BELLE INITIATIVE que celle de la HAS ! Après une brochure intitulée « Oser parler avec son médecin », mise en ligne en décembre 2013, fait suite une brochure « Parler avec son pharmacien » de juillet dernier. « Le pharmacien connaît vos médicaments », il est à même « de vous donner des explications et à vous aider pour éviter des erreurs… faut-il encore que vous lui demandiez ! » Le DP n’est pas oublié. Le coup de téléphone au médecin est aussi mentionné. Enfin, le pharmacien est présenté comme un de ceux qui peuvent conseiller au sujet d’informations et de produits qu’on trouve sur Internet.
Ce texte donne une vision juste du pharmacien : professionnel compétent, indépendant et disposé au dialogue. Il revalorise aussi l’officine, véritable espace de santé au sein de notre système de soins : grâce à une équipe qualifiée, tout public a la possibilité de venir se renseigner et « comprendre ce que je dois faire, quand et comment et pourquoi ». On va chez son pharmacien, comme on va chez son médecin, on n’est plus dans un lieu neutre : on vient chez des professionnels de santé qui vous connaissent. Superbe plaidoyer vis-à-vis d’attaques réitérées de tous bords qui visent à banaliser le pharmacien, son équipe et le médicament.
Drôle d’État.
Drôle d’État qui nous désigne comme des nantis et qui, en même temps, reste conscient que notre réseau apporte une valeur ajoutée grâce à notre monopole de compétence. Ceci ne peut que nous encourager à développer des services en lien avec une meilleure utilisation des médicaments. Souvenons-nous en au moment où certains confrères sont tentés par quelques dérapages plutôt mercantiles.
Mais on le sait tous : ces services sont exigeants. Ils ne peuvent se faire sans prendre le temps de connaître ce que vit chaque patient, d’approfondir ses représentations du médicament et d’évaluer ses attentes par rapport au traitement. Soit dit en passant, vu la disponibilité que ces services demandent, la rémunération qui nous est aujourd’hui allouée (exemple, le suivi des AVK) reste dérisoire, risquant d’en décourager plus d’un. Mais il n’empêche qu’il y a toujours une part de gratuité qui passe à travers notre exercice, celle-là même qui donne vie à des rapports marchands trop encadrés et qui participe de notre reconnaissance publique. Pour preuve, la porte du pharmacien est toujours ouverte…
Oui, les pharmaciens et leurs équipes ne regardent pas à donner du temps pour ce qui ne compte pas dans leurs bilans de fin d’année, mais qui a tellement d’importance du côté humain. Il faudrait le revendiquer davantage : les « soi-disant nantis » donnent de leur temps et de leur énergie gratuitement. Comme la plupart des professionnels de santé, nous aussi, officinaux, ne sommes pas indifférents au vécu de nos patients, confrontés à la fragilité humaine, voire à la misère qui, dans certains quartiers ou régions, ne fait qu’empirer au jour le jour.
La pharmacie reste un des derniers lieux où le temps de parole n’est pas assorti d’un honoraire. Nous savons écouter, informer, expliquer, conseiller, travailler avec d’autres lorsque cela est nécessaire, et (re)tisser du lien social dans une société de plus en plus atomisée et précarisée par l’égoïsme ambiant. Car la santé de chacun est aussi dépendante de la considération que les autres ont à leur égard. C’est jusque-là que nous assurons les responsabilités liées à notre monopole de compétence.
Notre inscription dans la profondeur de la relation humaine reste inestimable et rappelle à tous que c’est celle-ci qui est première. Elle donne de la densité à notre quotidien et c’est probablement une des raisons pour lesquelles les Français nous accordent toute leur confiance. N’ayons pas peur de le dire !
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