À peine la candidature de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, à la mairie de Paris était-elle connue qu’Olivier Véran était nommé, dimanche soir, à sa succession. Cette absence de latence a été saluée par la plupart des professionnels de santé, pharmaciens compris, qui y voient une volonté de continuité et une prise en compte par le gouvernement du caractère d’urgence des dossiers en cours : effondrement de l’hôpital, implosion des urgences et menace d’une épidémie du coronavirus « Covid-19 ».
Il est vrai que ces crises sans précédent de notre système de santé ne pouvaient souffrir une vacance du pouvoir. Le gouvernement ne s’y est pas trompé et a appelé Olivier Véran, un médecin neurologue, député de l’Isère, issu des rangs socialistes mais ayant rallié La République en marche.
Taxe soda et moustique-tigre
Député très prolifique, il s’est fait remarquer aux cours de ces débats par de nombreux amendements, précurseur sur des sujets tels que la « prescription pharmaceutique » (dispensation sous protocole), le pharmacien correspondant, l’expérimentation du cannabis thérapeutique et la constitution de stocks de sécurité pour lutter contre les pénuries de médicaments (voir ci-dessous). Il est encore à l’origine de la taxe soda, de l’interdiction de l'embauche de mannequins trop maigres, du Nutri-score ou d’une proposition de loi sur les opérations de lutte contre le moustique-tigre.
C’est dire si le nouveau ministre n’est pas un inconnu pour les professionnels de santé, et plus particulièrement pour leurs syndicats. « Nous n’avons cessé de travailler avec lui au sein de la commission des affaires sociales depuis le quinquennat de François Hollande. Il n’est pas rare qu’il demande notre avis sur des problématiques de la pharmacie. Il ne se contente pas de nous entendre, il nous consulte aussi », apprécie Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Un homme de dialogue qui est aussi salué par Gilles Bonnefond. Le président de l’Union des syndicats de pharmacie d’officine (USPO) n’a pas trop de doutes sur la conception qu’a Olivier Véran de la pharmacie. Il l’attend en revanche sur le dossier brûlant du projet de la loi sur l'accélération et de simplification de l'action publique (ASAP). « Il est trop fin connaisseur du monde de la santé pour assimiler celui-ci à un commerce et pour être favorable aux plateformes de vente en ligne », affirme Gilles Bonnefond, en soulignant l’urgence d’agir pour contrer « Amazon qui va vite et loin dans la captation du marché de la santé ».
Ne pas négliger l'économie officinale
Interlocuteur privilégié des pharmaciens, Olivier Véran devra également le rester dans le dossier des relations ville hôpital. « Des liens auxquels je le sais très attaché. Nous serons par conséquent attentifs aux concrétisations sur le sujet des sorties hospitalières et sur l’implication du pharmacien dans la prise en charge du grand âge, à domicile comme en EHPAD », déclare le président de l’USPO. Député d’un département touché par les déserts médicaux, le nouveau ministre de la Santé est doublement attendu par les pharmaciens sur l’organisation des soins primaires dans les territoires, notamment dans la création des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). « Nous réclamons une stratégie pour donner des perspectives économiques aux pharmaciens des villages et des quartiers. C’est aujourd’hui notre principal sujet de préoccupation et nous espérons être entendus par le nouveau ministre de la Santé. La défense de la pharmacie face au projet de loi ASAP n’en est qu’une facette », martèle Philippe Besset.
Le praticien hospitalier qui avait su jusqu’à présent se mettre à l’écoute des organisations des professionnels de santé libéraux, sera particulièrement observé dans les semaines à venir. Il se devra de préserver ce lien de proximité avec la médecine de ville, alors même qu’il devra renouer le dialogue avec les personnels hospitaliers et résister aux pressions de la rue pour les retraites. Deux chantiers prioritaires. Et deux dossiers à déminer.
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