MONIQUE DUHAU, titulaire de l’officine de Brossac, une commune de 580 habitants dans un canton qui en compte 2 500, se félicite du résultat de sa démarche auprès du premier élu. Dépourvu de médecin généraliste depuis plus d’un an, touché de plein fouet par le syndrome de la désertification, le petit village charentais – 40 km à l’ouest d’Angoulême – et ses habitants ne sont pas les seuls à souffrir de cette vacance. « En milieu rural, sans prescripteur à proximité, quel est le rôle d’une officine ? », s’interroge Monique Duhau. Une situation qui a obligé la pharmacienne à menacer la municipalité d’une fermeture pure et simple, résultat inévitable d’un chiffre d’affaires à la baisse, et d’une activité en chute libre. « J’ai donc averti la mairie en espérant une réaction, explique t-elle, car être sans généraliste dans un environ proche, c’est perdre avec certitude une clientèle qui, pour se faire soigner, devra de toute façon se rapprocher d’une agglomération où se trouvent déjà toutes les commodités en terme d’offre médicale et de dispensation pharmaceutique. Plus de prescriptions, donc plus d’ordonnances, donc plus de ventes de médicaments, ou du moins beaucoup moins qu’avant. Les consultations effectuées en dehors du canton, sont aussi une source d’évasion commerciale pour mon activité. J’ai perdu des clients, j’ai dû jouer sur ma marge de façon notable. J’ai donc dû équilibrer mes comptes, en puisant dans ma trésorerie personnelle. » Une situation qui ne peut perdurer.
L’officine est pourtant, avec ses deux salariés, tout à fait apte à répondre dans les meilleurs délais à l’ensemble des prescriptions qui lui sont adressées. Sa place au sein de cette bourgade est d’autant plus justifiée que la municipalité a fait construire, il y a quelques mois, une maison de santé – un investissement de 800 000 euros financés par les collectivités – qui, malheureusement, reste désespérément vide. Une structure capable d’accueillir plusieurs professionnels de santé dans un contexte de confort certain.
Un potentiel économique évident.
« Avec cet équipement, nous avons voulu faire preuve de notre volonté d’offrir aux professionnels ce qu’il y a de mieux en terme d’installation, révèle le maire, Joseph Rousselière. Et nous pensions en toute logique que ce serait suffisant pour y voir s’établir un généraliste, un dentiste, un kinésithérapeute, voire d’autres spécialistes, mais nous n’avons accueilli jusqu’à présent que deux infirmières indépendantes. »
Il est vrai que la ville de Brossac a joué de malchance. Son ancien médecin, parti à la retraite il y a trois ans, avait été remplacé, en 2007, par un confrère belge, qui n’a tenu que quelques mois pour des raisons conjoncturelles – en réalité une difficile adaptation. Aucun professionnel n’a pris sa relève. Pourtant, le courrier de Monique Duhau semble avoir quelque peu remué les élus puisque, récemment, des démarches ont été entreprises vers des magazines spécialisés, sous forme d’annonces, tandis que des contacts étaient engagés avec les institutions.
« J’ai aussi d’autres pistes de rebond qui m’empêchent de partir pour l’instant », confie t-elle. Notamment la présence d’une maison de retraite voisine dont je pourrais devenir un fournisseur de référence, même si les 20 lits dont elle dispose ne représenteront jamais un très gros potentiel d’activités. Autre créneau étudié par Monique Duhau, le développement de la parapharmacie ou l’orthopédie. « Cependant, notre environnement limite par sa nature les possibilités d’innovation, et le manque à gagner reste patent. Heureusement, en 2010, mes emprunts seront terminés, après onze ans d’exercice, ce qui m’apportera une bouffée d’oxygène. Mais vivement que ce médecin arrive. »
La municipalité reste optimiste, Joseph Rousselière soulignant ses intentions de recherche, et espérant malgré tout conserver sa pharmacie, qu’il estime être « un point de fixation important du commerce local ». Aux dernières nouvelles, un candidat se serait manifesté, et des transactions seraient en cours.
« Nous avons un potentiel patient suffisant pour le faire vivre, analyse le premier magistrat. Un jeune médecin débutant serait l’idéal, qui pourrait se fixer sur une région où la qualité de vie n’est pas un vain mot. Nous sommes prêts à l’aider, avec une gratuité pour les premiers mois de loyer, mais aussi pour son logement, et pour toute autre démarche. L’expérience malheureuse de notre praticien belge était le résultat non pas de son travail, mais de son âge et d’un manque d’intégration auprès des autochtones. À nous tous aussi de faire en sorte que cela ne se reproduise pas. »
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