QUELQUES chiffres tout d’abord témoignent d’une montée en puissance de la PDA. Avec l’allongement de l’espérance de vie, l’augmentation du nombre de patients atteints de maladies chroniques et de la durée de la dépendance, l’INSEE prévoyait, il y a 6 ans, que les structures d’accueil des personnes âgées dépendantes devraient être en mesure d’héberger au moins 600 000 résidents à l’horizon 2020. Les plus de 65 ans représentent déjà plus de 16 % de la population française et près de 40 % de la consommation médicamenteuse. Dans cette tranche d’âge, 10 % des motifs d’hospitalisation sont liés à une pathologie médicamenteuse et plus de 20 % après 80 ans. Or, comme l’avait indiqué en 2005 l’Enquête nationale sur les effets indésirables (ENEIS), près de la moitié des accidents médicamenteux recensés sont évitables. La sécurisation du circuit du médicament et le bon usage du médicament dans les établissements gériatriques apparaissent donc comme une nécessité.
Flou juridique.
Face à des résidents de plus en plus nombreux et polymédiqués, aux contraintes budgétaires et au manque chronique de personnel, de nombreux établissements d’EHPAD dépourvus de pharmacie à usage intérieur (PUI) choisissent de confier aux pharmaciens d’officine le soin de préparer les médicaments sous forme de blisters, de piluliers ou de sachets. En parallèle, le nombre de personnes préférant le maintien à domicile augmente et, là aussi, le pharmacien a un rôle à jouer qui entre dans les nouvelles missions consacrées par la loi HPST (Hôpital, patients, santé et territoires). Pourtant, le décret relatif à la PDA est toujours en attente (voir encadré)…
Malgré tout, c’est un fait, la PDA est en progression. Selon une enquête de l’IGAS de 2011, 41 % des officines fourniraient des médicaments à un ou plusieurs EHPAD et 22 % auraient déjà mis en place un système de PDA. Au risque d’être dans l’illégalité, comme l’a montré, en 2008, une décision de la cour d’appel de Rouen rappelant qu’une AMM était attribuée pour le produit avec son conditionnement. Un pharmacien a ainsi été condamné pour avoir conditionné et reconditionné des médicaments pour une EHPAD sans PUI, les deux chefs d’inculpation étant la commercialisation d’un médicament sans AMM et l’exercice illégal de la pharmacie industrielle par le reconditionnement.
Faire le bon choix.
Même si, de l’avis de tous, un cadre et une réglementation sont indispensables, « le développement de la PDA est quasi inéluctable, comme c’est déjà le cas dans d’autres pays européens », pense Jean-Bernard Jombart de Multiroir. Les fabricants d’automates ou spécialisés dans le mobilier et les équipements hospitaliers ou de pharmacies n’ont donc pas attendu pour présenter leurs modèles, les vendre et les installer. La PDA, c’est-à-dire la préparation de piluliers, de sachets ou de plaquettes thermosoudées, pour 1, 7, 14 ou 28 jours, peut être manuelle ou automatisée avec (ou non) des opérations de déconditionnement, de reconditionnement ou de surconditionnement des médicaments (ajout d’un conditionnement extérieur au conditionnement primaire).
Euraf, Multiroir, Robotik Technology, Practidose… Chaque société défend la qualité et les avantages des outils développés pour les pharmacies. Euraf et Robotik Technology, par exemple, ont opté pour des solutions entièrement informatisées et automatisées, visant à sécuriser au maximum la préparation des doses à administrer et à assurer une traçabilité totale. Sur chaque sachet-dose figurent le nom du patient, la date, le nom des produits, le dosage, la posologie, etc. L’infirmière peut alors comparer à partir de son logiciel de gestion de soins, contrôler, modifier au besoin, valider et enregistrer avant de renvoyer les informations au prescripteur et au pharmacien. Bien entendu, la taille de l’automate doit être adaptée aux besoins de la pharmacie, qui dépendent non pas tant du nombre de lits que de celui des établissements et des prescripteurs. L’investissement reste important malgré une baisse des prix (à partir de 50 000 euros jusqu’à 170 000 euros), auxquels s’ajoutent les consommables. « Il faut qu’il y ait une volonté qualitative de la part du pharmacien et que ce soit économiquement intéressant », résume Jean-Baptiste Guillot (Euraf). « Nous insistons sur la nécessité de réunions tous les 2 ou 3 mois à la maison de retraite pour bien mettre en place les procédures, faire des réglages et trouver des améliorations. Ces échanges sont très constructifs ».
Chez Multiroir-Manrex, la PDA manuelle version hebdo peut s’appuyer sur son logiciel Sécur’dose, simple d’utilisation, pour la préparation et la traçabilité. « L’investissement de départ est modique par rapport aux automates et le logiciel est mis gratuitement à la disposition du pharmacien », souligne J.-B. Jombart. Pour sa part, Practidose, leader historique en matière de piluliers, pointe les risques associés au déconditionnement qui sous-tendent les problèmes juridiques évoqués plus haut. Risques d’altération du principe actif et de contamination bactérienne et/ou croisée. Et risques d’interactions physico-chimiques contenant-contenu en cas de reconditionnement dans un conditionnement non prévu par l’AMM.
« Nous pensons que, pour garantir la sécurité des patients et améliorer la traçabilité, mieux vaut chercher à optimiser la PDA manuelle, beaucoup moins coûteuse, par l’utilisation du datamatrix et d’un logiciel (Modulo Track) et s’en tenir au conditionnement hebdomadaire, avec découpage du blister dans l’emballage du médicament », explique Régis Guitard. Practidose réfléchit aussi, pour la fin de l’année, à un nouveau système de pilulier destiné à répondre à la demande de PDA pour les patients à domicile.
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