L’AUTORISATION d’exercer en toute légalité les deux professions, qui, a priori, sont incompatibles pour des raisons d’éthique, comme l’ont souligné plusieurs juristes interpellées par les détracteurs de la loi 248/2006, est accordée par les régions. Elle concerne actuellement quatre cents pharmacies parmi les 18 000 officines implantées de l’autre côté des Alpes. « Mais attention, le permis de grossiste n’est pas accordé à la pharmacie mais à son titulaire, ce qui est totalement différent », note AnnaRosa Racca, présidente de Federfarma, la fédération italienne des pharmaciens, qui s’interroge sur le bien-fondé de la double casquette. Depuis plusieurs mois en effet, de nombreux titulaires d’officine ont fait état de leur scepticisme et surtout, de leurs inquiétudes.
Federfarma a officiellement demandé aux représentants des vingt régions italiennes de bloquer toutes les nouvelles demandes de permis de grossistes présentées par les pharmaciens. L’objectif de la fédération est d’obtenir le verrouillage de l’accès à la double profession en attendant que le parlement légifère et modifie la loi en vigueur. « À chacun son métier, le rôle du pharmacien est de garantir la vente des médicaments aux consommateurs de la zone dans laquelle il est implanté. Or les dérives sont multiples », estime Ettore Novellino, pharmacien et président de l’Ordre régional des pharmaciens d’Avellino, dans les Abruzzes. Dérives, le mot est lâché. Une enquête effectuée par les régions italiennes a démontré que, en l’état actuel, quelque 300 médicaments (princeps pour la plupart), sont désormais introuvables. À titre d’exemple, la liste rédigée par la région du Latium en décembre 2014, faisait état d’une cinquantaine de produits manquants.
Mais à qui la faute ? « Aux pseudo-grossistes qui vident le marché intérieur au profit des marchés étrangers, considérés nettement plus rentables », accuse Antonello Mirone, président de Federfarma servizi, l’association italienne des sociétés de services pour les pharmacies qui représente les sociétés et les coopératives impliquées dans la distribution intermédiaire des médicaments.
Incompatibilité.
Du côté de Federfarma, on tente d’éteindre l’incendie pour éviter de créer des fractures irréparables au sein de la profession. Mais tout en laissant des zones d’ombre dans la défense des pharmaciens impliqués dans le double exercice. « Les grandes quantités de médicaments exportés à l’étranger passent par les grands grossistes, pas les petits », détaille Annarosa Racca. Soit, « mais les pseudo-grossistes s’organisent pour vider le marché de certains produits qu’ils vendent à des grossistes importants ayant accès aux circuits internationaux » confie un expert du dossier.
En janvier dernier le parlement, interpellé par un groupe de députés, a demandé au gouvernement, « d’évaluer la possibilité de modifier le dispositif en vigueur et de rétablir le concept d’incompatibilité entre la profession de grossiste et celle de dispensateur de médicaments au public à travers les pharmacies ». Le message est clair. Reste à savoir toutefois comment évoluera le débat politique, comme l’a d’ailleurs récemment souligné Francesco Schitto, vice-président d’Assofarm, l’association des pharmacies communales.
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