JUSTE AVANT LE SOMMET, Nicolas Sarkozy, dans un entretien avec Canal + avait défini quatre objectifs indispensables au succès du sommet : limiter à 2 degrés le réchauffement de la planète d’ici à 2050, réduire les émissions de gaz à effet de serre de 50 % dans le même laps de temps, taxer les émissions de carbone et créer une autorité mondiale destinée à contrôler le respect des objectifs. On connaissait déjà les objections de divers pays : la Chine et l’Inde ne veulent pas prendre des engagements qui limiteraient leur croissance alors que le monde occidental s’est largement industrialisé pendant deux siècles sans contraintes ; l’aide à l’Afrique pour qu’elle se consacre au développement durable est trop coûteuse ; l’idée même d’un contrôle international qui affaiblirait la souveraineté des États apparaissait à certains comme une atteinte à leur nationalisme. En même temps, Barack Obama, qui affronte le peu d’empressement d’un Congrès écolosceptique, a été, tout au long du débat, extrêmement prudent : comme les pays émergents, l’Amérique accepte rarement des directives mondiales.
Pourtant, les ambitions du sommet, portées haut par l’Europe et notamment la France, ne résultent que d’un implacable constat. Même si le lien entre émissions de gaz à effet de serre et réchauffement climatique n’est pas prouvé d’une manière absolue sur le plan scientifique, il est clair que l’industrie rend l’air du monde de mois en moins respirable et que les déchets rejetés par la même industrie doivent être captés tôt ou tard avant que l’humanité ne soit décimée par les maladies pulmonaires. En d’autres termes, la vertu industrielle ne peut être qu’une bonne chose en dépit de son coût et pour autant qu’elle n’arrête pas la croissance.
Pour Barack Obama, c’est donc une question de priorités. Il n’est pas moins favorable à la défense de l’environnement que ses homologues, mais après une récession dont personne ne sait si elle est terminée ou non, il ne veut prendre aucun risque. Et il aurait préféré que l’examen des problèmes soulevés en grande pompe à Copenhague, dont il ne discute pas la sévérité, soit reporté à des jours meilleurs. Alors que, en France, on s’est saisi de la question avec une furia bien française, d’une part parce que le ministre de l’Environnement, Jean-Louis Borloo, a embrassé la cause écologique avec sa passion coutumière et d’autre part parce que Nicolas Sarkozy veut damer le pion aux Verts et à la gauche avant les régionales et, au-delà, la présidentielle et les législatives. On ne mentionne ici le calendrier électoral que pour mémoire, la conviction écologique du président ne faisant désormais aucun doute. Mais la France ne suffit pas, en dépit du zèle diplomatique du chef de l’État, à changer le monde.
Intérêts contradictoires.
Faut-il se désespérer du résultat plus que médiocre de Copenhague ? On pouvait craindre que 192 pays ne parviennent pas à trouver les dénominateurs communs qui eussent assuré la victoire de l’environnement. Ces grands-messes planétaires se perdent le plus souvent dans le foisonnement du verbe et dans des intérêts contradictoires. Si la longue préparation du sommet et les deux semaines consacrées à la négociation ont semblé très positives, les objections de la Chine, les craintes des pays pauvres, l’insuffisance des propositions de l’Amérique, dont Nicolas Sarkozy, une fois de plus, a dénoncé l’absence de leadership, ont fini par torpiller le sommet.
L’espoir ne peut venir que de l’acharnement des défenseurs de l’environnement et des nouveaux rendez-vous qui ont été pris. Il est vrai que l’humanité est en train de détruire la planète, que l’écologie doit devenir la priorité numéro un et que chaque jour qui passe enlève un jour de vie propre à notre descendance. Il n’empêche : il faudra de toute façon presque un siècle pour que l’air du monde redevienne pur. Entre-temps, les progrès technologiques rendront plus facile le nettoyage de la planète. À Copenhague, l’écologie a perdu une bataille, pas la guerre.
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