LES JOURNALISTES épient chaque querelle de clocher, qu’elle se produise à droite, à gauche ou au centre. Cela les conduit à corriger sans cesse leurs trajectoires. On a d’abord admis que le PS commençait à se souder sous la férule de Martine Aubry, puis on a cru assister à sa décomposition quand Ségolène Royal a annoncé sa candidature. On a vu les écologistes monter en puissance et même s’unir sous une seule appellation, voilà qu’un Vert tendance Hulot démissionne à grand fracas en dénonçant des manœuvres et des coups de Jarnac. On a glosé sur les déchirures internes de l’UMP, mécontente du président, puis on a décrié un remaniement gouvernemental qui ne changeait rien, mais on ne veut pas voir que la droite a pris l’opposition de vitesse et prépare activement les élections de 2012.
Bref, on attend de chaque parti, de droite ou de gauche, qu’il implose et soit responsable de sa défaite ultérieure. Pourtant, il n’y a aucun rapport entre les passions sommaires qui agitent le landerneau et la dure réalité des résultats électoraux : le point essentiel est que la gauche a brillamment emporté les élections régionales, municipales et européennes, ce qui traduit une inversion du rapport de force entre majorité et opposition. Les Verts sont peut-être divisés, mais ils commencent à faire d’excellents scores électoraux. On ne voit pas pourquoi l’électorat français, qui s’est prononcé à trois reprises en faveur de la gauche depuis 2007, renoncerait à désigner un président de gauche en 2012. Les calculs qui incluent divers précédents historiques ou la psychologie des masses ne nous paraissent pas convaincants. La crise a fait tant de dégâts sociaux que les électeurs devraient se retourner contre le pouvoir. Ce n’est pas forcément logique, mais c’est humain.
Danger pour la droite.
Il y a toujours eu pléthore de candidats aux rendez-vous électoraux, mais, pour la présidentielle de 2012, beaucoup sont crédibles. Pas nécessairement par le programme ou l’orientation, mais parce que les sondages leur accordent des taux relativement élevés. François Bayrou, par exemple, n’a pas été enterré par les élections régionales : le voici crédité d’un score comparable à celui qu’il a réalisé en 2007, plus de 16 %. Toujours au centre, si Jean-Louis Borloo se présente, il est parfaitement capable de rallier un pourcentage relativement élevé autour de son nom. Dans le genre gaulliste néosocial qui prétend séduire le centre, Dominique de Villepin tient à se faire élire uniquement pour battre M. Sarkozy. Il n’y parviendra pas, mais les sondages lui ont accordé jusqu’à 8 %. En d’autre termes, plusieurs candidats susceptibles d’obtenir ensemble entre 35 et 40 points ne laisseraient que des miettes à M. Sarkozy. Voilà où est le vrai danger pour la droite.
C’est moins vrai pour la gauche. Encore que Jean-Luc Mélenchon, champion assumé du populisme, a une belle audience (7 à 8 %) et que, si l’on compte les scores réduits que feront le NPA, le PC et LO, si l’on admet qu’environ 15 % des Français voteront Vert ou Europe-Écologie (pas encore tout à fait unis), la voie sera étroite pour le candidat socialiste. Bien entendu, une élection présidentielle ne se limite pas au prolongement des scrutins précédents et encore moins à la traduction des cotes de popularité. Même les sondages révèlent un enthousiasme énorme, un appétit insatiable de Dominique Strauss-Kahn dont la marche est si triomphale qu’il conquiert maintenant les militants de gauche après avoir conquis ceux du centre et même de droite. Et même Nicolas Sarkozy est, en dépit de la multiplicité des configurations envisagées, crédité de quelque 26 %, sinon plus, au premier tour, ce qui le met apparemment à l’abri du syndrome de 2002.
Bref, il y aurait assez de candidats populaires pour nous faire croire que le total des pourcentages dépasse les 100 %. On peut compter sur la campagne elle-même, avec ses surprises et ses coups de théâtre pour que se décante la bouillabaisse des candidatures. Il n’empêche que M. Sarkozy devra se garder à droite s’il ne veut pas être battu par le candidat de la gauche.
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