Les pharmaciens de La Réunion s’organisent pour assurer la permanence des soins sur une île toujours en proie aux mouvements des Gilets jaunes.
Mercredi 28 novembre, le blocus général est annoncé sur l’île de La Réunion à l’occasion de la visite de la ministre des Outre-Mer, Annick Girardin. Mais alors que le black-out est respecté par les commerces, y compris les supermarchés Leclerc, seules les pharmaciens ouvrent leur rideau. « Le réseau officinal de La Réunion répond présent envers et contre tout », déclare Cyril Apostoloff, coprésident du syndicat des pharmaciens de La Réunion.
Cette résistance après 13 jours de blocage et d’exactions, dont six pharmacies ont été la cible, est emblématique. Elle marque la volonté de la profession d’assurer la permanence des soins. Et ce en dépit d’une situation complexe. Il faut parfois quatre à cinq heures aux titulaires et à leurs collaborateurs pour franchir les barrages, et rejoindre l’officine. La garde des enfants doit être assurée alors que les écoles et les crèches sont fermées dans la plupart des communes et les rotations de transport scolaire suspendues. « Bien que les Gilets jaunes soient encore dans la rue et entravent la circulation, les officines se sont organisées pour assurer un service correct à leurs patients », remarque le titulaire dans la commune de Sainte-Marie.
À Saint-Denis, un autre pharmacien, Renaud Depoix, jongle entre son poste d’adjoint et son activité de pompier du SDIS de La Réunion. Son quotidien consiste autant à suppléer les confrères bloqués par les barrages routiers qu’à intervenir sur des feux de poubelles quand il ne s'agit tout simplement pas de guet-apens finissant en caillassage.
À l'officine, l'organisation s'est adaptée à la situation. « Nous nous organisons. Par exemple, l’oxygène est livré la nuit ou très tôt le matin afin de ne pas être bloqué par les barrages. De même, nous passons les commandes avant seize heures afin d’être livré le lendemain, sachant que nous n’avons en ce moment qu’une seule livraison par jour », décrit le jeune adjoint. Il précise que l’une des deux maisons de retraite livrées par son officine a déclenché le plan cyclone lui permettant de disposer de ses stocks de médicaments, de sérum et de matériel médical.
À l'échelle de l'île et de la profession, Cyril Apostoloff rappelle que l’URPS et le syndicat effectuent chaque jour un sondage auprès des pharmaciens afin d’obtenir une cartographie de la situation. Les horaires de fermeture, jusqu’alors adaptés à la situation, se normalisent peu à peu. Le service de garde continuera d’être assuré sur la base du volontariat jusqu’à dimanche, mais il devrait reprendre sa rotation dès le 3 décembre. Les pharmaciens, cependant, ne connaissent aucune tension de stocks, contrairement à leurs confrères hospitaliers et des centres de dialyse, inquiets pour leur approvisionnement à court terme. Pour l’heure, le fret aérien a pris le relais du fret maritime, le port étant bloqué depuis une dizaine de jours.
« Nous faisons notre maximum pour démontrer que nous agissons en professionnels de santé, que nous sommes un maillon indispensable, capable de créer du lien social », insiste Cyril Apostoloff, espérant que les autorités de tutelle sauront se souvenir du rôle joué par la profession. Pour l’heure, ce sont les Réunionnais qui y sont sensibles. En témoigne le message d’une patiente sur la page Facebook de son pharmacien qui loue son « professionnalisme à toute épreuve », notamment pendant le mouvement des Gilets jaunes.
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