En 2004, lorsque Marlène Gérard s’est installée à Preignac, à 40 kilomètres de Bordeaux, la commune accueillait alors deux pharmacies et trois médecins généralistes. Le dentiste venait de fermer son cabinet. En 2009, la pharmacie Gérard est transférée dans de nouveaux locaux. En 2011, elle devient la seule officine du village. Dix ans après son installation, les trois médecins sont toujours là mais deux d’entre eux ont dépassé les 70 ans. Bien que deux des trois médecins soient maîtres de stage et accueillent en conséquence tous les semestres de futurs diplômés, le renouvellement n’a pas lieu.
« En 10 ans, aucun des vingt internes en médecine générale accueillis dans la commune n’a manifesté la volonté de s’installer. L’inquiétude était alors grandissante. Que faire pour donner envie aux médecins de venir chez nous ? Le constat est simple : ils ne veulent pas travailler de façon isolée, ils ne veulent pas reprendre un cabinet où ils seraient seuls ou à deux médecins, ils veulent être au moins trois, dans des locaux qualitatifs, mutualiser leurs moyens pour optimiser leur qualité de travail et travailler dans des conditions d’interprofessionnalité », explique Marlène Gérard. Une inquiétude et un constat partagé par la généraliste la plus jeune. Ensemble, elles décident de regrouper leurs locaux.
« Depuis le transfert en 2009, l’étage au-dessus de la pharmacie était vacant. On y a fait le cabinet médical avec une salle de réunion et de repos commune, du coup on s’est mises à déjeuner ensemble, et donc à parler de nos patients. On a constaté qu’on travaille mieux quand les barrières tombent et on a décidé d’aller plus loin en créant une maison de santé pluridisciplinaire (MSP) avec un projet de santé et un engagement dans un travail d’équipe avec des missions de prévention », décrit Marlène Gérard.
Une prise en charge globale
Le concept a apporté la réponse que les médecins recherchaient, ils sont arrivés progressivement et il a fallu agrandir les locaux. « Aujourd’hui il y a la pharmacie avec une diététicienne qui travaille aussi bien pour la MSP que pour l’officine, six médecins généralistes, un dermatologue, une sage-femme, quatre infirmières dont une Azalée, deux ostéopathes partenaires (car ils ne sont pas professionnels de santé au sens strict et ne peuvent pas entrer dans la MSP en tant que membres actifs), trois secrétaires dont une qui est coordinatrice, une pédiatre qui arrive le 15 janvier prochain, et la médecine du travail de la MSA qui est dans les locaux trois jours par semaine. » Le travail en interprofessionnalité a un impact positif sur les patients qui ont bien intégré que leurs professionnels de santé travaillent en équipe et communiquent entre eux.
« Pour les patients c’est rassurant, ils ont compris qu’ils bénéficiaient d’une prise en charge globale et que la pharmacie en est la porte d’entrée. Les médecins nous utilisent d’ailleurs comme porte d’entrée de la MSP. Par exemple, deux médecins généralistes assurent la prise en charge des petites urgences au sein de la MSP, c’est la pharmacie qui oriente les patients en fonction des besoins. Soit nous pouvons prendre en charge, soit ce n’est pas de notre ressort et nous les envoyons aux urgences », ajoute Marlène Gérard. Et le projet ne fait que commencer, la MSP va maintenant déployer son projet de santé et les missions associées. Au programme, optimisation de la couverture vaccinale et actions de prévention en gérontologie. « Nous avons également été sollicités par l’agence régionale de santé pour porter un projet visant les enfants et adolescents en surpoids. »
Des confrères impliqués
Une démarche applaudie par le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), Gilles Bonnefond, pour avoir été « capable de fédérer autour d’un projet » et autour de la pharmacie « en briques et qui doit répondre à des règles d’installation sur le territoire ». Une situation qui peut être lourde de conséquence lorsque les prescripteurs quittent la commune ou lorsqu’ils ne sont pas remplacés. Ce qui explique, selon lui, que les pharmaciens sont souvent à l’initiative de projets d’interprofessionnalité, notamment des CPTS ou communautés professionnelles territoriales de santé. « C’est une solution intéressante quand on ne peut passer le cap difficile d’un regroupement dans des locaux, qui se crée à l’initiative des professionnels de santé libéraux sur le territoire, sous la forme d’une association loi 1901 et qui va travailler avec l’hôpital et le secteur médico-social. »
Pour Gilles Bonnefond, la coordination entre les professionnels de santé, et en particulier entre pharmaciens, médecins et infirmières, devient incontournable au moment où se déploient encore de nouvelles missions pour l’officine. « Je ne suis pas inquiet sur l’implication des confrères puisqu’à chaque fois qu’ils sont confrontés à des défis difficiles, on observe une mobilisation sans faille. Regardez leur engagement sur la pilule du lendemain, la Stéribox, le préservatif et maintenant la vaccination contre la grippe. Pour cette première année de généralisation, 75 % des pharmaciens vaccinent ! » Et pour ce qui est de porter un projet interprofessionnel comme une MSP ou une CPTS, le pharmacien est tout désigné selon Marlène Gérard. « Le pharmacien est accessible, compétent et entrepreneur, il sait porter un projet, le promouvoir et le faire vivre. »
D'après une conférence lors du congrès Pharmacie Référence Groupe.
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