Inépuisable objet d’interprétation

Tintin au pays des psys

Publié le 27/10/2011

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Qu’est-ce qui fait courir Tintin ?
Crédit photo : DR

C’ÉTAIT à prévoir. La sortie cette semaine sur les écrans de la superproduction « Le Secret de la licorne » s’accompagne de quelques produits dérivés. De qualité. Après le supplément « Tintin au pays des philosophes », récemment publié par « Philosophie magazine », c’est sur un divan de psychanalyste qu’on vient d’allonger le héros de Hergé*. L’essai de Gérard Guasch s’attache ainsi à décrypter les rêves, cauchemars et autres turpitudes du reporter à la houppette. Dépassant largement la lecture freudienne de l’âme « tintinesque », l’auteur convoque Wilhem Reich, Sandor Ferenczi - autre grand interprète du rêve -, et même certains éléments du taoïsme. Tour à tour « phosphorique », dans « l’Île noire » ou « visuel » dans « Tintin en Amérique », le caractère de Tintin évolue au fil des albums. Mais pour l’essayiste, « le Lotus bleu » marque véritablement un tournant dans cette évolution avec la rencontre de l’humain, l’ami Tchang, que Tintin rend à sa famille en pleurant. « Enfant à l’eau » dans « les Cigares du pharaon », Tintin n’en finit pas de pleurer son histoire d’enfant abandonné, interprète Gérard Guasch. Un enfant auquel Hergé donne deux pères : Haddock le pulsionnel et Tryphon, le rationnel. Au-delà, explique-t-il, l’absence de la mère, et sa recherche à corps perdu, est un autre thème qui traverse l’histoire mouvementée du héros belge. L’araignée de « l’Étoile mystérieuse » en serait l’une de ses représentations… Pour le coup, semble dire Gérard Guasch, les tourments très humains de cet éternel enfant de la BD pourraient bien rendre flou la ligne claire si chère à Hergé.

* « Tintin sur le divan » par Gérard Guasch est paru aux éditions l’Archipel.

› D.D.