HONNEUR à la reine du suspense Mary Higgins Clark, qui publie, à 85 ans son 60e roman, « le Bleu de tes yeux » (1). L’histoire est comme d’habitude bien ficelée, où une jeune femme vit depuis cinq ans, avec son fils, dans la hantise du retour de l’homme aux yeux d’un bleu électrique qui a tué son mari. Tout s’emballe quand elle lance une émission de téléréalité consacrée à une autre vieille affaire non élucidée.
Coup d’essai et coup de maître, « 13 jours » (2), de Valentina Giambanco, d’origine italienne et installée depuis longtemps à Londres, s’est imposé d’emblée sur la scène du thriller britannique. Vingt-cinq ans après l’enlèvement de trois enfants, l’un des deux survivants est assassiné avec ses deux fils. Alice Madison, dont c’est la première grande enquête, a 13 jours pour arrêter la main du tueur.
« Dernière récolte » (3), de l’Américaine Attica Locke, n’est pas seulement un roman noir qui se déploie après l’assassinat d’une femme dans une plantation de Louisiane transformée en parc d’attraction historique. Alors que la société qui exploite aujourd’hui les champs de canne à sucre cherche à s’agrandir et remplace les employés locaux par des immigrés clandestins, l’auteur revient sur un pan de l’histoire afro-américaine et sur les conséquences d’un passé flou ou nié.
Après la traduction d’une quinzaine de ses romans, on connaît bien Robert Crais et son duo de détectives Cole-Pike. Dans « Suspect » (4), il nous propose les aventures d’un autre tandem étonnant, constitué d’un ex-superflic mis au placard après que sa coéquipière Stéphanie a été abattue, et d’un chien soldat traumatisé après que son maître s’est fait balayer par une bombe. Cahin-caha, les deux s’apprivoisent et se lancent sur la piste du meurtrier de Stéphanie.
Roman noir plus que polar, « la Faux soyeuse » (5), le premier roman d’Éric Maravelias, est l’odyssée pathétique d’un jeune de la banlieue parisienne. Pour Frank, le narrateur, les années 1980 ressemblent à la belle vie, entre vols, braquages et amours, jusqu’à l’arrivée en masse de la drogue dans les quartiers, la glissade et la chute irréversible, puis, dans les années 1990, le sida, la maladie et la mort. Un récit pour découvrir ce qui se passe au pied de nos immeubles sans autre danger que d’être hanté par ces personnages.
Les habitués du Nord.
Le talent des romanciers est de se renouveler en restant fidèles à leurs personnages. Le roman policier en offre quantité d’exemples et les auteurs venus du Nord en particulier. C’est ainsi que le Norvégien Jo Nesbo publie le 10e volume des enquêtes de l’inspecteur Harry Hole. « Police » (6) démarre par le meurtre d’un policier d’Oslo à la date anniversaire et sur les lieux d’un crime non élucidé, alors que la police ne dispose d’aucun indice et en l’absence de son meilleur limier.
« Le sang versé » (7), qui fait partie des cinq tomes de la série autour de Rebecka Martinsson (« Horreur boréale » a déjà été traduit), a été élu Meilleur Roman policier suédois. Le récit se déroule dans un village du cercle polaire où le pasteur de la paroisse, une femme, a été assassiné et l’héroïne, avocate comme l’auteur Asa Larsson, remonte la piste de cette affaire, qui réveille le souvenir traumatisant d’un autre meurtre.
Après « Persona » et « Trauma », « Catharsis » (8) clôt la trilogie « les Visages de Victoria Bergman », d’Erik Axl Sund, le nom de plume du duo Hakan Axlander Sundquist et Jerker Eriksson (ce dernier étant le producteur du groupe électro-punk de Hakan, iloveyoubaby !). Impossible à résumer et d’une noirceur vertigineuse, la trilogie a reçu un prix spécial de la Swedish Academy of Crime Writers pour sa « psychanalyse hypnotique et captivante sous forme de polar ».
La Norvégienne Monica Kristensen a choisi d’exploiter son doctorat en glaciologie et les années qu’elle a passées dans l’archipel du Svalbard en les mettant en scène dans des polars délicieusement glaçants. Dans « Vodka, Pirojki et Caviar » (9), le policier Knut Fjeld est missionné dans la ville russe de Barensburgen, où vivent des expatriés d’Ukraine ou de Russie, après un accident dans une mine. Coincé par la tempête, étranger au sein d’une communauté méfiante, écrasé par les majestueux glaciers et la mer opaque, il trouve, en dépit de la vodka et autres douceurs qu’on lui propose, que cela sent le meurtre.
Dans « la Dernière Carte » (10), la Suédoise Carin Gerhardsen nous ramène au commissariat de Hammarby, dans la proche banlieue de Stockholm, pour une quatrième enquête : l’assassinat d’un homme ordinaire, marié à une Singapourienne rencontrée lors d’un voyage, bon père de famille, entraîneur de football apprécié de tous. Amateur de poker aussi et donc bluffeur invétéré.
(2) Albin Michel, 542 p., 22,50 euros.
(3) Gallimard, 404 p., 22,50 euros.
(4) Belfond, 314 p., 20,50 euros.
(5) Gallimard, 253 p., 16,50 euros.
(6) Gallimard, 594 p., 21 euros.
(7) Albin Michel,466 p., 22 euros.
(8) Actes Sud, 438 p., 23 euros.
(9) Gaïa, 301 p., 21 euros.
(10) Fleuve éditions, 323 p., 19,90 euros.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion