Il semble pourtant que M. Macron lui-même ait pris la mesure de ce qui l'attend dans les 30 mois qui viennent. Ce qui explique d'ailleurs les prudences et les contradictions de son discours : sur l'immigration, sur le voile et surtout sur la réforme des retraites, il a à peu près tout dit sans que l'on sache d'abord s'il a de fermes convictions et ensuite s'il refuse de prendre des décisions qui pourraient lui être coûteuses, peut-être fatales politiquement.
Lui attribuer des velléités, des inquiétudes, ou un refus des risques relève du procès facile. Cet homme a accompli au moins un miracle : parti de rien, il est parvenu à se hisser à la présidence de la République, ce que peu de gens croyaient quand la campagne a été lancée en 2017. Face à une crise sociale (où il a eu sa part de responsabilités) qui menaçait de balayer son pouvoir et les institutions, il a tenu bon. Deuxième miracle. On décèle chez lui désormais la volonté de ne pas se sacrifier, de n'être pas le bouc émissaire de toutes les rancœurs, ce qui le conduit à un retour au réalisme mais aussi à des exigences moins solides qu'il y a deux ans. La réforme constitutionnelle est pratiquement enterrée, celle des retraites bat de l'aile sous les coups des syndicats, et le résultat des municipales, sauf si les prédictions sont démenties par les faits, ne renforcera pas sa stature, au moment où il aura, plus que jamais, besoin d'un souffle populaire pour sa réélection.
Les dés ne sont pas jetés
Mais celui qui a pu pourra. Tout le monde dit que Macron est fort de la faiblesse des oppositions. Ce n'est pas une mauvaise analyse, sauf qu'elle réduit le président à sa seule résilience. Il a d'autres atouts. D'abord son bilan, s'il est prématuré, est déjà riche de quelques accomplissements notables, par exemple les règles et lois nouvelles qui régissent le travail. Ensuite, la situation économique de la France est la moins mauvaise en Europe, ce qui fait que l'Allemagne a perdu son leadership économique et politique. Enfin, le taux de chômage en France baisse lentement, mais il baisse et pourrait bien, d'ici à 2022, atteindre les 7% promis par le candidat Macron.
Assurément, notre pays passe par une période de contestation, de doute, d'aversion pour l'autorité. Il est en crise. Il a une maladie qui n'est pas facile à guérir. Mais le premier à le savoir et à réfléchir aux remèdes, c'est le chef de l'État. Il n'assiste pas à la crise, comme le font les diverses oppositions, il se bat contre elle. En outre, s'il est parfaitement exact de dire qu'il a été contraint par les gilets jaunes à augmenter sensiblement les dépenses sociales, c'est quand même de l'eau jetée sur l'incendie. On peut être déçu par le virage de sa politique, on peut estimer qu'il s'agit d'une solution de facilité, mais les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Le force d'un leader, c'est sa capacité à saisir une occasion historique. Macron a vu le danger, il l'a écarté, ne fût-ce que provisoirement, et il a bien fait. On ne sort pas d'une telle expérience sans calmer le jeu, sans mettre un terme à toute provocation et sans vouloir rétablir, au moins partiellement, les équilibres.
Pour finir, si quelque 70 % des Français ont encore une dent contre lui, aucun ne sait vraiment comment il votera en 2020. Rappeler qu'il n'est fort que de la faiblesse des autres, c'est insister sur sa force. Observez l'état des Républicains, vous ne croirez pas en leur victoire prochaine ; observez leurs dissidents, les Bertrand, les Pécresse, et dites-moi si, aujourd'hui, vous les voyez au sommet de l'État. Regardez le PS et dites-moi qui sera président, de Hollande ou Olivier Faure. Jetez un œil sur la France insoumise et essayez seulement de dire que nous avons là les leaders de demain. Écoutez Marine Le Pen, vénérée par un tiers de l'électorat, et répondez-moi que pèse sur elle, malgré tout, le plafond de verre. Les dés ne sont pas encore jetés.
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