LA MONDIALISATION a changé les règles du jeu de la concurrence. Elle a permis aux pays dits émergents de s’affranchir de la misère et d’amorcer un rééquilibrage entre le Nord et le Sud qui s’exerce en leur faveur et à notre détriment. Ses effets sont maintenant assez dévastateurs pour que les États-Unis et l’Europe, endettés, frappés par un chômage massif, menacés de faillite, songent à les atténuer. Nous avions cru que nos technologies avancées et le développement des services suffiraient à créer les emplois qui, aujourd’hui, manquent cruellement. Mais les services ne peuvent eux-mêmes accroître leur activité que s’ils s’appuient sur la production manufacturière.
L’abaissement des coûts de production par la diminution des charges sociales et par le gel des rémunérations (parfois par leur réduction) est une course au suicide s’il constitue le seul moyen de lutter contre des productions qui coûtent jusqu’à dix fois moins cher que les nôtres. C’est pourquoi, s’il est raisonnable de trouver d’autres ressources aux budgets sociaux en taxant le capital et l’épargne et en revenant à des normes de travail moins généreuses, la solution de fond ne peut résider que dans la recherche et dans l’innovation. L’Allemagne a à la fois contenu ses coûts de production et pris la tête des productions technologiques avancées, ce qui lui a déjà permis de créer des emplois, de commencer à diminuer les déficits publics et d’envisager l’avenir de façon plus sereine que la France. Nicolas Sarkozy n’a lancé la réforme des universités en 2007 et ne l’a financée que pour élever le niveau technologique des produits manufacturés français. Nous bénéficierons dans quelques années des effets positifs de cette réforme, nécessaire mais pas suffisante, comme en témoigne le chômage élevé qui sévit chez les jeunes dont le niveau est médiocre ou nul. La réforme de l’enseignement public est incomplète. L’accès au travail est interdit à des jeunes qui n’ont pas la maîtrise du langage.
Parmi les pays émergents, la Chine, dont le rythme de développement demeure imbattable, entend mettrre à profit ses succès économiques pour exercer son rayonnement dans le monde. Elle achète des terres en Afrique pour nourrir sa population pléthorique ; sa soif d’énergie fait s’élever dangereusement le prix du pétrole; elle est disposée à prêter de l’argent aux Européens endettés, ce qui est une forme de suprématie, d’autant que Grecs et Espagnols ne rejettent guère ses offres ; non contente de copier nos technologies, notamment dans le domaine de la création artistique, sans payer de droits, elle ne conclut de contrats avec ses partenaires commerciaux que s’ils sont accompagnés de transferts de technologie qui, à long terme, nous affaibliront par rapport à elle. On ne peut pas ignorer des dangers commerciaux qui ont une signification géopolitique, même si le taux de croissance des pays émergents devra ralentir, même si l’inflation menace l’économie chinoise, même si les travailleurs des pays émergents exigent des augmentations de salaires qui, en deux ou trois décennies, finiront par équilibrer les coûts de production ici et là-bas.
Retour au protectionnisme ?
Nous ne pouvons pas attendre trente ans pour retrouver un plein emploi qui a disparu depuis 35 ans. L’idée qui se fait jour aux États-Unis et en Europe est éculée : c’est le retour au protectionnisme. S’il est pratiqué de manière systématique, il ruinera tout le monde, les acheteurs et les vendeurs. Si le commerce mondial est encadré par des règles plus rigoureuses qui ne seraient plus à sens unique, on peut explorer cette voie. On peut penser ce que l’on veut de Nicolas Sarkozy, il a tous ces paramètres en tête. Paradoxalement, il accepte de vendre à la Russie des navires Mistral et des avions Airbus à la Chine, avec transfert de technologies. Ce sont les Russes et les Chinois qui font la meilleure affaire. En dehors de ces accrocs à la protection de nos secrets industriels, le président sait que le salut économique et social de la France dépend de sa compétitivité. Encore faut-il que les Français acceptent de travailler dur pour connaître des jours meilleurs dans une décennie. Encore faut-il qu’ils subissent les réformes sans rechigner. Pourtant, ils devraient être fiers de leur productivité, qui est très élevée, et de leur savoir-faire. Ils ont les moyens de réussir.
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