Il y a des témoignages qui font plaisir à entendre ; ceux de Camille Devienne, Mathilde Viel et Jérémy Rondan en font partie. Adjoints aux quatre coins de la France, ces trois pharmaciens ont un point commun, la PDA (préparation des doses à administrer). Au sein de l'officine où ils exercent, c'est à eux que la préparation des piluliers a été confiée.
« Au départ, ce n'était pas un choix. J'ai postulé pour être adjointe parce que l'équipe devait être renforcée suite à la création d'un cabinet médical à proximité », explique Mathilde Viel, adjointe dans la Nièvre. En poste depuis un an tout juste, elle a découvert l'activité de PDA sur le tas, et a appris à l'apprécier : « Comme l'activité était déjà en place, je me suis intéressée à la production des piluliers ; ma titulaire m'a peu à peu initiée à cette activité. » Au début, sa tâche se limitait à la facturation. Maintenant, elle assure, avec la pharmacienne titulaire et une préparatrice, la production des PDA pour environ 150 lits répartis sur 2 maisons de retraite. « Ce travail de réalisation des piluliers me prend environ 48 heures par semaine. C'est un bon compromis avec le comptoir. Le fait d'alterner les activités me convient très bien. »
Le hasard, c'est lui aussi qui a conduit Camille Devienne à prendre en charge l'activité PDA au sein de l'officine où elle est adjointe depuis quatre ans, dans le Rhône. « Je suis entrée dans cette pharmacie pour remplacer un membre de l'équipe en congé maternité. La PDA était un service déjà proposé depuis 3 ans à mon arrivée. Quand un poste s'est libéré, je me suis proposée », raconte-t-elle. Dans cette pharmacie particulière, la PDA tient une place centrale : « Nous travaillons avec 21 établissements, ce qui correspond à environ 2 000 patients. » Son activité de PDA, Camille Devienne l'occupe à plein temps : « Nous sommes deux adjoints à plein temps pour gérer la production, du début à la fin. C'est une activité quotidienne, de 7 h 30 le matin à 19 h 00 le soir. Un des deux titulaires se charge des relations avec les établissements partenaires ; l'autre gère la partie officine. » Pour assister l'équipe dans ce travail, la pharmacie s'est équipée d'un appareil robotisé HD Medi, qui permet la préparation de sachets doses nominatifs.
C'est sur ce même robot que travaille Jérémy Rondan, adjoint en Guadeloupe. Lui a vécu l'installation de la PDA au sein de l'officine où il exerce depuis quatre ans : « Suite à la création d'un EHPAD à proximité de la pharmacie, le titulaire a fait le choix d'investir dans un appareil pour PDA. » Le jeune pharmacien a sauté sur l'occasion : « J'ai proposé de m'occuper de cette activité parce que cette forme d'exercice m'intriguait. »
Avec la PDA, les adjoints ont trouvé leur place dans l'officine
Parmi les nouvelles missions et les activités à potentiel de développement pour l'officine, la PDA est un poste qui conjugue les intérêts économiques de l'entreprise et ceux de santé publique. C'est ce qui plaît à Jérémy Rondan, qui ne regrette pas du tout son choix. « La PDA transforme le métier de façon positive. C'est un service supplémentaire que le pharmacien propose et qui satisfait tout le monde, des patients aux équipes soignantes. Quand l'infirmière vous dit merci, ça fait plaisir », s'enthousiasme ce jeune confrère. Même constat positif dans le Rhône, où Camille Devienne avoue que la PDA est finalement une bonne surprise : « Je ne fais plus de comptoir mais ça ne me manque pas. Je trouve l'activité au comptoir plus frustrante. » Les trois jeunes pharmaciens l'affirment de manière unanime ; en leur confiant l'activité de PDA, leurs titulaires leur ont permis de s'épanouir dans leur poste d'adjoint. « Dès le début, j'ai été associé au choix du système de PDA », intervient Jérémy Rondan. En équipe avec une préparatrice, il consacre environ 2 heures par jour à cette activité, pour 80 à 85 patients. Dans le Rhône aussi, l'implication de Camille Devienne dépasse la seule production des piluliers : « Je gère l'équipe de PDA qui se compose de cinq préparateurs et d'un confrère. Sur l'ensemble des préparatrices, quatre s'occupent de la facturation. Il faut aussi gérer les contacts avec les médecins et les infirmiers, ce qui rend l'exercice encore plus passionnant. »
C'est qui le référent médicament ?
À travers la PDA, les pharmaciens démontrent surtout leurs compétences pharmaceutiques, d'analyse critique et constructive de la prescription. Et c'est ce qu'apprécient particulièrement ces jeunes pharmaciens investis dans la PDA. Pour eux, la PDA permet de valoriser l'intervention du pharmacien, et d'améliorer le bon usage du médicament. « Nous sommes régulièrement sollicités pour des précisions sur les modalités de conservation, d'administration, ou sur des problèmes d'observance. Une confiance s'est établie avec les professionnels de santé partenaires, qu'il s'agisse des médecins ou des infirmières », explique Camille Devienne.
Dans la Nièvre, Mathilde Viel est en relation avec les infirmières au moins 1 fois par jour : « Nous sommes véritablement identifiés comme les référents en matière de médicament. » En comparaison avec le comptoir, l'activité de PDA offre aussi du temps et permet d'accéder à des données complémentaires pour approfondir la prescription et les posologies, comme le confie Camille Devienne : « Nous disposons des résultats des prises de sang, ce qui nous permet d'analyser plus précisément l'ordonnance. Par exemple, pour un traitement concomitant par spironolactone/potassium, l'ionogramme nous aide à détecter une interaction et de la signaler au prescripteur. » Ce constat sur le bon usage est partagé par Jérémy Rondan : « Je m'étais aperçu qu'une infirmière pulvérisait tous les comprimés. Je lui ai donc fait parvenir la liste des médicaments qu'il ne fallait pas écraser. »
Pour les adjoints, la PDA est une activité d'avenir
En termes d'observance aussi, la PDA offre des avantages. En Guadeloupe, Jérémy Rondan est confronté à la barrière du langage, susceptible d'accroître le risque d'erreurs médicamenteuses. « Ici, on parle créole, raconte-t-il. Les consignes que nous donnons à l'oral ne sont pas toujours comprises. Avec la PDA, c'est écrit sur le sachet, ce qui améliore la compréhension. » Pour ces adjoints dont la carrière débute, l'activité de PDA est une opportunité pour tous les patients, même ambulatoires. « Je pense que l'avenir, c'est le patient comptoir qui pourra bénéficier de la PDA. D'ailleurs, nous le faisons déjà pour une patiente. Elle était en maison de retraite et maintenant qu'elle est revenue vivre à son domicile, sa fille a demandé de conserver ce système pour plus de sécurité et de confort », témoigne Camille Devienne.
La PDA rime aussi avec qualité car pour mener cette activité avec rigueur, il est indispensable de disposer de procédures écrites. « Autant faire les choses le mieux possible pour être prêt quand le décret sur les bonnes pratiques sortira », conclut Camille Devienne.
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