JEUDI DERNIER, « le Figaro « en faisait tout un plat. Il annonçait, peut-être avec un optimisme excessif, les « premiers signaux positifs pour l’économie américaine », avec une forte progression des ventes de maisons individuelles et des commandes de biens durables aux États-Unis. Barack Obama s’est d’ailleurs appuyés sur ces indications statistiques pour tenter de de rendre l’ espoir à ses concitoyens. Le réalisme commande pourtant d’accueillir cette embellie printanière avec un grain de circonspection. Le système financier américain a encore besoin d’une injection massive de capitaux ; le chômage continue de progresser massivement en Amérique ; le pouvoir d’achat des Américains est en berne et le commerce mondial, privé de sa machine naturelle, le marché américain, est en pleine contraction.
Les ouvriers souffrent plus que les retraités.
En France, c’est presque pire. En dépit d’une baisse sans précédent du marché de l’emploi, le taux de chômage, rapporté à celui des États-Unis, progresse un peu moins vite, mais les dépenses de consommation ont baissé de 2 % en février, ce qui est grave. Certains couches sociales résistent mieux à la crise que d’autres : les ouvriers, qui perdent subitement leur emploi, les jeunes, les quinquagénaires mis d’office à la retraite souffrent bien plus, par exemple, que les retraités ou les fonctionnaires.
Il semble bien, en outre, que les mesures sociales du gouvernement ne resteront pas sans effet. C’est ce que pense l’INSEE qui, tenant compte de ces mesures, annonce en toute indépendance que le pouvoir d’achat augmentera de 0,9 % en 2009, ce qui serait une belle performance dans une année de récession.
Les chiffres annoncés par l’INSEE n’ont pas été relevés dans la presse, sauf dans un excellent article des « Échos » qui, en fait, s’insère dans le très vif débat droite-gauche au sujet du plan de relance.
Celui-ci est-il insuffisant ? Le gouvernement dit que non et demande qu’on attende le résultat de ses mesures. Or, si on ajoute la hausse de 1 % de la retraite Sécurité sociale, celle de 1,30 % des retraites complémentaires, la mise en place du RSA, la suppression d’un tiers des impôts payés par la tranche la plus basse, la revalorisation de 3 % des prestations sociales, les deux hausses de salaires, de 0,5 % en juillet et de 0,3 % en octobre, pour la fonction publique, on finit par accorder à beaucoup de ménages, sinon à tous, des sommes considérables (et qui accroîtront sensiblement notre déficit budgétaire cette année et notre dette en général). À quoi « les Échos » ajoutent un phénomène de désinflation généralisé induit par la baisse massive des prix des matières premières, mais qui demande à être vérifié dans la durée : les prix, en France, ont augmenté en février.
Or c’est le gouvernement qui a pris ces mesures jugées très insuffisantes par l’opposition. Si l’annonce, de mois en mois, d’une catastrophique augmentation du chômage est un crève-cœur pour le malheureux secrétaire d’État à l’Emploi, elle ne détruit pas forcément la perspective d’un rebond de l’économie française vers la fin de cette année ou au début de l’année prochaine. Bien sûr, nous dépendons de l’environnement extérieur et surtout du comportement de l’économie américaine, mais, dans un contexte de déprime nationale, les signes avant-coureurs d’un lent retour à la croissance ne sauraient être négligés.
Le défi de Sarkozy.
Sur le plan politique, le pouvoir sarkozien, aujourd’hui au plus bas, est en train de lancer un défi. Le chef de l’État a refusé de se rendre à l’argumentaire de la gauche, dont une partie de la droite a repris certaines idées, comme la distribution d’argent aux foyers les plus pauvres. Il a refusé aussi d’augmenter la pression fiscale pour les ménages les plus riches, soit en supprimant le bouclier fiscal, soit en haussant le niveau d’imposition de la tranche la plus élevée. Ces derniers jours encore, en notant qu’il y avait une convergence entre les socialistes et une partie des élus UMP, on avait plutôt tendance à croire que le gouvernement commettait une erreur stratégique. Inversement, si, à la fin du printemps, la consommation redémarre, le gouvernement pourra se targuer d’être sur le bon chemin. Il ne faut pas perdre de vue que si la consommation reprend, la crainte d’un effondrement de l’économie française s’estompera et que si la croissance s’ensuit, même à un taux très bas, le plan de relance comprend des investissements pour le long terme qui permettront, sans doute avant la fin de l’année, le lancement de grands travaux qui feront éclore les premiers bourgeons de l’éventuelle reprise.
Les conséquences politiques de l’immense querelle économique et sociale sont considérables ; elles concernent la possibilité ou non pour la gauche de reconquérir le pouvoir en 2012 et la possibilité ou non pour la doite de le garder. D’autant que le débat n’a conduit à aucune concession de part et d’autre : la gauche, non sans témérité, n’a cessé de décrire comme nulle et non avenue la politique économique et sociale du gouvernement ; de son côté, M. Sarkozy n’a pas voulu apaiser la dispute par une concession relativement facile à faire puisqu’elle lui a été réclamée par son propre camp. Le clivage, qui n’a jamais été aussi profond, conduit donc à penser que, au bout de la crise, il y a aura nécessairement un vaincu et un vainqueur politiques.
Sarkozy et Aubry : le clivage est si profond qu’il y aura nécessairement un vaincu et un vainqueur
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