise pharmaceutique au service des patients, à leur domicile. L'opération, baptisée officieusement « Armoire à pharmacie », s'inscrit dans le cadre de la PAERPA 79, dispositif visant à prévenir la perte d'autonomie des sujets âgés.
« La particularité deux-sévrienne est d'avoir intégré les officinaux à ce parcours santé. C'est un vrai travail interprofessionnel dans lequel chaque professionnel de santé apporte sa compétence. Pour les pharmaciens, il s'agit de comprendre comment les patients vivent leur traitement à leur domicile et d'identifier des anomalies pouvant compromettre l'autonomie de la personne », explique Patrick Le Padellec, pharmacien à Niort et co-responsable de ce projet au sein de l'URPS Pharmaciens Nouvelle-Aquitaine.
Repérage des fragilités
Pour cette opération, un budget de l'ordre de 80 000 euros a été débloqué sur 3 ans, jusqu'à fin 2019. Chaque intervention pharmaceutique est rémunérée à hauteur de 60 euros par l'URPS (Union régionale des professionnels de santé). L'ARS (Agence régionale de santé), l'URPS Pharmaciens et le Conseil départemental des Deux-Sèvres chapeautent l'ensemble. Les informations remontées par les acteurs de terrain sont transmises à l'association de gérontologie 79 via une messagerie sécurisée ; c'est elle qui décide des actions à mettre en place en cas d'identification d'une fragilité, telle qu'une dénutrition ou un risque de chute. L'opération est parfaitement protocolisée ; elle s'adresse aux sujets de plus de 75 ans. Les pharmaciens participants, sur la base du volontariat, doivent suivre une formation initiale ; ils disposent de documents validés (grille d'évaluation, fiche de test, fiche de stock des médicaments à l'officine). Pour notre confrère Jean-Luc Bussault, l'autre co-responsable du projet, « les pharmaciens deviennent ainsi les yeux de l'association de gérontologie. C'est une façon supplémentaire de réintégrer le circuit interprofessionnel et d'exposer, de valoriser les services de la pharmacie favorisant le maintien de l'autonomie, comme la PDA (préparation des doses à administrer) ou le MAD (maintien à domicile) ».
Le bon usage du médicament au-delà du comptoir
Commencée en mars dernier, cette expérimentation se met en place peu à peu dans le sud du département. Une dizaine de pharmaciens est effectivement passée à l'action. Pour l'une des pharmaciens participants, cette initiative met en évidence le fossé qui existe entre la perception au comptoir et la gestion réelle des médicaments par les patients à leur domicile : « J'ai été stupéfaite de l'état de l'armoire à pharmacie, éclatée dans plusieurs pièces ou contenant des périmés. » Pour preuve, elle y a retrouvé des boîtes d'Oropivalone, médicament disparu il y a plus de 10 ans. Ces situations, véritables sources d'erreurs médicamenteuses, s'observent malgré l'intervention régulière d'un accompagnant à domicile, infirmière ou aide à domicile. En faisant le point chez une de ses patientes, Patrick Le Padellec a relevé un cas de non-observance susceptible de mettre en péril l'autonomie : « En discutant avec elle, chez elle, je me suis rendu compte qu'elle ne prenait pas son antihypertenseur. Dans cette situation, l'objectif était de prévenir une chute et une hospitalisation évitable. » Cette opération locale inédite s'inscrit dans la lignée des actions de lutte contre l’iatrogénie médicamenteuse, dont les bilans partagés de médication.
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