AU PARTI SOCIALISTE, les seconds couteaux et les militants sont consternés. Machine à perdre, disent-ils. La majorité et la presse de droite se réjouissent. Ils ont tous tort. De même que croire que Nicolas Sarkozy est battu d’avance parce que les sondages l’affirment 15 mois avant l’heure, de même croire que les socialistes ne sortiront jamais de leurs divisions internes et feront une campagne désastreuse, c’est aller bien trop vite en besogne.
Bien entendu, tout peut arriver. Par exemple, on ne voit pas encore ce qui, dans les mois qui viennent, permettra à M. Sarkozy de remonter le courant qui, inéluctablement, semble-t-il, l’entraîne dans des abysses. On constate aussi que, décidément, les socialistes ne parviennent pas encore aujourd’hui à dépasser leur bataille d’ego. Il n’empêche toutefois que ça ne peut pas aller mal dans les deux camps. Ce qui est mauvais pour la majorité est fatalement bon pour l’opposition et vice versa. En fait, on n’a jamais assez de prescience pour prévoir l’avenir immédiat (ou à plus long terme). Qui aurait cru, il y a un mois, à la révolution tunisienne ? Ayons au moins la sagesse de convenir que nous ne savons pas du tout comment les choses vont tourner. Rappelons-nous que M. Sarkozy est bien meilleur en campagne qu’aux affaires ; mais que les Français semblent tellement souhaiter l’alternance que, pratiquement, n’importe qui au PS l’emporterait contre lui, y compris François Hollande. Établissons en tout cas quelques points-clés de a campagne électorale qui s’annonce.
1) L’échange acide entre Mmes Royal et Aubry est beaucoup moins grave que des échanges précédents. La ou là, dans trois jours on n’en parlera plus. On peut aimer ou non Ségolène Royal, mais elle est dans le rôle parfaitement légitime que lui confèrent les primaires. Ce système, le PS l’a importé des États-Unis. Pendant les élections primaires, consultation populaire au sein d’un parti donné, les candidats ne font pas de quartier. En Amérique, ils se disent des choses extrêmement méchantes. Bill Clinton avait déclaré que si Barack Obama n’était pas noir, il n’aurait pas eu tant de succès. Ce qui n’a pas empêché sa femme, Hillary, de devenir secrétaire d’État. Bref, tant qu’elle n’a pas perdu, Mme Royal peut donner à ses compétiteurs tous les coups qu’elle souhaite donner. De la même manière, Manuel Valls a parfaitement le droit de remettre en cause les 35 heures.
Il y a le temps du rassemblement.
2) Ce qui ne donne pas raison à Mme Royal sur le fond de ce micro débat. Mme Aubry est libre de se déclarer le jour qui lui semblera le bon, et Dominique Strauss-Kahn aussi. On peut reprocher au directeur du Fonds monétaire international de faire les choses à sa convenance et de ne pas sacrifier sa position actuelle à une cause plus grande. Mais un calendrier a été fixé qui n’engage d’ailleurs que ceux qui l’ont fixé. Si DSK veut se déclarer candidat indépendant en décembre prochain, qui pourra l’en empêcher et qui peut affirmer qu’il n’aurait pas une très force chance de gagner ?
3) La machine à perdre n’existerait que si, après les primaires, les éléphants continuaient à s’entretuer, privant la gauche d’une unité indispensable à la victoire électorale. Le précédent de 2007 montre que les socialistes sont capables se rassembler autour du vainqueur des primaires puisque Ségolène Royal a fait un score tout à fait honorable.
4) Le seul vrai danger pour les socialistes, c’est Jean-Luc Mélenchon. En tirant à boulets rouges sur DSK, il tente de le discréditer en tant que candidat de gauche. Il rend ainsi service à la droite dont les chances sont meilleures contre les autres candidats socialistes. M. Mélenchon a décidé d’être désagréable avec à peu près tout le monde, c’est une posture qui vaut ce qu’elle vaut, mais lui aussi est tout à fait libre de faire campagne comme il l’entend. Seul compte le verdict de l’électorat.
5) M. Mélenchon joue à gauche, mais avec moins de troupes, le rôle que Marine Le Pen joue à droite. Pour le moment, ce ne sont ni les centristes ni Dominique de Villepin qui étranglent la candidature de Sarkozy, encore qu’ils ne la facilitent guère. C’est le Front national, crédité de 17 % des suffrages, et d’une motivation telle que les électeurs du Front semblent préférer la victoire de la gauche à un report de leurs voix sur M. Sarkozy.
On en est là aujourd’hui. Il sera toujours temps, dans quelques jours, de publier un autre bulletin météorologique.
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