A peine Edouard Philippe avait-il obtenu la confiance des parlementaires que Nicolas Hulot, ministre de l'Environnement, exposait un plan pour supprimer toutes les automobiles à essence ou diesel d'ici à 2050. Un projet de lutte contre l'autisme, qui avait soulevé un peu de scepticisme, était confirmé. Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, déclare, dans le droit de fil de la « désintoxication fiscale » voulue par M. Philippe, qu'il réalisera des cessions d'actifs de l'Etat d'ici à la fin de l'année, donc en moins de six mois, et pour un montant élevé. Le gouvernement d'aujourd'hui ressemble à une armée qui avance sur un large front, comme pour ratisser le pays et en débusquer les scléroses. Les actions entamées aussitôt après le vote de confiance augmentent sa crédibilité et réduisent l'effet des nombreuses critiques que lui adresse l'opposition.
Le personnage du Premier ministre, moins connu que le président Macron il y a encore quelques mois, a gagné en épaisseur. Il a une façon presque physique de se lancer dans les réformes et on devine qu'il lui tarde de remporter de premiers succès pour asseoir son autorité. Dans son discours, il a convoqué le souvenir de Chaban-Delmas et de Rocard, deux hommes qui, chacun dans son camp, ont essayé de changer la société et ont donné les clés du changement. Le discours de M. Philippe, plus concret que celui de M. Macron et comportant plus d'effets d'annonce, était peut-être plus intéressant à entendre. Mais on y a décelé sans mal des contradictions entre l'ambition très forte du moins-disant fiscal et la mise en œuvre de projets coûteux, par exemple le plan d'investissement de 50 milliards (où est l'argent ?) et le remboursement sans reste à charge de certaines prestations médicales par une assurance-maladie que l'on se fait fort de rééquilibrer néanmoins.
D'où vient la soudaine rigueur
On devine pourquoi le gouvernement a tout à coup insisté, sans que l'on s'y attende, sur la nécessité de ramener le déficit budgétaire sous la barre des 3 %. Le président Macron était présent au G20, s'apprête à recevoir Donald Trump à Paris, bénéficie d'un avis très favorable d'Angela Merkel. La France ne peut pas reconstituer l'axe franco-allemand et donc elle ne peut pas relancer la construction européenne si elle n'est pas un modèle de sérieux et de sobriété fiscale. Souvenez-vous : il y a quelques jours, le pouvoir laissait entendre qu'il ne pourrait pas tenir les engagements français en matière de déficit budgétaire. Il a brusquement changé d'avis parce que la commisison de Bruxelles et les Allemands le lui ont demandé. D'où les augmentations d'impôts qui nous attendent et seront plus importantes que les baisses consenties aux moins riches.
Du coup, la question utile, c'est de se demander s'il faut à tout prix soutenir un gouvernement qui est en train de réinventer l'austérité et qui, au fond, compte moins sur la réduction de la dépense publique que sur la hausse des impôts. Plus que les mesures qu'il annonce, c'est la philosophie de sa gouvernance qui doit nous intéresser. D'une part, nous ne saurions réclamer la disparition d'une équipe qui dispose de la majorité absolue, avant même qu'elle ait fait ses preuves ; d'autre part, il est bon que paroles et actes trouvent d'abord leur cohérence puis produisent des résultats avant que nous commencions à juger le pouvoir. Qui aurait vu M. Macron à la tête du pays il y a un an ? Même si la conquête électorale n'a rien à voir avec l'exercice du pouvoir, le président et son Premier ministre ont quelques semaines pour trouver leurs marques, mettre de l'ordre dans leur affaires et effacer nos craintes par quelques bons résultats.
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