« PLUTÔT que de se concurrencer, nous avons préféré travailler ensemble en faveur de la prévention santé, et avoir des actions au service de la population », indique Cyrille Grenot, pharmacien à Rouen (Seine maritime). Le collectif des 5 Pharmaciens des Hauts de Rouen (Pharm’HDR) regroupe Christine Felden, Gaëtan Delavoipière, Karine Wolf, Blaise Guiakora et Cyrille Grenot, pharmaciens dans le quartier des Hauts-de-Rouen, qui ont engagé ces démarches pour la vaccination, pour la prévention de la gale, et, aujourd’hui, pour la prévention et le diagnostic précoce du SIDA. Philippe Perot, de la commune voisine de Bihorel, les rejoindra bientôt.
Au nord-est de la capitale normande, les Hauts de Rouen forment un quartier d’immeubles, à la population bigarrée, plutôt jeune, plus défavorisée, « un quartier où il est agréable de travailler ». Cyrille Grenot donne ses rendez-vous au bistrot voisin, tous les clients viennent le saluer. « Il y a un vrai problème d’information, précise-t-il. Pour beaucoup de gens, le sentiment est qu’on est venu à bout du SIDA. Nous profitons des campagnes pour les informer aussi sur la santé sexuelle, sur les infections transmissibles. Nous voulons rouvrir un dialogue, avec les bénévoles d’Aides, parler aussi de contraception, des pilules. Mais il faut garantir la confidentialité. La camionnette d’Aides reste à la maison, on aménage un bureau à la pharmacie, c’est un lieu anonyme, tout le monde y rentre. Ceux qui le souhaitent, informés par des flyers que nous avons distribués, par la presse, par des affichettes, viennent à la pharmacie, rencontrent (une trentaine de minutes) les bénévoles d’Aides, reçoivent un diagnostic précoce (trois minutes). Ils repartent par une porte discrète. »
Proche de la population.
« Nous avons choisi ce quartier pour exercer notre métier, ajoute Cyrille Grenot. Je suis là depuis vingt-cinq ans, mes préparatrices ont dix ans d’ancienneté. On est très impliqués dans la vie sociale du quartier, et nous voulons être le relais des politiques de santé publique, être au plus près des gens. » Le collectif implique aussi des labos, cherche à associer les médecins, travaille avec l’agence régionale de santé (ARS), avec la mairie et ses services, veut joindre d’autres pharmacies, d’autres professions de santé.
Le collectif a prévu cinq journées, une par mois pendant cinq mois, pour la prévention SIDA. À la première, fin mai, trois personnes, des femmes de 18 à 30 ans, ont été jusqu’au test. Des hommes ont demandé des informations. La seconde journée s’est déroulée fin juin, les autres se tiendront à l’automne. « Notre objectif est aussi de trouver des actions pour impliquer les médecins. Nous voulons leur volontariat. »
« Les Hauts de Rouen ne constituent pas un lieu de passage, rappelle Cyrille Grenot. Les gens y restent, il nous est plus facile de les connaître, de repérer leurs besoins de santé, parce qu’on est proches d’eux. Notre souhait est une reconnaissance des pouvoirs publics. L’ARS nous a bien suivis sur l’opération gale, nous avons des réunions régulières avec la ville. Mais nous voulons aussi montrer notre regard sur leurs actions, sur leurs politiques. Nous nous sentons plus proches de nos clients que beaucoup d’autres, nous apprécions mieux le résultat des actions. »
Photo dans QPhar (J.Gravend) : aux Hauts de Rouen, Cyrille Grenot est un personnage connu et populaire.
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