CELA FAIT DIX ANS que Dieudonné tombe sous le coup de la loi Gayssot de 1990 contre l’antisémitisme. Et cela fait dix ans que rien n’est fait sérieusement pour le réprimer. Il a récemment regretté que Patrick Cohen, journaliste à France Inter, ne subisse pas le sort que les chambres gaz réservaient autrefois aux juifs. M. Valls a jugé – et comment ne pas être d’accord avec lui ?, qu’il fallait en finir. Il a donc rédigé une circulaire interdisant les spectacles de Dieudonné. Le tribunal administratif a maintenu le spectacle de Nantes, mais le Conseil d’État a décidé l’interdiction. M. Valls a donc remporté une première victoire, puis une deuxième, vendredi, à Tours. Il ne triomphe pas. Il se contente de dire que le combat continue. Le ministre de l’Intérieur est confronté à de multiples critiques venues à la fois de la droite et de la gauche, centrées pour la plupart sur la notion de liberté d’expression. D’Olivier Besancenot à Marine Le Pen, c’est le même discours quelque peu hypocrite qui hiérarchise les valeurs démocratiques : le racisme serait moins grave que le baillon appliqué sur la bouche d’un des hommes les plus pervers de la société française, qui prétend donner un spectacle humoristique chaque fois qu’il organise un meeting néonazi. Robert Badinter, qui est un peu la conscience du pays, estime que la bonne méthode consiste à envoyer un huissier à chaque spectacle de Dieudonné, à enregistrer ses propos antisémites et à le faire condamner sans relâche. Il est bien possible que M. Valls, politique jusqu’au bout des ongles, préfère bousculer le droit et ces fameuses « valeurs » dont nous ne cessons de nous gargariser, pour réprimer Dieudonné et en tirer un avantage personnel. Mais c’est le résultat qui compte.
Il fallait dire la vérité.
Dans tous les partis, on regrette que Dieudonné se fasse une publicité aveuglante et durable et on craint qu’il ne revête les habits de la victime. Mais d’une part, quand la France entière se taisait, il continuait à réunir des milliers de personnes venues applaudir son discours venimeux. Et, d’autre part, l’opinion ne savait rien de ce qu’il trame. Elle ne savait pas qu’il souhaite la mort à un journaliste au nom juif. Elle ne savait pas qu’il s’entoure de néonazis, d’antisémites, de révisionnistes. Elle ne savait que plus il dit des horreurs, plus ses spectateurs, convaincus qu’il se contente d’attaque le système, l’applaudissent et le vénèrent. Elle ne savait pas quel poison mortel il est en train d’injecter dans cette partie de la population qui souffre de la crise, du chômage ou de la pauvreté et à laquelle il répète que ses malheurs viennent des juifs, accusation mensongère aussi vieille que le monde.
Grâce à Manuel Valls, la France ne peut plus se voiler la face. Elle sait. En même temps, comme
aucun parti politique ne défendra Dieudonné, même pas le Front national, l’action du ministre oblige tous les responsables à adopter une position unique qui, si elle conteste la méthode, ne saurait donner un blanc-seing à l’antisémitisme.
Le risque de transformer en victime ou en « martyr » le provocateur numéro un de la France contemporaine est très faible. Car l’antisémitisme est à la fois courant et discret. Peu de gens sont fiers de leur antisémitisme, sauf ceux qui gravitent autour de Dieudonné, lequel, rappelons-le, se prétend seulement antisioniste alors qu’il s’est acoquiné avec des néonazis et qu’il vante l’efficacité des chambres à gaz. Ce n’est pas le gouvernement israélien qu’il combat, ce sont les juifs qu’il hait et dont il réclame la disparition. Oui, il faut en finir avec Dieudonné qui, maintenant, sent passer le vent du boulet et a commencé à payer ce qu’il doit au fisc, après avoir « combattu le système » en pratiquant l’évasion fiscale. Il n’est pas seulement répugnant. Il est malhonnête.
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